ONU : Les clefs éthiques de la paix et du développement

Intervention du Saint-Siège à l’Assemblée générale

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ROME, Jeudi 30 septembre 2010 (ZENIT.org) – La « référence constante à la dignité de tous les hommes et les femmes », le respect effectif du « droit à la vie » et de « la liberté religieuse », sont pour le secrétaire du Saint-Siège pour les Relations du Saint-Siège avec les Etats, Mgr Mamberti trois piliers de l’action des l’Organisation des Nations Unies. Une intervention à New-York le 29 septembre, lors de la soixante-cinquième session de l’assemblée générale de l’ONU (cf. Zenit du 29 septembre, Documents pour l’intervention complète en français).

Clefs éthiques de la paix et du développement

Mgr Mamberti salue l’action de l’ONU pour le dialogue entre les nations et les cultures et pour la paix et il souligne les piliers éthiques d’une action efficace, notamment pour la paix, le développement, ou la protection de l’environnement : « La majeure garantie que l’Organisation des Nations Unies continuera d’accomplir sa mission historique de maintenir unis et de coordonner tous les États en vue des objectifs communs de la paix, de la sécurité et d’un développement humain intégral pour tous, sera constituée par une référence constante à la dignité de tous les hommes et les femmes et par son respect effectif, à commencer par le droit à la vie – même des plus faibles comme les malades en phase terminale et les enfants à naître – et à la liberté religieuse ».

Il rappelle que l’ONU n’intervient pas seulement à la résolution des conflits, mais aussi par sa « diplomatie préventive », la « consolidation de la paix », ou dans des opérations de développement et en cas d’urgence humanitaire comme en Haïti. Il y voit un instrument pour renforcer la « confiance en un destin solidaire de l’humanité ».

Le Saint-Siège souligne aussi le travail historique accompli par l’ONU après les tragédies du XXe s.: « Les soixante-cinq années de vie de l’ONU sont déjà en soi un événement historique unique, en particulier si on les confronte avec l’anéantissement des espoirs placés dans les Conférences de Paix, au début du XXème siècle, et ensuite dans la Société des Nations. La présence elle-même des Nations Unies démontre que l’humanité a su trouver dans l’Organisation une réponse aux terribles drames des deux guerres mondiales ».

Tout en reconnaissant les limites de l’organisation internationale, Mgr Mamberti souligne que «  l’ONU a cherché à apporter des solutions aux problèmes internationaux de caractère économique, social, culturel et humanitaire, en s’efforçant d’accomplir le mandat qui lui a été confié par l’article 1er de la Charte, à savoir : constituer un centre pour la coordination de l’activité des nations en vue du maintien de la paix et des relations amicales entre les peuples (cf. Charte des Nations Unies, art. 1.2-1.4) ».

Il souligne qu’un « instrument fondamental » est constitué par « le dialogue entre les représentants des nations, qui se renouvelle chaque année à toutes les sessions de l’Assemblée générale et qui reste ouvert et vivant dans les autres organes et dans les agences de la « famille de l’ONU » . »

Un rôle irremplaçable

Ce qui a fait de cette organisation  « un élément irremplaçable dans la vie des peuples et dans la recherche d’un avenir meilleur pour tous les habitants de la terre ». Il souligne par conséquent que « l’ONU est objet d’une grande attention de la part du Saint-Siège et de l’Église catholique, comme l’ont montré les visites des Papes Paul VI, Jean Paul II et Benoît XVI ».

Mgr Mamberti cite des « développements importants relatifs à la paix et à la sécurité mondiale, qui se sont vérifiés au cours de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale ».

Le premier : « L’entrée en vigueur, le 1er août dernier, du Traité sur l’interdiction des armes à sous-munitions ».

Le deuxième, en mai dernier : « La huitième Conférence d’Examen du Traité de non prolifération des armes nucléaires, avec la publication d’un document consensuel qui prévoit différentes actions liées aux trois points fondamentaux du Traité : le désarmement nucléaire, la non prolifération des armes nucléaires et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire », et en particulier «  la décision de convoquer avant 2012 une Conférence pour un Moyen-orient libéré des armes nucléaires et des autres armes de destruction de masse ».

Le troisième, en juillet dernier : « La première session du comité Préparatoire de la Conférence sur le Traité sur le commerce des armes, prévue en 2012 ». « Cette Conférence, explique Mgr Mamberti, devra élaborer un instrument juridiquement contraignant « qui établirait les normes internationales les plus strictes possibles » sur le transfert des armes conventionnelles ». Les États, souigne-t-il, « sont conscients de la nécessité de réglementer juridiquement le commerce des armes, pour des raisons de paix, de protection humanitaire et aussi de développement social et économique ».

Prévention des conflits, consolidation de la paix

Un troisième exemple de « dialogue international réussi » : « La signature du Traité « New START », entre les États-Unis et la Fédération de Russie, sur la réduction ultérieure et la limitation des armes stratégiques offensives ». Le Saint-Siège y voit « un pas en avant dans les relations entre les puissances nucléaires » et il « espère qu’elle ouvrira d’autres perspectives et conduira à des réductions substantielles à l’avenir ». Il affirme la nécessité de « continuer à faire tout ce qui est possible pour arriver à un monde délivré des armes nucléaires ».

Quatrième exemple : La contribution « sans précédent » de l’ONU « à la paix et à la coopération internationale en Haïti ». Mgr Mamberti, en présentant les condoléances de Benoît XVI, les siennes et celles du Saint-Siège, rappelle que le personnel de l’ONU a été frappé par le tremblement de terre du 12 janvier 2010, avec la mort du Chef de la Mission des Nations Unies, de l’Ambassadeur Hédi Annabi, de son adjoint, le Docteur Luiz Carlos da Costa, ainsi que de quatre-vingt deux autres fonctionnaires civils et membres des forces de paix. « Leur sacrifice doit devenir un stimulant renouvelé pour un engagement global en faveur du maintien de la paix », ajoute Mgr Mamberti.

Il souligne aussi « l’augmentation importante des requêtes d’intervention de ces dernières années » comem un signe de « la confiance accrue dans l’action de l’ONU en coopération avec les organisations régionales » et « l’importance d’un rôle toujours plus grand de l’ONU et des organisations régionales dans la diplomatie préventive ».

Il ajute que « l’action de la Commission de consolidation de la paix demeure fondamentale pour recomposer le tissu social, juridique et économique détruit par la guerre et éviter la répétition des conflits ».

Les points chauds du globe

Mgr Mamberti déplore que « les dépenses militaires mondiales continuent d’être excessivement lourdes et même d’augmenter » et mentionne « le problème de l’exercice du droit légitime des États à un développement pacifique du nucléaire, compatible avec un contrôle international effectif de la non prolifération demeure toujours ». Il cite les cas de la Péninsule coréenne et du Golfe Persique « ainsi que les zones adjacentes » et encourage un « dialogue sincère ».

Il cite aussi la catastrophe humanitaire au Pakistan et « les difficultés causées par les conflits qui affligent cette région ». Il souhaite une « réponse humanitaire (…) généreuse » et « un effort de compréhension réciproque et d’approfondissement des causes des hostilités ».

Il redit le vœu du
Saint-Siège de voir « une solution durable du conflit entre l’État d’Israël et les Palestiniens », mais aussi « la réconciliation en Iraq et au Myanmar », « la solution des difficultés ethniques et culturelles en Asie Centrale, dans les régions du Caucase et pour calmer les tensions récurrentes en Afrique, entre autres au Soudan ».

Il rappelle aussi l’importance des enjeux économiques : « Une amélioration substantielle des conditions de vie de la population palestinienne et des autres peuples qui vivent des situations de guerre civile ou régionale, apportera certainement une contribution essentielle afin que l’opposition violente se transforme en un dialogue serein et patient ».

A propos des « Objectifs du Millénaire », le Saint-Siège salue l’engagement des États membres de l’ONU «  à réaliser tous les efforts nécessaires pour parvenir avant 2015 à ces objectifs ». Mais leur mise en œuvre dépend de « deux grands impératifs moraux » : l’engagement effectif des pays riches et « un virage éthique de la politique et de l’économie, qui garantisse un bon gouvernement et déracine toute forme de corruption », sinon ces objectifs seraient une « véritable fraude au développement humain intégral des peuples ».

Environnement, liberté religieuse

A propos de l’environnement, le Saint-Siège appelle de ses vœux « des négociations sur un accord juridiquement contraignant », avec « l’organisation d’un modèle de développement basé sur un nouveau système énergétique », tout en rappelant « l’élément éthique sous-jacent à la question ». Car il s’agit aussi de « modifier des comportements de consommation effrénée et irresponsable ».

Pour ce qui est de la liberté religieuse, le Saint-Siège souligne qu’elle « comprend le droit d’exprimer publiquement sa propre foi et de la diffuser » et qu’elle est « la pierre fondamentale de tout l’édifice des droits de l’homme », car, « si la liberté religieuse fait défaut (…) tous les droits de l’homme courent le risque de devenir des concessions du gouvernement ou, au maximum, le résultat d’un équilibre des forces sociales, variable par nature, car il n’a d’autre fondement que l’équilibre ou l’accord lui-même ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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