Le Rwandais a besoin d'un "médicament" spirituel

Rencontre de Taizé à Kigali

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Propos recueillis par Daniele Trenca

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, mardi 20 novembre 2012 (ZENIT.org) –  La population du Rwanda est une population « traumatisée » qui a besoin de soigner son âme, de comprendre que la foi catholique est « belle à vivre », souligne Jean-Paul, Kayihura, le représentant pour l’Afrique de l’Association « World Family of Radio Maria ».

En marge du « pèlerinage de confiance sur la terre » organisé du 14 au 18 novembre à Kigali, au Rwanda, par la communauté de Taizé, il confie à Zenit les défis auxquels l’Eglise est confrontée dans ce pays depuis le génocide de 1994  qui a couté la vie à un million de personnes. Jean-Paul Kayihura dresse un tableau de la situation et parle des objectifs de l’Année de la Foi. 

Zenit – Jean-Paul quelle est la situation aujourd’hui au Rwanda, après les massacres de 1994 ?

Jean-Paul Kayihura – La population rwandaise a été traumatisée par ce massacre. Il a donc besoin de la lumière de l’Evangile pour sortir de ce grand problème et guérir son âme. Une lueur dont a besoin celui qui a connu la mort et la vie dure. Après le génocide de 1994, au Rwanda les sectes se sont multipliées. Si avant la guerre on en comptait environ une dizaine, à la moitié des années 90 elles étaient près de 400. La population a commencé à suivre ces sectes, mais à l’intérieur de ces organisations il y a des intérêts en jeu, ainsi au bout d’un certain temps j’ai vue des personnes revenir dans l’Eglise catholique, car l’homme, surtout la personne traumatisée, a besoin d’une référence, il a toujours besoin de Dieu.

Bien entendu, l’homme rwandais a aussi besoin d’une solution économique et sociale, mais toutes ces choses occupent le corps et ne font pas guérir la personne. Les Rwandais ont besoin d’un autre médicament, spirituel, qui permette à l’homme de guérir son âme.

Quelle est votre expérience directe de ce génocide ?

Chaque Rwandais a sa propre histoire à raconter et pourrait écrire des milliers de pages, car ce fut une expérience très chaotique, difficile à raconter. Ce que moi je peux dire c’est que l’homme, parfois, a des surprises. Il faut beaucoup de travail pour diminuer ce côté animal qui habite l’homme, car il peut y avoir un moment où les personnes, comme cela est arrivé au Rwanda,  sont plus proches d’être des animaux  que des humains. C’est pourquoi, il faut toujours chercher à humaniser l’homme, en pensant aussi à son âme.

Au Rwanda, après ces massacres, beaucoup a été fait mais quels sont les défis qui interpellent l’Eglise rwandaise, en cette Année de la foi ?

Cette Année de la Foi est la bienvenue car elle permet aux gens de s’interroger et d’arriver à comprendre que la foi catholique est une belle foi et qu’elle est belle à vivre. L’Eglise doit rester proche de chaque personne, écouter les gens, leurs souffrances et leur donner l’espérance de vivre et créer la possibilité de discuter. Donc, approcher la personne pour comprendre si elle a compris les principes de la foi catholique.

On ne doit pas seulement être content de ce que l’Eglise est pleine le dimanche à la messe. Certes, cela est une belle chose, mais ce n’est pas tout, car il faut approfondir, connaître les personnes pour voir si leur foi est mûre. L’Eglise pourrait faire cet exercice en créant des moments de discussion, écouter leurs questions et leur donner des réponses. En cela, les moyens de communication sociale sont eux aussi une aide. La radio, par exemple Radio Maria, peut interroger les gens ordinaires et voir comment ils répondent.

J’ai eu à l’université catholique de l‘Afrique de l’Ouest une très belle expérience. Chaque semaine, il y a un cours de formation théologique pour les laïcs. Des personnes viennent passer deux heures à l’université pour échanger avec les étudiants. Ça les aide à acquérir des connaissances. L’Afrique, le Rwanda et les autres pays, pourraient aller dans cette direction, donner la possibilité aux personnes de poser des questions sur leur foi.

Au Rwanda, la soif de Dieu est une chose naturelle. Le pas à faire maintenant, est d’affermir cette foi ou l’éclairer pour qu’elle devienne plus forte. L’histoire nous a montré qu’il ne suffit pas d’être des baptisés. C’est le premier pas à faire, mais il faut bien comprendre. Les défis d’une société traumatisés sont nombreux, et cette Année est un bon moment pour montrer que l’on est chrétien. 

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ZENIT Staff

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