Visite du pape à Rowan Williams : Discours au Lambeth Palace

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ROME, Vendredi 17 septembre 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le discours que le pape Benoît XVI a prononcé, ce vendredi après-midi, au Lambeth Palace où il a rendu visite à l’archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams.

Votre Grâce,

Je suis heureux de pouvoir vous rendre les signes de courtoisie que vous m’avez donné par vos visites à Rome en accomplissant cette visite fraternelle chez vous, dans votre résidence officielle. Je vous remercie de votre invitation et de l’hospitalité que vous m’offrez si généreusement. Je salue aussi les Évêques anglicans venus ici de différents points du Royaume-Uni, mes Frères Évêques des diocèses catholiques d’Angleterre, du Pays-de-Galles et d’Écosse, ainsi que les conseillers œcuméniques qui sont ici présents.

Vous avez évoqué, Monseigneur, la rencontre historique qui s’est tenue, il y a presque trente ans entre deux de nos prédécesseurs – le Pape Jean-Paul II et l’Archevêque Robert Runcie – en la Cathédrale de Cantorbéry. Là, au lieu même où saint Thomas de Cantorbéry a rendu témoignage au Christ en versant son sang, ils ont prié ensemble pour le don de l’unité entre les disciples du Christ. Nous continuons aujourd’hui à prier pour ce don, conscients que l’unité voulue par le Christ pour ses disciples ne peut être que le fruit de la prière, par l’action de l’Esprit Saint qui renouvelle sans cesse l’Église et la guide vers la plénitude de la vérité.

Il n’est pas dans mon intention aujourd’hui de parler des difficultés que les chemins de l’œcuménisme ont rencontré et continuent d’expérimenter. Elles sont bien connues de tous ici présents. Je voudrais au contraire m’unir à vous et rendre grâce pour la profonde amitié qui s’est développée entre nous et pour les progrès remarquables qui ont été accomplis en de nombreux aspects du dialogue au long des quarante années qui ont passé depuis que la Commission Internationale Anglicane-Catholique a commencé ses travaux. Confions les fruits de ces travaux au Maître de la moisson, sûrs qu’il bénira notre amitié en la faisant grandir encore.

Le contexte dans lequel le dialogue s’établit entre la Communion anglicane et l’Église catholique, a évolué de manière spectaculaire depuis l’audience privée qui eut lieu entre le Pape Jean XXIII et l’Archevêque John Fisher en 1960. D’une part, la culture ambiante s’éloigne toujours davantage de ses racines chrétiennes, en dépit d’une faim profonde de nourriture spirituelle ressentie par beaucoup. D’autre part, la dimension multiculturelle de la société, qui ne cesse de s’accentuer et qui est particulièrement marquée dans votre pays, donne l’occasion de rencontrer d’autres religions. Pour nous, chrétiens, cela ouvre la possibilité d’explorer, avec des membres d’autres traditions religieuses, les moyens de témoigner de la dimension transcendante de la personne humaine et de l’appel universel à la sainteté, et cela nous conduit à la pratique des vertus dans notre vie personnelle et sociale. La coopération œcuménique, pour cette mission, reste essentielle et portera certainement des fruits en faveur de la paix et de l’harmonie dans un monde qui, si souvent, semble au bord de l’éclatement.

En même temps, nous chrétiens, nous ne devons jamais hésiter à proclamer notre foi dans l’unique salut qui nous vient du Christ, et à rechercher ensemble à avoir une perception plus profonde des moyens qu’il a mis à notre disposition pour accéder à ce salut. Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2,4), et cette vérité n’est pas autre chose que Jésus Christ, le Fils éternel du Père, qui a tout réconcilié en lui par la puissance de sa Croix. Pour être fidèles à la volonté du Seigneur, telle qu’elle est exprimée dans ce passage de la première Lettre de saint Paul à Timothée, nous reconnaissons que l’Église est appelée à être compréhensive, jamais toutefois au détriment de la vérité chrétienne. D’où le dilemme auquel sont confrontés tous ceux qui sont engagés de manière authentique sur les chemins de l’œcuménisme.

Dans la figure de John Henry Newman, qui sera béatifié dimanche, nous célébrons un homme d’Église dont la vision ecclésiale fut nourrie par la tradition anglicane et s’est approfondie durant ses nombreuses années d’exercice du ministère sacerdotal dans l’Église d’Angleterre. Il peut nous enseigner les vertus que l’œcuménisme exige : d’une part, suivre sa conscience était un impératif, même au prix de grands sacrifices personnels, et d’autre part, la cordialité de l’amitié sans faille avec ses collègues d’antan, qui le conduisit à explorer avec eux, dans un pur esprit irénique, les questions sur lesquelles ils différaient, en privilégiant le désir profond de l’unité de la foi. Votre Grâce, dans ce même esprit d’amitié, puissions-nous renouveler notre détermination à poursuivre le but de l’unité dans la foi, l’espérance et l’amour, selon la volonté de notre unique Seigneur et Sauveur, Jésus Christ !

C’est avec ces sentiments que je prends congé de vous. « La grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit soit avec vous tous ! » (Co 13,13).

[Texte original: Anglais]

© Copyright 2010 : Libreria Editrice Vaticana

Traduction distribuée par la salle de presse du Saint-Siège

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ZENIT Staff

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