Anita Bourdin avec une traduction d’Hélène Ginabat
ROME, jeudi 15 novembre 2012 (ZENIT.org) – Le tribunal ecclésiastique de la « Rote » romaine, au Vatican permet une formation juridique de pointe, grâce à son « Studium » qui constitue une « Ecole pratique » du droit de l’Eglise pour clercs et laïcs.
Son année académique vient d’être inaugurée par le cardinal Secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone, jeudi 8 novembre.
Une « école pratique » prestigieuse
Grâce à ces institutions, la Rome chrétienne « ne cesse de se faire maîtresse de droit pour les peuples », affirme le cardinal Tarcisio Bertone en reprenant à son compte cette expression du pape Pie XII.
« Le prestige dont jouit le Studium de la rote est reconnu universellement et même les papes en ont souvent donné le témoignage. Je pense, entre autres, aux paroles du vénérable Pie XII, dans son allocution adressée à la Rote le 1er octobre 1940. Il évoquait le « nombre croissant de prêtres, de religieux et de laïcs de toutes langues et de toutes les parties du monde catholique, qui y affluent et apprennent que la Rome chrétienne ne cesse pas de se faire maîtresse de droit pour les peuples », a fait observer le secrétaire d’Etat.
Il fait observer que l’autorité de l’Eglise dans le champ juridique repose sur une tradition jurisprudentielle pluriséculaire, qui en a fait un point de référence pour ceux qui cultivent la science du droit bien au-delà du domaine strictement ecclésiastique ».
Les enseignants sont principalement des prélats auditeurs et les officials du tribunal – sans pour autant en exclure d’autres intervenants dans les domaines de caractère plus strictement technico-scientifique –. Qaunt à la matière des « exercices », elle est tirée des causes traitées et décidées auprès du tribunal.
Les étudiants affronent le « concret » des cas traités, grâce notamment à des fascicules sur les causes traitées réellement et par l’étude des Actes du tribunal: ils peuvent s’approprier le « style de la Curie », pour ce qui est de la technique formelle et rédactionnelle (sobriété, précision, discrétion). Mais ausis pour ce qui est de manière de faire « caractérisée par le respect strict des procédures, la pondération des décisions, la ferme observance de la doctrine, non détachée d’une considération attentive des conséquences humaines et personnelles des cas singuliers, dans l’optique supérieure du salut des âmes et de la promotion de la communion ecclésiale ».
Interaction avec les diocèses du monde
Cela requiert une adhésion ferme et solide au Magistère pontifical : une manière de sentir « avec » le Successeur de Pierre, « qui vient à la fois du cœur et de l’esprit ».
De nombreux laïcs fréquentent les cours du Studium de la rote. Le cardinal Bertone encourage aussi les clmercs à ne pas négliger cette formation « afin de former un pont idéal entre la Curie romaine et les curies diocésaines, où ce « style » pourra se diffuser et opérer comme un levain efficace pour la croissance de l’unité catholique ».
« Une interaction féconde se réalise ainsi entre les institutions du Saint-Siège et les Eglises particulières, corroborant le dynamisme typiquement catholique de l’unité dans la multiplicité », a insisté le Secrétaire d’Etat.
Le pape Pie XI le soulignait déjà dans son discours de 1930, se réjouissant de « l’augmentation du nombre des juristes qui ont fréquenté le Studium du tribunal. Vraiment il y a dans ce fait une grande promesse d’avantages réciproques qui, du centre, se diffusent à la périphérie et, de la périphérie, retournent au centre. Digne de louange est donc le geste des évêques qui, même de régions lointaines, ont envoyé leurs prêtres à Rome pur apprendre, en fréquentant les études du tribunal de la sainte Rote, comment l’on traite les causes ». Le Saint-Père ne manquait donc pas de proposer « ce geste à l’imitation de tous ».
L’histoire de l’Eglise et du droit
Le secrétaire d’Etat a rappelé que le studium a été ré-ouvert en même temps que la « Rota restituta » de saint Pie X en 1908, sous l’impulsion du cardinal doyen Lega, il fut réformé par Pie XII par le décret Nihil antiquius du 8 juin 1945, sur l’initiative du cardinal doyen Jullien. Il existait désormais sous des formes différentes, c’est-à-dire centré sur la présence et l’apprentissage auprès des prélats auditeurs eux-mêmes. Le Studium est donc en activité depuis des temps très anciens.
« Il est bon aussi de se souvenir qu’au temps de l’inactivité du tribunal apostolique de la rote, à la suite des événements de 1870, l’auditeur, puis doyen, Giovanni Battista De Montel, argumentant sur les motifs qui devaient justifier son rétablissement, avait expliqué qu’une école pratique serait très utile pour les jeunes ecclésiastiques désirant se consacrer à l’étude de la jurisprudence : « ainsi serait résolue, affirmait-il, la difficulté de former de bons canonistes, dont la pénurie se fait sentir de plus en plus ». »
Le secrétaire d’Etat a achevé son discours par des remarques sur l’importance d el’historie de l’Eglise et du droit: « L’histoire de l’Eglise s’incarne dans les personnes qui ont reçu en son sein, par disposition de la providence, la responsabilité et la mission de la servir dans les différentes charges ; c’est pourquoi la connaissance de l’histoire de l’Eglise requiert un regard qui permette, au-delà des vicissitudes des individus, de saisir les grandes tensions spirituelles qui l’accompagnent et la guident à travers les turbulences des temps. Elle est un équipement essentiel de toute science ecclé