ROME, Vendredi 22 avril 2011 (ZENIT.org) – Pour Benoît XVI, le grand silence du vendredi et du samedi saint est un silence « chargé d’espérance ».
Benoît XVI a présidé le Chemin de Croix au Colisée ce soir à 21 h 15 depuis la colline qui domine le Colisée, agenouillé sous un dais rouge, tandis que la Croix était portée par des chrétiens de différents pays et de différents états de vie, à chaque station, notamment d’Ethiopie, d’Egypte et de Terre Sainte. Pour la première fois des enfants, d’une dizaine d’années, – Michele et Vincenza – étaient parmi les lecteurs.
Au terme de la Via Crucis, Benoît XVI a adressé quelques mots à l’assemblée – des milliers de personnes, dans la douceur d’un avril romain très clément -, avant sa bénédiction.
Le pape a souligné que dans le « silence » de la mort du Christ, on pourrait ne voir que le « poids du mal », en contemplant sur la croix « le drame de Jésus chargé de la douleur du mal » et « du péché de l’homme ».
Il a invité à regarder le « Crucifié », cette « croix élevée sur le Golgotha », qui semblerait dire « la défaite définitive de celui qui avait apporté la lumière », qui « avait parlé de la force du pardon et de la miséricorde », de l’amour de Dieu « pour chaque personne humaine ».
Il a invité à regarder avec plus de profondeur vers « l’homme des douleurs », à le regarder « crucifié entre ciel et terre », pour comprendre que cette mort n’est « pas la victoire » de la mort, du péché, du mal, mais « un signe lumineux de l’amour », de « l’ampleur de l’amour de Dieu », qu’aucun homme n’aurait pu « imaginer » ou « espérer ».
En effet, par sa mort en Croix, le Christ « arrive dans le coin le plus sombre de notre vie », pour « nous tendre la main », « nous attirer à lui »: tel est « l’amour suprême de Dieu ».
Benoît XVI a invité les chrétiens à « renouveler » leur foi « dans la puissance de cet amour », à croire que « Dieu est capable de vaincre le péché et le mal » et de « nous donner une vie nouvelle, ressuscitée », qui est « germe d’une nouvelle espérance de vie ».
C’est ainsi que le pape interprète le grand silence du vendredi et du samedi saint : un silence « chargé d’espérance ».
Il a conclu son allocution en citant saint Augustin qui souligne comment le Christ invite les baptisés à « participer » à sa vie, une vie « où personne ne meurt », à recevoir la « nourriture incorruptible », à entrer dans « l’amitié avec le Père et l’Esprit Saint », dans la « communion » avec le Christ.
Le pape a terminé en invitant à demander dans la prière : « Eclaire, Seigneur notre cœur pour que nous puissions te suivre sur le chemin de la Croix », « fais mourir le vieil homme » de notre « égoïsme », du « mal », du « péché », afin que nous devenions des hommes « nouveaux, « saints », « transformés » et « animés par ton amour ».
Les méditations avaient été confiées par le pape à Mère Maria Rita Piccione, du monastère des Augustines du monastère romain des Quatre Saints couronnés, au Coelius, présidente de la Fédération des Augustines (cf. Zenit du 25 mars 2011, 6 et 15 vril 2011 et pour les textes complets, Zenit du 20 avril 2011). Le livret des méditations a été illustré par une autre Augustine, sœur Elena Manganelli, du monastère de Lecceto, près de Sienne.
Une porte ouverte sur le cœur de Dieu
A la IXe station, Mère Piccione contemple le « coup de lance » dans le côté du Christ mort en Croix : « Le côté ouvert de Jésus : la blessure devient une fente, une porte ouverte sur le cœur de Dieu. Ici, son amour infini pour nous se laisse puiser comme une eau qui vivifie et une boisson qui désaltère invisiblement, et fait renaître ».
Et, contemplant la descente de Croix, elle ajoute : « Nous aussi, nous nous approchons du corps de Jésus descendu de la Croix et soutenu par les bras de sa mère. « Ce n’est pas, en effet, par la marche que nous nous approchons du Christ : c’est par la foi ; pour cela, nous n’avons pas de mouvement à imprimer à notre corps : il suffit d’avoir au cœur de la bonne volonté. » Dans ce corps inanimé, nous nous reconnaissons comme ses membres blessés et souffrants, mais protégés par l’étreinte affectueuse de sa Mère ».
Elle s’attarde à contempler Marie : « Mais nous nous reconnaissons aussi dans ces bras maternels, forts et tendres tout à la fois. Les bras ouverts de l’église-mère sont comme l’autel qui nous offre le Corps du Christ et à ce moment-là, nous devenions Corps mystique du Christ ».
Toutes les prières qui suivent les méditations s’adressent à Jésus, « humble ». L’humilité est un des leitmotive de ces méditations. On lit encore à la 9e station, qui évoque la première chute de Jésus sur le chemin du Calvaire: « Ses chutes appartiennent au mystère de son incarnation. Il nous a cherchés dans notre faiblesse, descendant jusqu’au fond de celle-ci, pour nous élever à lui. « Il nous a montré ainsi la voie d’humilité, pour nous ouvrir le chemin du retour ». »
Mère Piccione conclut ses méditations en invitant à l’intériorité : « Maintenant, la voix de ‘Dieu parle dans le grand silence du cœur’ ».
C’est la troisième fois que les méditations du Chemin de Croix du Colisée sont confiées à une femme et à une contemplative. En effet, en 1993, Jean-Paul II les avait confiées à Mère Anna Maria Canopi, abbesse de l’abbaye bénédictine Mater Ecclesiae, sur l’île de San Giulio, près de Novare, dans le Nord de l’Italie.
En 1995, année internationale de la Femme, Jean-Paul II avait confié les méditations à une protestante, une moniale de l’abbaye de Grandchamp, en Suisse, sœur Minke de Vries.
Des Nations souffrantes portent la Croix
« Jésus a porté le poids de la persécution contre l’église d’hier et d’aujourd’hui, de celle qui tue les chrétiens au nom d’un dieu étranger à l’amour et de celle qui porte atteinte à la dignité par « des lèvres trompeuses et des paroles arrogantes » », écrit Mère Piccione pour la 7e station. De fait, des chrétiens persécutés ont porté la Croix au Colisée.
A la 1ère et à la 14e et dernière station, la croix a été portée, comme c’est la tradition, par le vicaire du pape pour Rome, le cardinal Agostino Vallini; aux 2e et 3e stations, par une famille du diocèse de Rome, Armando et Anna Stridacchio et leurs 5 enfants – Matteo, Irene et Sara (triplés, 6 ans), Luca et Elisa (jumeaux, 2 ans); aux 4e et 5e stations, par un malade italien, Alberto Iossa, accompagné d’un brancardier et d’une asistante de l’UNITALSI; aux 6e et 7e stations, par deux Augustines, Sr Maria Giuliana D’Agostini et Sr Clara Maria Cesaro; aux 8e et 9e stations, par deux Franciscains de Terre Sainte, les PP. Antonio Szlhkta et Bruno Varriano; aux 10e et 11e stations, par une famille d’Ethiopie, Eman et Hiwet Hailesilassie et deux de leurs enfants; aux 12e et 13e stations par un Franciscain d’Egypte, le Fr Dassim Sidaros, et une jeune Egyptienne, Samira Sidaros. Les deux jeunes portant les torches étaient italiens: Silvia Beltrami et Fabio Pignata.
Anita S. Bourdin