ROME, Vendredi 17 septembre 2010 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a proposé l’œcuménisme dans le style de Newman en rendant visite, pour la première fois, au chef spirituel de l’Eglise anglicane, le Dr Rowan Willaim, à Lambeth. Une rencontre sous le signe de « l’amitié » et qui a été l’occasion de la publication d’un « communiqué » commun.
« Pour la première fois ce vendredi, un pape a été accueilli au palais londonien de Lambeth, la résidence du chef spirituel de l’Église d’Angleterre, Rowan Williams », souligne aujourd’hui Radio Vatican. Plus encore, le Vatican insiste sur cette visite « placée sous le signe de la fraternité, près de cinq siècles après la rupture de 1533 ». En effet, en 1982, la rencontre entre Jean-Paul II et le docteur Robert Runcie – que Benoît XVI cite – s’était déroulée dans la cathédrale de Cantorbéry.
La rencontre avec Rowan Williams (la troisième après les rencontres de 2006 et 2009), a eu lieu en présence d’évêques anglicans et catholiques et d’un groupe de conseillers œcuméniques, dans la très ancienne bibliothèque rassemblant des archives de l’Église d’Angleterre. Le pape s’est refusé à évoquer les difficultés – connues de tous – , préférant saisir cette occasion de « renforcer l’amitié réciproque » car la culture ambiante – rejet des racines chrétiens, caractère multicuturel – exige que les chrétiens unissent leurs forces.
Conscience et cordialité
Le pape a proposé la vision ecclésiale de John Henry Newman « nourrie par la tradition anglicane » et « approfondie durant ses nombreuses années d’exercice du ministère sacerdotal dans l’Église d’Angleterre ».
Le pape recommande à la fois la voie de la conscience et l’amitié cordiale : « Il peut nous enseigner les vertus que l’œcuménisme exige : d’une part, suivre sa conscience était un impératif, même au prix de grands sacrifices personnels, et d’autre part, la cordialité de l’amitié sans faille avec ses collègues d’antan, qui le conduisit à explorer avec eux, dans un pur esprit irénique, les questions sur lesquelles ils différaient, en privilégiant le désir profond de l’unité de la foi ».
« Votre Grâce, dans ce même esprit d’amitié, puissions-nous renouveler notre détermination à poursuivre le but de l’unité dans la foi, l’espérance et l’amour, selon la volonté de notre unique Seigneur et Sauveur, Jésus Christ ! », a souhaité le pape.
Le pape a encouragé la prière pour l’unité « conscients que l’unité voulue par le Christ pour ses disciples ne peut être que le fruit de la prière, par l’action de l’Esprit Saint qui renouvelle sans cesse l’Église et la guide vers la plénitude de la vérité ».
Une amitié profonde
Il a voulu « rendre grâce pour la profonde amitié qui s’est développée entre nous et pour les progrès remarquables qui ont été accomplis en de nombreux aspects du dialogue au long des quarante années qui ont passé depuis que la Commission Internationale Anglicane-Catholique a commencé ses travaux ».
Il a rappelé la rencontre entre le pape Jean XXIII et l’archevêque John Fisher en 1960.
Avec les autres religions, a fait observer le pape, les chrétiens peuvent « témoigner de la dimension transcendante de la personne humaine et de l’appel universel à la sainteté, et cela nous conduit à la pratique des vertus dans notre vie personnelle et sociale ».
Mais il souligne que « la coopération œcuménique, pour cette mission, reste essentielle et portera certainement des fruits en faveur de la paix et de l’harmonie dans un monde qui, si souvent, semble au bord de l’éclatement ».
Les chrétiens, a insisté le pape, ne doivent « jamais hésiter à proclamer notre foi dans l’unique salut qui nous vient du Christ, et à rechercher ensemble à avoir une perception plus profonde des moyens qu’il a mis à notre disposition pour accéder à ce salut ».
Jamais au détriment de la vérité
« L’Église est appelée à être compréhensive, jamais toutefois au détriment de la vérité chrétienne », a fait observer le pape.
Pour sa part, Rowan Williams a souligné le rôle fondamental de tout évêque d’annoncer l’Evangile, et il a fait observer que « ce qui nous sépare c’est ce qui en nous n’est pas saint ».
Le pape a ensuite rencontré à Westminster Hall, – également la première visite d’un pape en ce lieu -, le monde de la politique et de la culture : une rencontre exceptionnelle qui voyait rassemblés côte à côte le Premier ministre actuel, M. David Cameron, Mme Margaret Thatcher, M. John Major et son épouse, M. Tony Blair et son épouse et M. Gordon Brown.
Le passage de la « papamobile » sur le pont sur la Tamise a été acclamé au cri de: « God save the Pope ». De part et d’autre du pont, des milliers de personnes – loin de bouder la visite – s’étaient regroupées pour saluer le passage de Benoît XVI. Ici où là son service d’ordre lui a apporté des petits enfants tendus par les parents pour que le pape les bénisse.
Anita S. Bourdin