Le pape puis l’archevêque ont chacun pris la parole, avant la prière d’intercession dont une intention était l’unité et le dialogue œcuménique. Benoît XVI a insisté sur le témoignage commun dans la société et sur l’héritage de saint Edouard et de saint Bède pour l’Europe aujourd’hui, et l’archevêque sur l’actualité de l’héritage du pape Grégoire le Grand et de saint Benoît.
Après la prière du Notre Père, et l’encensement de la tombe de saint Édouard le Confesseur, Roi d’Angleterre, à genoux, l’archevêque puis le pape ont prié demandant notamment de pouvoir toujours servir « le bien commun » et « dépasser les divisions ». « Où sont amour et charité, Dieu est présent », a chanté le chœur en latin. Le pape et l’archevêque ont prononcé ensemble l’oraison finale et ils ont ensemble béni l’assemblée qui a éclaté en applaudissements, au moment de la procession, tandis que le pape et l’archevêque allaient signer le livre d’or.
Edouard le Confesseur
Dans son homélie, Benoît XVI a admiré cette « magnifique église abbatiale dédiée à saint Pierre, dont l’architecture et l’histoire évoquent avec tant d’éloquence le patrimoine commun de notre foi »: « Ici, nous ne pouvons que nous souvenir avec admiration de la façon dont la foi chrétienne a influencé l’unité et la culture de l’Europe ainsi que le cœur et l’esprit du peuple anglais. Ici aussi, il nous est rappelé avec force que ce que nous partageons, dans le Christ, est plus grand que ce qui continue de nous diviser ».
« Je remercie le Seigneur de me permettre, comme Successeur de saint Pierre sur Siège de Rome, d’accomplir ce pèlerinage sur la tombe de saint Édouard le Confesseur. Édouard, Roi d’Angleterre, demeure un modèle de témoignage chrétien et un exemple de cette vraie grandeur à laquelle le Seigneur appelle ses disciples selon les Écritures ».
Le mouvement œcuménique
Le pape a évoqué le « centième anniversaire du mouvement œcuménique moderne, qui a commencé par l’appel de la Conférence d’Edimbourg en faveur de l’unité des Chrétiens, condition préalable à un témoignage crédible et convainquant de l’Évangile à notre époque ».
Le pape s’est réjoui de « l’extraordinaire progrès fait pour atteindre ce grand but grâce aux efforts convaincus de chrétiens de toutes dénominations ».
Le pape a invité à la proclamation « avec une conviction renouvelée » de « la réalité de notre réconciliation et de notre libération en Christ », et à l’annonce de « la vérité de l’Évangile comme la clef d’un développement humain authentique et intégral ».
« L’unité de l’Église (…) ne peut jamais être autre qu’une unité dans la foi des Apôtres, dans la foi confiée à chaque nouveau membre du Corps du Christ durant le rite du Baptême. C’est cette foi qui nous unit dans le Seigneur, qui nous rend participants de son Esprit Saint, et qui ainsi, aujourd’hui encore, nous rend participants de la vie de la Sainte Trinité, modèle de la koinonia de l’Église ici-bas », a résumé Benoît XVI.
Le ministère de Pierre
Le pape a dit son devoir de veiller à l’unité : « C’est là le mot d’encouragement avec lequel je désire vous quitter ce soir, et je le fais en conformité avec mon ministère d’Évêque de Rome et de Successeur de saint Pierre, chargé de veiller avec une attention particulière à l’unité du troupeau du Christ ».
Le pape a aussi évoqué l’héritage du docteur de l’Eglise, saint Bède le Vénérable dont il a montré l’actualité, spécialement pour l’Europe: « Cette nation et l’Europe que Bède et ses contemporains ont aidé à construire, se trouvent encore une fois au seuil d’une ère nouvelle. Que l’exemple de saint Bède inspire les Chrétiens de ces terres pour qu’ils redécouvrent l’héritage qu’ils partagent, pour qu’ils fortifient ce qu’ils ont en commun, et qu’ils consolident leurs liens d’amitié ».
« Puisse le Seigneur bénir nos efforts pour remédier aux séparations du passé et pour affronter les défis actuels, dans l’espérance en un avenir que, dans sa Providence, il nous offre ainsi qu’à notre monde », a conclu le pape.
Augustin, Grégoire et Benoît
Pour sa part, l’archevêque Williams a cité saint Augustin de Cantorbéry envoyé en Angleterre pour annoncer l’Evangile, par le pape Grégoire le Grand en qui il voit une figure attirante aussi pour aujourd’hui, non seulement comme théologien mais comme pasteur dont la « vision » a permis l’évangélisation des VIe et VIIe s.
Il y voit une source d’inspiration à l’occasion de la visite du pape, mais il a cité aussi celui dont le pape porte le nom, saint Benoît qui a donné à l’Europe une règle de vie simple faite de joie et de service mutuel, et un exemple « équilibré » de vie dans « le travail et la prière » qui préserve la « dignité humaine » et « l’amour de Dieu ».
Il a souligné que cet exemple n’était pas seulement pour les moines mais aussi pour la société contemporaine marquée par la « productivité », une vision du travail parfois « obsédante » et « déshumanisante » qui rend le chômage encore plus insupportable.
Il souligne une urgente nécessité de retrouver la dignité du travail humain et l’ouverture à l’amour de Dieu : ce serait une façon de retrouver l’héritage bénédictin aujourd’hui.
Enfin, parmi les titres des papes, et donc aussi de saint Grégoire le Grand, l’archevêque anglican a retenu celui de « serviteur des serviteurs de Dieu » : l’autorité de l’Eglise, c’est le service. Il a rappelé l’invitation de Jean-Paul II dans Ut unum sint de réfléchir ensemble à la façon d’exercer le ministère de Pierre aujourd’hui, avec un « amour créatif ».
Anita S. Bourdin