ROME, Mardi 13 juillet 2010 (ZENIT.org) – Le Père Anand Muttungal, prêtre du diocèse de Bhopal et porte-parole de l’Église catholique dans l’État du Madhya Pradesh, a été menacé de mort par des extrémistes hindous. Selon l’évêque d’Indore, l’Inde centrale est aux mains d’extrémistes.
« La situation est inquiétante : la partie centrale de l’Inde, d’Est en Ouest, est aux mains de groupes extrémistes hindous qui agissent avec violence, dans un climat d’impunité », déclare à l’Agence Fides, Mgr Chacko Thottumarickal S.V.D., évêque d’Indore. Il tire la sonnette d’alarme à propos de la prolifération de groupes hindous, partisans d’ une idéologie puriste qui voudrait exclure le caractère pluraliste de la nation indienne.
« En Inde centrale, dans des Etats comme l’Orissa, le Madhya Pradesh, le Chhattisgarh, les minorités chrétiennes subissent l’action de groupes extrémistes hindous car ils sont couverts au niveau politique par les nationalistes du Baratiya Janata Party (BJP), qui les protègent et leur garantissent souvent l’impunité », relève l’évêque.
Le Père Anand, après un énième coup de téléphone anonyme le menaçant de mort, a porté plainte à la police de Bhopal, qui lui a promis de veiller à sa protection.
L’interlocuteur anonyme lui a intimé d’abandonner ses activités sociales. Le prêtre est aussi engagé dans le domaine œcuménique et interreligieux.
Dans un contexte aussi délicat, « nous reposons avant tout notre confiance en Dieu et en sa miséricorde », souligne l’évêque. « Ensuite, nous cherchons à entretenir de bonnes relations avec les leaders religieux hindous et à unir toutes les forces positives ».
« De plus nous avons de bonnes relations avec les mass médias, pour diffuser la vérité : nous avons ainsi l’occasion de faire entendre notre voix et notre version des faits, ajoute-t-il. A côté de cela, nous soutenons une œuvre de sensibilisation des consciences sur les thèmes des droits, à tous les niveaux. Enfin, nous entretenons de bonnes relations avec les autorités civiles et politiques ».
Certains politiques « jouent un double jeu » et, tandis qu’ils serrent la main aux leaders chrétiens, protègent les fondamentalistes hindous. « Ceci ne nous impressionne guère, s’exclame l’évêque. Nous voulons leur faire savoir que nous ne les considérons pas comme nos ennemis. Nous voulons mettre en pratique le commandement évangélique de l’amour de nos ennemis et vivre la non-violence ».
Mgr Thottumarickal rappelle à Fides une autre question sensible : « Au Madhya Pradesh, une loi anti-conversion appelée ‘Freedom of Religion Bill’ est en vigueur depuis 1967. Elle interdit les conversions faites par tromperie, par fraude ou sur la base d’argent. Nous croyons nous aussi dans la conversion qui vient du cœur, opérée par l’Esprit, car sinon cette conversion ne serait pas une vraie conversion. Mais cette loi est utilisée pour limiter la liberté de religion et la liberté de changer de religion ».
Dans un tel contexte, conclut-il, « l’évangélisation est un véritable défi, en raison de ces obstacles et de ces grandes difficultés. De notre côté, nous devons réveiller l’esprit missionnaire des fidèles, à travers une formation permanente ».