ROME, Lundi 6 septembre 2010 (ZENIT.org) – L’étymologie peut nous aider à comprendre en quoi consiste le problème écologique : le terme grec oikos, dont dérive le mot écologie, signifie « maison ».
Telle est la première réflexion du cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical justice et paix, offerte aux pèlerins en marche vers le sanctuaire de Mariazell, organisé par le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE) qui, vendredi dernier, ont fait une halte à Bratislava (Slovaquie) (cf. ZENIT, 2 septembre 2010).
« L’Ecologie, a souligné le cardinal Turkson, signifie donc une bonne administration de la maison afin que les personnes qui y habitent puissent bien vivre et en bonne santé ».
« Le monde, a expliqué le cardinal, est la maison des hommes, et nous devons nous préoccuper de son entretien afin que l’homme puisse y vivre tranquillement et en bonne santé ».
La science écologique, au fond, « se résume à cela, et l’invitation à veiller sur le monde s’adresse à nous tous ».
Elle naît « d’une vision qui considère la création comme le fruit d’un acte d’amour de Dieu confié à l’homme qui, souvent, comme l’a rappelé le magistère pontifical, en collaborateur de Dieu, se substitue à Dieu et provoque la rébellion d’une nature plus tyrannisée qu’entretenue ».
D’où le thème proposé également par Benoît XVI pour la Journée Mondiale de la paix 2010, qui est aussi le thème du pèlerinage : « Si tu veux construire la paix, protège la création ».
« Le monde d’aujourd’hui est plein de menaces, a rappelé le cardinal Turkson, menaces contre la paix mais également contre la création : l’humanité doit nouer d’autres relations avec la création ».
Les problèmes de nature écologique peuvent provoquer des conflits. « Je viens du Ghana, a rappelé le cardinal, qui a connu de violents affrontements entre tribus. Ces conflits n’étaient pas de nature religieuse, mais écologique. Par manque de pluie et donc de pâturages, les tribus de bergers seraient descendues vers les terres des agriculteurs et leurs animaux auraient endommagé les cultures. Un problème écologique a ainsi provoqué des conflits, menaçant gravement la paix ». « L’écologie environnementale et humaine », a-t-il en effet averti, « vont de pair ».
D’où l’engagement de l’Eglise pour l’éducation à la responsabilité écologique comme « conversion à des manières de penser et de se comporter », prenant conscience que « le premier contenu de l’enseignement sur la création est que celle-ci « vient des mains de Dieu : un cosmos établi par la Parole de Dieu ».
Quelle leçon en tirons-nous ? s’est interrogé le cardinal Turkson, qui s’est souvent écarté du texte officiel pour donner de l’espace aux réflexions suggérées par le contexte du pèlerinage.
« Avant la Parole de Dieu il y avait le chaos ; le chaos plus la parole de Dieu nous donne le cosmos, tandis que le cosmos sans la Parole de Dieu nous ramène au chaos. Nous ne voulons pas revenir au chaos, c’est pourquoi nous devons donner de l’espace à la Parole de Dieu ».
« Le synode pour l’Afrique, a-t-il rappelé, a déclaré que la paix est le fruit de la justice et la justice celui du respect des relations que nous entretenons, tout comme la réconciliation équivaut à rétablir la justice violée ». Protéger la création signifie alors « traiter la création avec justice », et il en va vraiment de la responsabilité de l’homme.
Si l’on a « conscience de la bonté et de l’ordre qui habitent la création grâce à son origine divine » on est aussi plus disponible à la protéger, on voit en elle « un moyen pour avancer vers la paix et construire un monde de paix ».
Cette responsabilité s’étend à l’avenir. « Nous sommes les héritiers des générations passées, a déclaré le président du Conseil justice et paix, et nous bénéficions du travail de nos contemporains : c’est pour cette raison que nous avons des obligations envers tous et ne pouvons nous désintéresser des générations futures ».
Si tu veux construire la paix, protège la création : « c’est le défi qui nous attend, a conclu le cardinal Turkson : un défi grave mais que nous devons affronter ».
Chiara Santomiero