L’intervention du Saint-Siège a été prononcée le 21 juin dernier au nom de Mgr Dominique Mamberti, secrétaire du Saint-Siège pour les rapports avec les Etats, lors de la Conférence ministérielle de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) sur la sécurité nucléaire.
Depuis le 11 mars, le Japon affronte « la plus grande tragédie depuis la Seconde Guerre Mondiale ». « La demande d’énergie, en croissance constante dans le monde entier, exige une réflexion sérieuse sur le rôle de l’énergie nucléaire ainsi que sur l’importance de la sécurité nucléaire », a estimé le Saint-Siège.
« La crise nucléaire à Fukushima est un problème global. Il révèle que le monde est exposé à des risques réels et systématiques et pas seulement hypothétiques, avec des coûts incalculables et nécessite de développer une coordination politique internationale sans précédent ». « Dans ce contexte, les autorités engagées dans la crise nucléaire de Fukushima sont appelées à la plus grande transparence et à procéder en étroite coopération avec l’AIEA ».
Cette crise nucléaire soulève aussi de nombreuses questions. « Est-il légitime de construire ou de conserver des réacteurs nucléaires opérationnels sur des territoires qui sont exposés à de graves risques sismiques ? Qu’en sera-t-il du matériel nucléaire ? Le problème des déchets radioactifs sera-t-il simplement déchargé sur les générations futures ? ».
Pour le Saint-Siège, « les menaces à la sécurité dérivent d’attitudes et d’actions hostiles à la nature humaine. C’est donc au niveau humain qu’il faut agir, au niveau culturel et éthique ». D’où l’importance de mettre en place des « programmes de formation » pour la diffusion « d’une ‘culture de la sécurité’ dans le secteur nucléaire comme dans la conscience publique en général ». « La sécurité dépend de l’Etat mais surtout du sens des responsabilités de toute personne ».
Dans son intervention, le Saint-Siège a enfin rappelé la « grande opportunité » que peut représenter le secteur nucléaire pour l’avenir.
« Cela explique la ‘renaissance nucléaire’ au niveau mondial. Cette renaissance semble fermer des horizons de développement et de prospérité. En même temps, sans une « renaissance culturelle et morale », elle pourrait se réduire à une illusion ». « Le simple bien-être matériel n’élimine pas les risques liés à la pauvreté culturelle et morale d’hommes et de femmes, ainsi qu’aux conflits liés à la misère culturelle et morale ».
Marine Soreau