Trois niveaux de dialogue pour affronter les migrations

Mgr Marchetto au Festival du livre « Pordenonelegge »

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ROME, Jeudi 16 septembre 2010 (ZENIT.org). – Se concentrer sur le dialogue, à l’intérieur de l’Église, entre chrétiens et avec les fidèles d’autres religions, pour affronter de manière plus efficace la réalité des migrations, si présente dans les sociétés d’aujourd’hui : tel est le message lancé par Mgr Agostino Marchetto, ancien secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, lors de son intervention, mercredi, au festival du livre « Pordenonelegge », en cours jusqu’au 19 septembre, dans la ville italienne de Pordenone.

« La rencontre entre personnes et groupes qui, historiquement, ont d’abord vécu séparément, occasionne inévitablement beaucoup de problèmes, ceux-ci devant maintenant faire face à la nécessité d’affronter une nouvelle existence ensemble », a reconnu Mgr Marchetto.

Dans ce contexte, le dialogue est « indispensable » et revêt « plusieurs formes concrètes ».

« Un congrès d’experts de différents religions, a-t-il expliqué, n’est qu’une de ces formes, à laquelle vient s’ajouter celle du « dialogue de la vie », comme on l’appelle, qui est peut-être la forme la plus importante et fréquente, car elle relève du quotidien, incitant les personnes à chercher à vivre ensemble comme des voisins, à partager joies et douleurs, problèmes humains et préoccupations ».

« Puis il y a le dialogue de l’action, qui implique une collaboration entre chrétiens et non chrétiens dans le développement intégral de la société. Et pour finir, nous avons le dialogue du partage des expériences religieuses qui amène les personnes fortement attachées à leurs traditions religieuses à partager leurs richesses spirituelles ».

Le premier dialogue doit de toute façon avoir lieu au sein même de l’Église catholique, en protégeant notamment la langue des migrants, l’expérience pastorale montrant que « lorsqu’ils se sentent compris et à l’aise, les migrants s’intègrent mieux et enrichissent la communauté ».

A ce propos, Mgr Marchetto a rappelé que « les migrants catholiques incluent aussi les ‘groupes rituels’ et, tout particulièrement, ceux qui proviennent d’Églises orientales catholiques », et qu’il faut donc veiller à leur liturgie, qui doit être célébrée « selon le rite propre à une Église sui iuris ».

En deuxième lieu, il y a le dialogue avec les autres Églises et communautés ecclésiales qui constitue « une opportunité d’échanges, surtout dans cet ‘œcuménisme de la vie quotidienne’, où la base des liens d’unité (jusqu’où cela est possible) et de charité sont renforcés, favorisant une meilleure compréhension réciproque ».

Puis arrive un troisième niveau de dialogue qui est le dialogue avec les membres d’autres religions, « basé sur notre identité et suscitant le respect réciproque et la découverte des valeurs religieuses et humaines de l’autre ».

Mgr Marchetto a également parlé des problèmes concrets qui surgissent entre les chrétiens et les migrants d’autres religions, disant qu’ils exigeaient « une mentalité et une attitude de dialogue de la part de tout le monde ».

« Ce n’est pas facile », a-t-il reconnu, « la rencontre avec des personnes profondément attachées à des convictions et des coutumes non partagées par les chrétiens peut être difficile ».

Cela exige, a-t-il ajouté « beaucoup de patience et de persévérance », « une solide formation des agents pastoraux et une connaissance des autres religions » pour vaincre les préjugés, surmonter le relativisme religieux et éviter les fermetures et les peurs injustifiées qui engendrent tant de conséquences négatives ».

Mgr Marchetto a ensuite précisé que le dialogue et l’évangélisation « ne sont pas opposés », dans la mesure où « le dialogue de la vie, qui apporte un témoignage de charité chrétienne, demande aussi une explication ».

Du reste, saint Pierre en personne, exhortait les chrétiens à être « toujours prêts à répondre à qui vous demande raison de l’espérance qui est en vous », soulignant que cela devait être « fait avec douceur et respect » (1 Pt. 3,15).

C’est « avec beaucoup de respect et d’attention pour les traditions et culture des migrants, que nous sommes appelés, nous chrétiens, à leur transmettre l’Évangile de la charité et de la paix et à leur annoncer explicitement la Parole de Dieu, de manière à ce que la bénédiction du Seigneur promise à Abraham et à sa descendance leur arrive pour toujours », a conclu Mgr Marchetto.

Roberta Sciamplicotti

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ZENIT Staff

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