ROME, Vendredi 20 novembre 2009 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral du discours que le pape Benoît XVI a prononcé hier jeudi lors de l'audience qu'il a accordée aux enseignants et étudiants des universités catholiques romaines ainsi qu'aux participants à l'Assemblée générale de la Fédération internationale des universités catholiques (FIUC) qui s'est déroulée à Rome du 16 au 20 novembre.

Messieurs les cardinaux,

Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,

Illustres recteurs, autorité académiques et professeurs,

chers étudiants, frères et sœurs !

C'est avec joie que je vous accueille et que je vous remercie d'être venus ad Petri Sedem, pour être confirmés dans votre importante et exigeante tâche d'enseignement, d'étude et de recherche au service de l'Eglise et de la société tout entière. Je remercie cordialement le cardinal Zenon Grocholewski des paroles qu'il m'a adressées en ouvrant cette rencontre, au cours de laquelle nous rappelons deux anniversaires particuliers : le 30e anniversaire de la Constitution apostolique Sapientia christiana, promulguée le 15 avril 1979 par le serviteur de Dieu Jean-Paul ii et le 60e anniversaire de la reconnaissance de la part du Saint-Siège du Statut de la Fédération internationale des universités catholiques (FIUC).

Je suis heureux de rappeler avec vous ces anniversaires significatifs, qui m'offrent l'occasion de souligner encore une fois le rôle irremplaçable des facultés ecclésiastiques et des universités catholiques dans l'Eglise et dans la société. Le Concile Vatican ii l'avait déjà bien souligné dans la Déclaration Gravissimum educationis, lorsqu'il exhortait les facultés ecclésiastiques à approfondir les divers secteurs des sciences sacrées, pour avoir une connaissance toujours plus approfondie de la Révélation, pour explorer le trésor de la sagesse chrétienne, favoriser le dialogue œcuménique et interreligieux, et pour répondre aux problèmes naissants dans le domaine culturel (cf. n.11). Ce même document conciliaire recommandait de promouvoir les universités catholiques, en les répartissant dans les différentes régions du monde et, surtout, en soignant leur niveau qualitatif pour former des personnes qui se passionnent pour la connaissance, prêtes à témoigner de leur foi dans le monde et à exercer des rôles de responsabilité dans la société (cf. n. 10). L'invitation du Concile a trouvé un vaste écho dans l'Eglise. En effet, aujourd'hui il y a plus de 1300 universités catholiques et environ 400 facultés ecclésiastiques, présentes sur tous les continents, un grand nombre d'entre elles étant nées au cours des dernières décennies, témoignant d'une attention croissante des Eglises particulières pour la formation des ecclésiastiques et des laïcs à la culture et à la recherche.

La Constitution apostolique Sapientia christiana, dès ses premières lignes, relève l'urgence, encore actuelle, de surmonter le fossé existant entre foi et culture, en invitant à un plus grand engagement d'évangélisation, dans la ferme conviction que la Révélation chrétienne est une force transformatrice, destinée à imprégner les modes de penser, les critères de jugement, les règles d'action. Celle-ci est en mesure d'illuminer, de purifier et de renouveler les coutumes des hommes et leurs cultures (f. Préambule, 1) et elle doit constituer le point central de l'enseignement et de la recherche, ainsi que l'horizon qui illumine la nature et la finalité de chaque faculté ecclésiastique. Dans cette perspective, alors qu'est souligné le devoir des chercheurs des disciplines sacrées de rejoindre, avec la recherche théologique, une connaissance plus profonde de la vérité révélée, sont encouragés, dans le même temps, les contacts dans les autres domaines du savoir, pour un dialogue fructueux, en particulier dans le but d'offrir une précieuse contribution à la mission que l'Eglise est appelée à exercer dans le monde. Après trente ans, les lignes de fond de la Constitution apostolique Sapientia christiana conservent encore toute leur actualité. Dans la société actuelle, où la connaissance devient toujours plus spécialisée et sectorielle, mais est profondément marquée par le relativisme, il apparaît même encore davantage nécessaire de s'ouvrir à la « sagesse » qui vient de l'Evangile. En effet, l'homme est incapable de se comprendre pleinement lui-même et de comprendre le monde sans Jésus Christ : Lui seul illumine sa véritable dignité, sa vocation, son destin ultime et ouvre le cœur à une espérance solide et durable.

Chers amis, votre engagement de servir la vérité que Dieu nous a révélée participe de la mission évangélisatrice que le Christ a confiée à l'Eglise : c'est donc un service ecclésial. Sapientia christiana cite, à cet égard, la conclusion de l'Evangile selon Matthieu : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils, et du Saint Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés » (Mt 28, 19-20). Il est important pour tous, professeurs et étudiants, de ne jamais perdre de vue l'objectif à poursuivre, c'est-à-dire celui d'être un instrument de l'annonce évangélique. Les années des études ecclésiastiques supérieures peuvent être comparées à l'expérience que les Apôtres ont vécue avec Jésus : en étant avec Lui, ils ont appris la vérité, pour ensuite en devenir partout les annonciateurs. Dans le même temps, il est important de rappeler que l'étude des sciences sacrées ne doit jamais être séparée de la prière, de l'union avec Dieu, de la contemplation - comme je l'ai rappelé dans les récentes catéchèses sur la théologie monastique médiévale -, autrement les réflexions sur les mystères divins risquent de devenir un vain exercice intellectuel. Chaque science sacrée, à la fin, renvoie à la « science des saints », à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à la sagesse, qui est un don de l'Esprit Saint, et qui est l'âme de la « fides quaerens intellectum » (cf. Audience générale, 21 octobre 2009).

La Fédération internationale des universités catholiques (FIUC) est née en 1924 à l'initiative de plusieurs recteurs et elle fut reconnue 25 ans plus tard par le Saint-Siège. Chers recteurs des universités catholiques, le 60e anniversaire de l'érection canonique de votre Fédération est une occasion plus que jamais propice pour dresser un bilan de l'activité accomplie et pour tracer les lignes des engagements futurs.

Célébrer un anniversaire signifie rendre grâce à Dieu qui a guidé nos pas, mais c'est également puiser à sa propre histoire un élan supplémentaire pour renouveler la volonté de servir l'Eglise. En ce sens, votre devise est un programme également pour l'avenir de la Fédération : « Sciat ut serviat », savoir pour servir. Dans une culture qui manifeste un « manque de sagesse, de réflexion, de pensée capable de réaliser une synthèse directrice » (Enc. Caritas in veritate, n. 31), les universités catholiques, fidèles à leur identité qui fait de l'inspiration chrétienne une qualité particulière, sont appelées à promouvoir une « nouvelle synthèse humaniste » (ibid., n. 21), un savoir qui soit « sagesse capable de guider l'homme à la lumière des principes premiers et de ses fins dernières » (ibid., n. 30), un savoir illuminé par la foi.

Chers amis, le service que vous accomplissez est précieux pour la mission de l'Eglise. Alors que je présente à tous des vœux sincère pour l'année académique qui vient de commencer et pour le plein succès du Congrès de la FIUC, je confie chacun de vous et les institutions que vous représentez à la protection maternelle de la Très Sainte Vierge, Siège de la Sagesse, et je donne avec plaisir à vous tous ma Béné diction apostolique.

© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice du Vatican

Traduction française : Zenit