Birmanie : espoir d'allègement des sanctions internationales

L’Osservatore Romano salue l’élection d’Aung San Suu Kyi

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Anne Kurian

ROME, mercredi 4 avril 2012 (ZENIT.org) – L’élection d’Aung San Suu Kyi laisse espérer un relâchement des sanctions internationales contre la Birmanie, commente L’Osservatore Romano.

Le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a remporté la victoire aux élections législatives partielles du 1eravril 2012, avec 43 des 45 sièges en lice, c’est-à-dire environ 10% du Parlement. Cette victoire fait de la LND le principal opposant à la majorité écrasante du parti du gouvernement civil, le Parti de la solidarité et du développement de l’Union (USDP).

Mme Aung San Suu Kyi, qui a passé les 20 dernières années assignée à domicile ou en prison, est pour la première fois députée : sa candidature dans une circonscription rurale au sud-ouest de l’ex capitale, Rangoun, aurait même obtenu 99% des votes. L’Osservatore Romano revient sur cet évènement, qu’il désigne comme « le siège de l’espérance », dans son édition du 3 avril 2012.

Pour L’Osservatore Romano, l’issue de ces élections « pourrait apporter de grands bénéficies économiques » à la Birmanie. En effet, les sanctions financières imposées par les Etats-Unis et l’Union européenne (UE) pourraient à présent être allégées, si les ouvertures démocratiques et les réformes ne subissent pas de retour en arrière.

La levée des sanctions financières permettrait à la Birmanie d’investir dans « les infrastructures, l’énergie et le tourisme », desquels l’économie nationale a « extrêmement besoin », précise L’Osservatore Romano. Le journal cite à ce propos le prix Nobel d’Economie, Joseph Stiglitz, faisant remarquer qu’«une bonne part des sanctions internationales aujourd’hui sont contre-productives, faisant obstacle à un développement économique transparent dans un système encore marqué par la corruption».

Au soir de la victoire, Aung San Suu Kyi, secrétaire générale de la LND et prix Nobel de la paix 1991, a salué «l’avènement d’une ère nouvelle», dans un discours tenu au quartier général de son parti. «Ce n’est pas tant notre triomphe, a-t-elle précisé, que celui du peuple, qui a décidé qu’il devait s’impliquer dans le processus politique de ce pays».

«Nous espérons que tous les partis qui ont pris part à ces élections accepteront de coopérer avec nous pour créer un environnement réellement démocratique dans notre nation», a ajouté le prix Nobel de la paix.

Bien que la LND ait dénoncé des irrégularités durant ces élections, les observateurs étrangers invités pour la première fois par les autorités ont estimé que les irrégularités étaient dues davantage à l’inexpérience qu’à la mauvaise foi.

La communauté internationale s’est réjouie de l’évènement. Le président français, Nicolas Sarkozy, salue cette « victoire de la démocratie », dans une lettre adressée à Mme Aung San Suu Kyi, le 2 avril dernier. Il se dit cependant conscient que « le chemin de la réconciliation nationale est encore long », tout comme la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, – citée par L’Osservatore Romano – qui souligne qu’« il est encore trop tôt pour juger de la portée des progrès réalisés ces derniers mois et s’ils se poursuivront ».

Récemment, le nouveau gouvernement civil, né il y a un an de la Junte militaire – la dictature qui était à la tête de la Birmanie depuis 1962 – a fait libérer des centaines de prisonniers politiques, et engagé des processus de paix avec des groupes rebelles. Ces gestes ont conduit l’Union européenne à alléger les restrictions à la liberté de mouvement de quelques officiers de l’ex-régime militaire. Les élections partielles de dimanche dernier étaient en ce sens considérées comme un test de la volonté du président Thein Sein de poursuivre sur la voie des réformes.

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ZENIT Staff

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