Vatican II à Lourdes : message du patriarche Bartholomée Ier

« L’Unité des Chrétiens n’adviendra que par le Christ et le Saint-Esprit »

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ROME, mardi 27 mars 2012 (ZENIT.org) – « Nous prions le Seigneur pour qu’Il vous accorde l’esprit prophétique qu’il convient de posséder afin de faire fructifier les germes du Concile Vatican II », écrit le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, dans ce message pour le rassemblement de Lourdes autour de Vatican II : « Notre prière vous accompagne dans l’espérance que l’Unité des Chrétiens n’adviendra que par le Christ et le Saint-Esprit, dans un esprit d’amour fraternel, mais aussi de franchise et d’honnêteté », conclut le patriarche. 

Message du patriarche Bartholomée Ier :

Lourdes – 24-25 mars 2012

Éminences,

Excellences,

Chers frères et sœurs en Christ,

C’est avec le plus grand intérêt que nous avons pris connaissance de l’organisation du Rassemblement des Églises diocésaines, les 24 et 25 mars 2012, à Lourdes, célébrant les 50 ans du Concile Vatican II.

Tout d’abord, permettez-nous de vous féliciter avec cet événement, car nous sommes convaincu qu’il sera une occasion d’approfondir, pour un plus grand nombre, les fruits d’une expérience conciliaire qui dépassent de loin les seules limites de l’Église Catholique romaine.

Vous n’êtes pas sans savoir combien l’Orthodoxie tout entière fut sensible aux fermentations théologiques, liturgiques et ecclésiologiques qui se développèrent lors du Concile Vatican II. Notons, par exemple, la présence en tant qu’observateurs de théologiens orthodoxes de renom. En outre, il convient de souligner la nature prophétique des réflexions théologiques abordées. Le terme prophétique n’est ici pas trop fort et il convient d’y reconnaître la marque du Pape Jean XXIII lui-même. Avec courage, pour ne pas dire avec pugnacité, il a répondu aux interrogations ecclésiologiques laissées en suspens par le premier concile du Vatican, à la fin du 19ème siècle. Car les dogmes de la papauté avaient besoin d’une interprétation conciliaire. Du moins, du point de vue de l’Église Orthodoxe, les conditions qui prévalent aujourd’hui dans le dialogue entre nos deux Églises, sont fondées sur cette réintroduction du principe de « conciliarité ». En effet, ce principe de conciliarité est au cœur de notre ecclésiologie eucharistique qui préside à l’organisation de l’Église Orthodoxe et garantit la tension entre l’unité et la diversité.

Or l’effort et la dynamique que nous venons tout juste d’évoquer possèdent des ramifications qui dépassent les seuls enjeux œcuméniques sur lesquels nous reviendrons.

Penser, vivre, faire l’expérience de la dialectique entre l’unité et la diversité, nous permet d’envisager, à travers les yeux de la tradition chrétienne, la manière qu’il convient de mettre en œuvre pour répondre aux problématiques de notre temps. Car, plus qu’une grille de lecture de la société contemporaine, il s’agit avant tout de l’assurance que les paradoxes du 21ème siècle, où la mondialisation a eu pour effet de renforcer le clivage entre les populations, tant sur le plan économique que culturel, peuvent être dépassés. Ces paradoxes peuvent être entendus comme une formidable occasion de reconnaître notre fidélité au message évangélique, par la pratique du dialogue. Le fondement de la conciliarité n’est-il pas le dialogue lui-même, découlant d’une rencontre originelle entre le divin et l’humain, dans l’incarnation du Christ ? Conciliarité, rencontre, dialogue, au cœur de ces trois instants théologiques, il convient de redécouvrir la figure de l’un, de l’unique, la figure du Christ-Dieu autour duquel et à partir duquel, par la grâce du Saint-Esprit, nous cherchons tous à être Un.

Nous l’affirmons avec conviction, c’est par un retour aux sources de la Tradition chrétienne, que le Concile de Vatican II a créé les conditions positives en faveur de l’union des Chrétiens. En réponse, l’Église Orthodoxe a souhaité placer au cœur de cette rencontre, au cœur du dialogue renouvelé qu’elle construit durablement avec l’Église Catholique romaine, une réflexion de type théologique. En effet, réfléchir ensemble autour des dogmes est une manière de replacer la Vérité de Dieu au cœur de nos préoccupations, dans une attitude « théocentrique », renouvelant le sens de l’Église. Ainsi, ce n’est pas un hasard si les grands chantiers du Concile furent l’ecclésiologie, la liturgie et le mouvement œcuménique. Il existe donc un lien entre ces trois pôles qui nourrit, jusqu’à aujourd’hui, le dialogue théologique catholique-orthodoxe. Les résultats ont rapidement jailli. Ils se sont cristallisés, en 1965, avec la levée commune des anathèmes de 1054. L’événement est d’une importance aussi significative que symbolique. Sur le chemin du dialogue de la charité vers le dialogue de la vérité, il convient de réaffirmer inlassablement que l’Église est communion dans la vérité.

Souhaitant la meilleure réussite à votre Rassemblement, nous prions le Seigneur pour qu’Il vous accorde l’esprit prophétique qu’il convient de posséder afin de faire fructifier les germes du Concile Vatican II. Notre prière vous accompagne dans l’espérance que l’Unité des Chrétiens n’adviendra que par le Christ et le Saint-Esprit, dans un esprit d’amour fraternel, mais aussi de franchise et d’honnêteté.

+ Le Patriarche Œcuménique Bartholomée Ier

Fervent intercesseur auprès de Dieu

1ermars 2012

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ZENIT Staff

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