ROME, vendredi 30 novembre 2012 (Zenit.org) - Benoît XVI a adressé un message, en portugais et en date du 13 novembre, aux participants du « Parvis des gentils » organisé les 16 et 17 novembre au Portugal, réunissant croyants et non-croyants par une « aspiration commune à affirmer la valeur de la vie humaine » face à une croissante « culture de la mort » (cf. Zenit du 16 novembre 2012).

Les échanges de l’étape portugaise du « Parvis des gentils » portaient plus particulièrement sur la valeur de la vie (cf. Zenit du 27 novembre 2012)

Pour le pape, la « conscience du caractère sacré de la vie qui nous a été confiée n’est pas comme quelque chose dont on peut disposer librement, mais comme un don à préserver fidèlement », parce qu’il appartient à « l’héritage moral de l’humanité ».

Message de Benoît XVI à l’étape portugaise du « Parvis des Gentils »:

Chers amis,

C’est avec une vive gratitude et avec affection que je salue tous les participants du « Parvis des gentils » qui va avoir lieu au Portugal, les 16 et 17 novembre 2012, et qui réunira des croyants et des incroyants autour de l’aspiration commune à affirmer la valeur de la vie humaine face à la vague montante de la culture de la mort.

En réalité, la conscience du caractère sacré de la vie qui nous a été confiée, non pas comme quelque chose dont on peut disposer librement mais comme un don qu’il faut garder fidèlement, appartient à l’héritage moral de l’humanité. « Malgré les difficultés et les incertitudes, tout homme sincèrement ouvert à la vérité et au bien peut, avec la lumière de la raison et sans oublier le travail secret de la grâce, arriver à reconnaître dans la loi naturelle inscrite dans les cœurs (cf. Rm 2, 14-15) la valeur sacrée de la vie humaine depuis son commencement jusqu’à son terme » (Encyclique Evangelium vitæ, 2). Nous ne sommes pas un produit accidentel de l’évolution, mais chacun d’entre nous est le fruit d’une pensée de Dieu : nous sommes aimés de Lui.

Cependant, si la raison peut percevoir cette valeur de la vie, pourquoi mettre Dieu en cause ? Je réponds en citant une expérience humaine. La mort d’une personne aimée est, pour ceux qui l’aiment, l’événement le plus absurde que l’on puisse imaginer : cette personne est inconditionnellement digne de vivre, il est bon et beau qu’elle existe - l’être, le bien, le beau, comme le dirait un métaphysicien, sont équivalents du point de vue transcendantal -. Mais en même temps, la mort de cette même personne apparaît, aux yeux de ceux qui ne l’aiment pas, comme un événement naturel, logique - non pas absurde -. Qui a raison ? Celui qui aime – « la mort de cette personne est absurde » - ou celui qui n’aime pas – « la mort de cette personne est logique » - ?

Le premier point de vue n’est défendable que si toute personne est aimée par une Puissance infinie ; c’est la raison pour laquelle on a dû faire appel à Dieu. Effectivement, ceux qui aiment ne veulent pas que la personne aimée meure ; et, s’ils le pouvaient, ils l’empêcheraient toujours. S’ils le pouvaient... L’amour fini est impuissant ; l’Amour infini est tout-puissant. Eh bien, c’est cette certitude que l’Église annonce : « Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Oui ! Dieu aime chaque personne et celle-ci, de ce fait, est inconditionnellement digne de vivre. « Le sang du Christ, qui révèle la grandeur de l’amour du Père, manifeste que l’homme est précieux aux yeux de Dieu et que la valeur de sa vie est inestimable » (Encyclique Evangelium vitae, 25).

Mais, à l’époque moderne, l’homme a voulu se soustraire au regard créateur et rédempteur du Père (cf. Jn 4, 14), en se fondant sur lui-même et non sur la Puissance divine. C’est presque comme dans les bâtiments de béton armé sans fenêtres, où c’est l’homme qui assure l’aération et la lumière ; de même, dans un monde ainsi auto-construit, on puise dans les « ressources » de Dieu, transformées en produits qu’on fait nôtres. Que dire, alors ? Il est nécessaire de rouvrir les fenêtres, de regarder à nouveau l’immensité du monde, le ciel et la terre, et d’apprendre à utiliser tout cela comme il faut.

En effet, la valeur de la vie ne devient évidente que si Dieu existe. C’est pourquoi il serait beau que les incroyants veuillent vivre « comme si Dieu existait ». Même s’ils n’ont pas la force de croire, ils devraient vivre sur la base de cette hypothèse ; dans le cas contraire, le monde ne fonctionne pas. Il y a beaucoup de problèmes qui doivent être résolus, mais ils ne le seront jamais complètement si l’on ne place pas Dieu au centre de tout, si Dieu ne redevient pas visible dans le monde et déterminant dans notre vie. Celui qui s’ouvre à Dieu ne s’éloigne pas du monde et des hommes, mais il trouve des frères : en Dieu, nos murs de séparation tombent, nous sommes tous frères, nous faisons partie les uns des autres.

Mes amis, je voudrais conclure par cette phrase du concile Vatican II destinée aux penseurs et aux hommes de science : « Heureux ceux qui, possédant la vérité, continuent à la chercher pour la renouveler, pour l’approfondir, pour en faire don aux autres » (Message, 8 décembre 1965). C’est là l’esprit et la raison d’être du « Parvis des gentils ». Je vous exprime mon soutien, à vous qui êtes engagés de différentes façons dans cette initiative significative, et je vous adresse mes encouragements les plus sincères. Que mon affection et ma bénédiction vous accompagnent aujourd’hui et à l’avenir.

BENEDICTUS PP XVI

Au Vatican, le 13 novembre 2012

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