Le P. Roger Villegas est le recteur de la nouvelle basilique Notre-Dame de Boulogne © Paroisse Notre-Dame de Boulogne

Le P. Roger Villegas est le recteur de la nouvelle basilique Notre-Dame de Boulogne © Paroisse Notre-Dame de Boulogne

Interview : La nouvelle basilique Notre-Dame de Boulogne, « un signe d’espérance »

Zenit a interrogé le P. Roger Villegas, recteur de la basilique

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Notre-Dame de Boulogne a été élevée au rang de basilique mineure dimanche 12 janvier 2025. Située dans les Hauts-de-Seine, près de Paris, l’église retrouve sa vocation originelle de sanctuaire diocésain et devient la 176ᵉ basilique mineure en France.

Zenit a interrogé le P. Roger Villegas, curé de la paroisse Notre-Dame de Boulogne depuis 2021 et membre de la congrégation des Légionnaires du Christ, à qui la charge pastorale du sanctuaire a été confiée. Le P. Villegas devient ainsi le premier recteur de la basilique Notre-Dame de Boulogne.

 

Zenit : Comment avez-vous vécu la célébration de l’élévation de Notre-Dame-de Boulogne en basilique mineure ? 

La basilique porte les couleurs pontificales rouge et jaune pour montrer le lien qui l'unit au Saint-Père © Paroisse Notre-Dame de Boulogne 

La basilique porte les couleurs pontificales rouge et jaune pour montrer le lien qui l’unit au Saint-Père © Paroisse Notre-Dame de Boulogne

P. Roger Villegas : Un sentiment a habité mon cœur tout au long de ce week-end : la communion joyeuse. Au seuil de l’année jubilaire nous étions en communion avec le pape et l’Église universelle pour assister à la naissance d’un lieu qui sera pour toujours lié de manière particulière au ministère pétrinien.

Communion avec toute l’Église en France et avec les paroisses et sanctuaires de notre diocèse. J’ai également été très touché par la communion et le soutien de nos élus qui étaient nombreux. J’ai pensé à l’invitation lancée par le pape en Corse : que l’Église et la cité collaborent, chacune à sa place, pour le bien des personnes.

Zenit : Quand a été lancée la procédure de demande de reconnaissance du lieu en tant que basilique ? 

P. R. Villegas : Depuis 2020, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, a voulu revenir aux sources de l’histoire de Notre-Dame de Boulogne. À mon arrivée en 2021, j’ai repris le dossier en main avec une équipe de paroissiens. C’est le décret Domus Ecclesiae – de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements – qui a orienté notre travail, et nous sommes allés à Limoges pour demander conseil au recteur et aux équipes de l’église Saint-Michel-des-Lions qui venait de recevoir le titre prestigieux de basilique.

Au printemps 2024 a eu lieu la présentation de notre dossier à Rome et nous avons accueilli dans la joie la nouvelle de la signature du décret le 29 juin 2024. Cette date est un signe très fort pour nous : la solennité de saint Pierre et saint Paul.

Zenit : Votre église est un sanctuaire marial de plus de 700 ans. Comment une église peut-elle devenir ou redevenir un sanctuaire ?

P. R. Villegas : Notre église est née comme un lieu de pèlerinage de proximité, on disait à l’époque « raccourcy ». Comme souvent dans la foi, la renaissance d’une communauté, d’un lieu, passe par un retour aux sources. 

Le sanctuaire est un lieu de la présence de Dieu. Pour le devenir, il n’y a pas de secret, la prière, la liturgie, les sacrements doivent à nouveau être remis au centre de la communauté. C’est Jésus qui attire, c’est lui qui pardonne et console.

Zenit : Que peut apporter une basilique mineure à l’Église et au monde ?
La messe d’élévation a été présidée par Mgr Rougé, en présence du Nonce apostolique Mgr Celestino Migliore © Paroisse Notre-Dame de Boulogne 

La messe d’élévation a été présidée par Mgr Rougé, en présence du Nonce apostolique Mgr Celestino Migliore © Paroisse Notre-Dame de Boulogne

P. R. Villegas : Les basiliques mineures sont le signe de la communion des Églises locales avec Rome et gardent leur ombrellino (parasol, signe distinctif des basiliques) entrouvert pour manifester leur disponibilité à accueillir le pape.

Lancez le mot basilique dans une conversation et vous verrez que le terme ne laisse pas les gens indifférents. Une basilique n’est pas une méga-paroisse où l’on fait plein de choses, mais le lieu où l’on peut « élever le cœur » vers le bonheur que Dieu nous offre. Ce bonheur n’est pas dans la dispersion, mais dans le retour à l’essentiel. 

La messe, la source et le sommet de notre activité paroissiale, y conduit. Dans l’Eucharistie, nous accomplissons deux activités vitales : nous nourrir et respirer. Nous avons besoin d’un pain spirituel qui nourrisse notre âme, cette dimension de notre personne qu’aucune autre activité ne peut combler. Nous respirons en prenant du recul sur la semaine pour demander pardon, dire merci et élever notre regard vers Jésus, mort et ressuscité, pour nous sauver. Sans pardon ni gratitude, il n’y a pas d’humanité.

Dans l’Eucharistie aussi Dieu accomplit son activité préférée : nous aimer. Toutes les activités, groupes, événements, pèlerinages d’une basilique sont un reflet de la vie d’une communauté paroissiale, mais, rappelez-vous : pas de vie sans se nourrir et sans respirer, pas de vie si le cœur s’arrête.

Cette basilique s’élève aujourd’hui comme un signe d’espérance et une invitation à élever nos cœurs vers le ciel. Elle est au centre du village comme une fontaine d’eau fraîche qui désaltère les pèlerins assoiffés. 

Zenit : Vous devenez vous-même recteur du sanctuaire : ces changements auront quelles incidences sur votre propre mission ?

P. R. Villegas : D’après le décret Domus Ecclesiae, le recteur de la basilique, est « celui qui est à la tête », comme le pasteur qui conduit son troupeau. L’élévation de la basilique est pour moi une invitation à œuvrer avec zèle pour que toute personne qui pénètre dans notre sanctuaire puisse élever le cœur et le regard vers l’amour de Dieu. Marie est une bonne alliée dans cette tâche. 

Le décret permet aussi au recteur d’utiliser le vêtement de ma famille religieuse, la soutane, le surplis et la mosette de couleur noir avec galons, les boutonnières et boutons de couleur rouge dans l’exercice de ma charge. L’habit ne fait pas un recteur, mais il l’habille.

Zenit : Le pape François parlait récemment de la « renaissance » de Notre-Dame de Paris qui « constitue un signe prophétique du renouveau de l’Église en France » : comment voyez-vous cette renaissance pour Notre-Dame de Boulogne ?
Procession dans les rues de Boulogne-Billancourt le 12 janvier 2025 © Paroisse Notre-Dame de Boulogne 

Procession dans les rues de Boulogne-Billancourt le 12 janvier 2025 © Paroisse Notre-Dame de Boulogne

P. R. Villegas : Nous assistons une discrète mais belle renaissance de la foi en France. Quand je vois notre société si fracturée, les statistiques sur l’état de santé mentale des français, je me dis tous les jours qu’il nous faut du spirituel, du spirituel incarné. La communion joyeuse de dimanche en est une belle preuve. Par ailleurs, je constate une augmentation importante de demandes de baptême chez les adultes, un regain de la pratique pour les grandes fêtes et une demande croissante du sacrement de la réconciliation.

À Notre-Dame de Boulogne, quand un prêtre ouvre le confessionnal, il a du mal à le fermer. Je crois beaucoup au retour de la foi par la découverte de la présence aimante de Marie dans nos vies. La nouvelle basilique a pour vocation de devenir un lieu rayonnant de l’amour du Christ par Marie au cœur de la ville. À la création du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, l’un des points-clés de cette manière renouvelée de présenter la foi était la pastorale des sanctuaires. 

Les sanctuaires sont ces lieux de la présence de Dieu dans le temps et dans l’espace. Lieux de célébration de l’alliance nouvelle et éternelle. Si en plus, la beauté sacrale du lieu ouvre le cœur et invite à lever la tête, la force évangélisatrice est remarquable. En cette année jubilaire, l’élévation de notre basilique est un signe d’espérance en la renaissance de la foi. 

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Anne van Merris

Anne van Merris est journaliste, formée à l’Institut de journalisme européen Robert Schuman à Bruxelles. Elle est mariée et mère de quatre enfants.

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