ROME, jeudi 19 janvier 2012 (ZENIT.org) – Le dialogue entre juifs et catholiques est « un grand miracle » : il engage la responsabilité particulière des deux partis, « depuis toujours dépendants l’un de l’autre », pour promouvoir la paix en ce monde, estime le P. Hofman.
A l’occasion de la « Journée du judaïsme », célébrée par l’Eglsie catholique en Italie le 17 janvier, le P. Norbert Hofmann, secrétaire de la Commission pontificale pour le dialogue religieux avec le judaïsme, publie un bilan plein d’espérance dans L’Osservatore Romano des 16-17 janvier 2012.
Pour le P. Hofmann, cette journée est l’occasion de se remémorer « les racines juives de la foi chrétienne », et de « considérer avec reconnaissance le dialogue en cours avec le judaïsme depuis le concile Vatican II » afin de « le promouvoir par des actions concrètes ».
Un grand miracle
Le dialogue entre juifs et catholiques a fêté ses 40 ans en 2011. Pour cet anniversaire, la 21e réunion du Comité international de liaison catholique-juif a donc été une session commémorative, à Paris, du 27 février au 2 mars 2011 (cf Zenit du 3 mars 2011).
Durant cette session, rappelle le P. Hofmann, le cardinal Kurt Koch, président de la Commission du Vatican, avait qualifié le dialogue entre juifs et chrétiens de « grand miracle »: « les relations ont changé de façon irréversible non seulement pour notre avantage réciproque mais également— ceci est important — pour le bien de tous ceux qui sont engagés dans la promotion du dialogue interreligieux. »
« J’ai l’impression qu’en quarante ans, avait ajouté le cardinal, beaucoup de vieux préjugés et d’inimitiés ont été dépassés, la réconciliation et la collaboration ont grandies et l’amitié personnelle s’est approfondie.»
C’est pourquoi, souligne le P. Hofmann, au cours de cette réunion, « la première expression de reconnaissance avait été adressée à Dieu, tout-puissant et éternel, qui lève sa main protectrice et pleine de bénédictions sur ce dialogue et l’accompagne avec son Esprit, le conduisant vers un futur riche d’espérance. »
Un engagement pour la paix particulier
Du point de vue théologique, poursuit le P. Hofmann, juifs et chrétiens doivent puiser dans leur « riche patrimoine commun », pour « promouvoir des valeurs communes dans la société, s’engager en faveur des droits de l’homme et collaborer dans le domaine social et humanitaire ».
Si le dialogue avec les autres religions a pour but de « maintenir et répandre la paix, promouvoir la justice et préserver la création dans un engagement commun », en revanche le dialogue entre judaïsme et christianisme est particulier : car tous deux ne recherchent « pas seulement la paix en ce monde » mais vivent aussi « dans l’espérance de la paix messianique ».
De ce point de vue, la paix est donc d’une part « promesse de la fin des temps ». Mais, ajoute le P. Hofmann, la paix est aussi un enjeu ici et maintenant : « Le judaïsme et le christianisme sont appelés de façon particulière à promouvoir la paix déjà en ce monde. Et ceci, ils doivent le faire ensemble, car ils sont depuis toujours dépendants l’un de l’autre. »
Le P. Hofmann cite à ce sujet le cardinal Joseph Ratzinger dans L’Osservatore Romano du 29 décembre 2000 : «Il est évident que notre dialogue de chrétiens avec les juifs se place sur un plan différent de celui des autres religions. La foi attestée dans la Bible des juifs, l’Ancien Testament des chrétiens, n’est pas une autre religion, pour nous, mais le fondement de notre foi».
Ce rapport particulier entre judaïsme et christianisme implique une « responsabilité particulière », insiste le P. Hofmann, qui est « l’engagement commun en faveur de la paix dans le monde, sans perdre de vue la promesse d’une paix qui nous sera donnée à la fin des temps. »
« Si juifs et chrétiens se font ensemble promoteurs de paix, conclut-il, alors ils deviendront une bénédiction pour le monde entier. »
Instituer des « Journées du judaïsme »
Le P. Hofmann revient par ailleurs sur le point de départ du dialogue entre juifs et chrétiens : la Déclaration conciliaire Nostra Aetate (promulguée le 28 octobre 1965), « document fondateur » de ce dialogue, qui « fournit encore une orientation indispensable pour chaque effort vers le rapprochement et la réconciliation entre juifs et chrétiens ».
A la suite de Nostra Aetate, en 1966, le pape Paul VI institua un bureau chargé de faire avancer le dialogue avec le judaïsme, au sein du Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens. Du côté juif, de nombreuses entités entrèrent en contact avec l’Eglise. Puis, à la suggestion du Saint-Siège, pour faciliter le dialogue, ces entités s’organisèrent en un unique organisme en 1970 : le Comité juif international pour les consultations interreligieuses (Ijcic).
A son tour, le Saint-Siège créa la Commission pour le dialogue religieux avec le judaïsme, le 22 octobre 1974. La première conférence internationale entre juifs et catholiques s’est tenue en 1971 à Paris.
La «Journée du judaïsme» est à ce jour suivie par les Conférences épiscopales d’Autriche, de Pologne, des Pays-Bas et de la Suisse. Le président de la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme, le cardinal Kurt Koch a demandé à certains pays, dans lesquels juifs et catholiques vivent côte à côte, de prendre en considération l’introduction d’une telle journée commémorative.
Anne Kurian
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