Béatification de Newman : « Une immense joie spirituelle »

Benoît XVI dit son importance dans sa vie et sa pensée

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ROME, Samedi 18 septembre 2010 (ZENIT.org) – « Newman a longtemps exercé une influence importante dans ma vie et ma pensée (…) et dans la vie de nombreuses personnes bien au-delà de ces îles », a confié Benoît XVI lors de la veillée de prière qui a eu lieu ce soir à Londres en préparation à la béatification du cardinal John Henry Newman. Il a confié « l’immense joie spirituelle » qui imprégnait de ce fait toute la soirée, avant d’interpeler la liberté des baptisés et de donner trois clefs de lecture de Newman.

Surtout, le pape souligne l’enseignement de Newman sur l’Eglise : « L’histoire de la vie de Newman nous invite à examiner nos vies, à les confronter au vaste horizon du plan de Dieu, et à grandir dans la communion avec l’Église de tout temps et de tout lieu : l’Église des Apôtres, l’Église des martyrs, l’Église des saints, l’Église que Newman aimait et à la mission de laquelle il a consacré toute sa vie.

Le pape a retenu « certains aspects de la vie de Newman » qu’il considère « très importants pour notre vie de croyants et pour la vie de l’Église aujourd’hui ».

Destinés à connaître le Christ

Tout d’abord, l’expérience de « conversion » du jeune Newman, à 15 ans : « Il s’agit d’une expérience immédiate de la vérité de la Parole de Dieu, de la réalité objective de la Révélation chrétienne telle qu’elle a été transmise dans l’Église. C’est cette expérience, à la fois religieuse et intellectuelle, qui devait inspirer sa vocation à devenir un ministre de l’Évangile, lui donner de discerner la source de l’enseignement magistériel dans l’Église de Dieu, et stimuler son zèle pour un renouveau de la vie ecclésiale dans la fidélité à la tradition apostolique ».

Le pape souligne que Newman a lutté contre la tendance « à considérer la religion comme une affaire purement privée et subjective, comme une question d’opinion personnelle » et il y voit « la première leçon que nous pouvons tirer de sa vie : de nos jours, là où un relativisme intellectuel et moral menace de saper les fondements-mêmes de notre société, Newman nous rappelle que, en tant qu’hommes et femmes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous sommes faits pour connaître la vérité, pour trouver dans cette vérité notre ultime liberté et l’accomplissement de nos aspirations humaines les plus profondes. En un mot, nous avons été destinés à connaître le Christ, qui est lui-même « le chemin, la vérité, et la vie ».

Pas écartelés mais caricaturés

Deuxième enseignement de la vie de Newman : « La passion pour la vérité, l’honnêteté intellectuelle et la conversion authentique ont un prix élevé ».

En effet, le pape souligne que « la vérité qui rend libres (…) exige le témoignage, elle demande à être entendue, et finalement sa force de conviction vient d’elle-même et non pas de l’éloquence humaine ni des arguments avec lesquelles elle peut être formulée ».

Et il a évoqué les martyrs de Tyburn avant de tirer cette leçon pour aujourd’hui : « À notre époque, le prix à payer pour la fidélité à l’Évangile n’est plus la condamnation à mort par pendaison ou par écartèlement, mais cela entraîne souvent d’être exclus, ridiculisés ou caricaturés. Et cependant, l’Église ne peut renoncer à sa tâche : proclamer le Christ et son Évangile comme vérité salvifique, source de notre bonheur individuel ultime et fondement d’une société juste et humaine. »

La mission des laïcs

Troisième enseignement : « Si nous avons accepté la vérité du Christ et lui avons donné notre vie, il ne peut y avoir de différence entre ce que nous croyons et notre manière de vivre ».

Le pape voit ainsi en Newman « le grand défenseur de la mission prophétique des laïcs chrétiens » car « la vérité est transmise non seulement par un enseignement en bonne et due forme (…) mais aussi par le témoignage de vies vécues dans l’intégrité, la fidélité et la sainteté ».

Le pape en tire cette observation sur le discernement : « Ceux qui vivent dans et par la vérité reconnaissent instinctivement ce qui est faux et, précisément parce que faux, hostile à la beauté et à la bonté qui sont inhérentes à la splendeur de la vérité, Veritatis splendor ».

Commentant les lectures de la liturgie de la parole, le pape a également fait remarquer que « souvent, sans même le savoir, nous amenons les personnes un peu plus près du Seigneur et de sa vérité ».

Et cela suppose une vie intérieure : «  Sans une vie de prière, sans une transformation intérieure, fruit de la grâce des sacrements, nous ne pouvons, selon les paroles de Newman, « irradier le Christ » ; nous ne devenons qu’une « cymbale » de plus « qui retentit » (1 Co 13,1), dans un monde de plus en plus bruyant et confus, où abondent les chemins erronés ne menant qu’à la déception et à l’illusion ».

Pour transformer le monde

Benoît XVI a cité cette méditation du Cardinal Newman : « Dieu m’a créé pour un service précis. Il m’a confié un travail qu’il n’a confié à personne d’autre » (Méditations sur la Doctrine chrétienne). Nous voyons là la fine pointe du réalisme chrétien de Newman, le lieu où la foi et la vie se rencontrent inévitablement. La foi nous est donnée pour transformer le monde et lui faire porter du fruit par la puissance de l’Esprit Saint qui agit dans la vie et l’activité des croyants ».

Le pape a actualisé cette réflexion en reconnaissant la crise de la foi : « Pour qui regarde avec réalisme notre monde d’aujourd’hui, il est manifeste que les Chrétiens ne peuvent plus se permettre de mener leurs affaires comme avant. Ils ne peuvent ignorer la profonde crise de la foi qui a ébranlé notre société, ni même être sûrs que le patrimoine des valeurs transmises par des siècles de chrétienté, va continuer d’inspirer et de modeler l’avenir de notre société. Nous savons qu’en des temps de crise et de bouleversement, Dieu a suscité de grands saints et prophètes pour le renouveau de l’Église et de la société chrétienne ; nous comptons sur sa Providence et nous prions pour qu’il continue de nous guider ».

Enfin, Benoît XVI a interpellé la liberté de chacun : « Mais chacun de nous, selon son propre état de vie, est appelé à œuvrer pour l’avènement du Royaume de Dieu en imprégnant la vie temporelle des valeurs de l’Évangile. Chacun de nous a une mission, chacun de nous est appelé à changer le monde, à travailler pour une culture de la vie, une culture façonnée par l’amour et le respect de la dignité de toute personne humaine. Comme notre Seigneur nous le dit dans l’Évangile que nous venons d’entendre, notre lumière doit briller aux yeux de tous, pour que, en voyant nos bonnes œuvres, ils rendent gloire à notre Père qui est dans les cieux ».

L’homélie de Benoît XVI a été suivie par l’adoration, les litanies du Sacré Cœur, et le salut du Saint-Sacrement.

Puis le pape a déposé ses ornements liturgiques et il est revenu remercier chacun, sous les acclamations de dizaines de milliers de personnes venues de tout le Royaume Uni et rassemblées dans la nuit de Hyde Park.

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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