Le livre « Pourquoi il est saint », commenté par le card. Saraiva Martins

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Des précisions sur les dernières révélations concernant Jean-Paul II

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ROME, Mardi 16 février 2010 (ZENIT.org) – Le livre publié par le postulateur de la cause de béatification et de canonisation de Jean-Paul II « Pourquoi il est saint » (Editions Rizzoli), soulève de nombreux commentaires, en particulier le passage relatif à la pénitence corporelle. 

Cet ouvrage, écrit à  quatre mains par le prêtre polonais Slawomir Oder et le journaliste Saverio Gaeta, directeur de la revue italienne « Famille chrétienne », fait certaines révélations sur la vie de Karol Wojtyła. 

« Pourquoi il est saint » se divise en trois chapitres : « l’homme », qui est un portrait humain de Jean-Paul II ; « le Pape », où sont soulignés les moments clefs de son pontificat ; « le mystique », qui fait état de son intense vie spirituelle et de son amour pour l’Eucharistie et la Vierge Marie. 

Plusieurs médias, en commentant le livre, se sont focalisés essentiellement sur trois thèmes : le premier est la présumée flagellation de Jean-Paul II ; le deuxième est une lettre écrite en 1994 et dans laquelle le pape affirme qu’il aurait pu renoncer à sa mission en cas « d’infirmité incurable » ou d’empêchement à « exercer (suffisamment) les fonctions du ministère pétrinien »; le troisième est une lettre ouverte adressée à l’homme qui a attenté à sa vie en 1981, Alí Agca. 

Interrogé par ZENIT, le préfet émérite de la Congrégation pour les causes des saints, le cardinal José Saraiva Martins, qui a participé à la présentation du livre, revient sur ces trois questions.

La flagellation

Dans une des dernières pages du livre un paragraphe indique que, selon certains témoins consultés par le postulateur, Jean-Paul II avait recours à « la flagellation », un fait qui reste néanmoins une hypothèse puisque jusqu’à présent personne n’a pu dire y avoir assisté. 

« Dans son armoire, au milieu de ses soutanes, était accrochée à un cintre une ceinture de pantalon particulière, qu’il utilisait comme fouet et qu’il emmenait toujours aussi avec lui à Castel Gandolfo », peut-on lire dans le livre. L’auteur ne donne pas d’autres détails. C’est la seule description faite sur la question, à la page 192. 

Certains journalistes ont dit que la prétendue flagellation de Jean-Paul II pourrait arrêter le procès en béatification ; d’autres ont déclaré que les pénitences rigoureuses du pape étaient la conséquence d’un « déséquilibre mental ». 

Devant ces affirmations, le cardinal Saraiva Martins a expliqué à ZENIT que la flagellation « n’est rien d’autre que la plus belle expression de l’esprit chrétien, de la foi vécue par celui qui veut ressembler au Christ qui a été flagellé ». 

Ce type de pratique est-il donc nécessaire pour devenir saint ? Le cardinal répond que le saint doit « se flageller spirituellement », autrement dit qu’il doit toujours avoir un esprit de pénitence et de sacrifice, être capable d’offrir douleur physique et spirituelle. 

« Il est clair que la sainteté suppose un grand héroïsme dans la vie, de nombreux renoncements, une force de volonté extraordinaire pour pouvoir imiter le Christ, vivre sa vie selon les principes de l’Evangile. Cela suppose un grand courage, exige une préparation spirituelle, de renoncer à tant de choses », a-t-il expliqué. 

Le cardinal Saraiva Martins a souligné que dans le cas des saints qui se sont soumis volontairement à  une pénitence rigoureuse, ces pratiques n’ont rien à voir avec un déséquilibre psychologique : « Les saints sont avant tout des personnes très normales, sinon elles ne pourraient pas devenir saintes. Il y a beaucoup de saints qui pratiquaient la pénitence, c’est un moyen pour dominer son propre corps, donc cela n’a rien à voir avec la psychologie ». 

A propos du renoncement et du pardon au terroriste

Dans un des sous-titres du chapitre consacré au « Pape », Mgr Oder dit que « dans l’Eglise il n’y  pas de place pour un pape émérite ». Dans cette partie du texte il raconte que Jean-Paul II avait l’habitude de répéter : que s’il avait quitté le pontificat cela n’aurait été que pour répondre à la volonté de Dieu. 

« Or ce n’est pas à moi de mettre un terme à ma mission. Le Seigneur m’a conduit ici : Je Le laisse juger et disposer quand ce service doit prendre fin », disait le pape selon les propos rapportés dans le texte. 
 
Le livre présente une lettre, jusqu’ici inédite, écrite par Jean-Paul II en 1994, à l’aube de ses 75 ans, l’âge auquel les évêques et les cardinaux doivent présenter leur démission, une lettre dans laquelle il évaluait la possibilité de se démettre de sa charge en cas d’empêchement physique et mental extrême, mais toujours en accord avec la volonté de Dieu.

Sur cette question, le cardinal Saraiva Martins assure que le livre ne présente « rien de nouveau ». Il s’agit seulement de « suivre les dispositions de Paul VI », qui avait dit qu’il n’aurait pu abandonner sa charge qu’en cas d’« infirmité incurable » l’empêchant, physiquement et psychologiquement, de mener à bien ses responsabilités. Dans ce cas-là, le pape aurait du se démettre devant le Collège des cardinaux. 

Quant à la lettre ouverte à Alí Agca, mentionnée dans le livre et portant la date du 11 septembre 1981, le cardinal Saraiva Martins affirme que ce qui y est écrit est « ce que nous savons tous déjà. Le pape l’a pardonné, même si celui-ci ne lui a pas demandé pardon ». 

Que signifie le mot vénérable?

Le cardinal affirme qu’il n’y a aucune raison que le livre publié récemment retarde ou accélère le procès en béatification du pape, puisque le 19 décembre dernier, le Saint-Siège a publié le décret sur le caractère héroïque de ses vertus. Dès cet instant, Jean-Paul II a recu le titre de vénérable. 

« Lorsque la Congrégation pour les causes des saints reçoit la documentation du candidat en vue de son élévation à la gloire des autels, la première chose qu’elle fait, est d’étudier la manière dont se sont vérifiées ses vertus chrétiennes », observe-t-il. 

« Non pas une sainteté ordinaire, mais une sainteté élevée véritablement au niveau héroïque. L’héroïcité est ce qui distingue le candidat des autres chrétiens ». Ainsi la seule chose qui manque pour que Jean-Paul II devienne bienheureux est la preuve d’un miracle réalisé par son intercession et qui soit inexplicable aux yeux de la science. 

Une imprudence de l’auteur?

Dans chaque procès en béatification, le travail du postulateur est de recueillir des témoignages et informations prouvant la sainteté du candidat. Au procès, son opinion ne compte pas. Tout est étudié par la Congrégation pour les causes des saints. 

Sachant que le postulateur doit rester dans la neutralité, n’est-il pas imprudent qu’il publie un livre intitulé « Pourquoi il est saint », alors que le candidat à la gloire des autels n’a même pas encore été béatifié? 

Le préfet émérite précise que le postulateur « peut dire ce qu’il veut » à titre personnel, et que ce livre « n’a rien à voir avec le procès en soi », donc qu’il ne l’accélère ni ne l’arrête.

Le titre du texte, ajoute-t-il, répond plutôt aux acclamations de l’opinion publique qui, aussitôt après la mort de Jean-Paul II, est descendue dans la rue brandissant des banderoles « santo subito » ( saint tout de suite ). 

Carmen Elena Villa 

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ZENIT Staff

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