ROME, Mardi 13 mai 2008 (ZENIT.org) - En Birmanie, l'Eglise catholique s'organise pour secourir les victimes du cyclone Nargis, indique « Eglises d'Asie », l'agence des Missions étrangères de Paris (EDA).
Depuis le passage du cyclone Nargis sur le delta de l'Irrawaddy, l'Eglise catholique locale tente de s'organiser pour venir au secours des rescapés du désastre. A l'initiative de l'archidiocèse de Rangoun, un comité de coordination a été formé, le Myanmar Disaster Relief Committee (MDRC), afin d'épauler l'action de Karuna, appellation de la Caritas locale. Dans un contexte politique sensible, où les généraux au pouvoir n'entrouvrent que très partiellement les frontières du pays à l'aide internationale, l'Eglise catholique de Birmanie a lancé un appel à l'aide, les besoins en secours étant considérables.
Le 8 mai, soit cinq jours après le passage du cyclone, Mgr Salvatore Pennacchio, délégué apostolique auprès du Myanmar (nom officiel de la Birmanie), a pu se rendre à Rangoun, de Bangkok où il réside habituellement. En compagnie de l'archevêque de Rangoun, Mgr Charles Bo, Mgr Pennacchio a constaté de visu les dégâts causés par la tempête ; il s'est rendu dans plusieurs localités autour de l'ex-capitale du pays. Selon Mgr Bo, le nombre des morts se situe dans une fourchette très imprécise, entre 25 000 et 100 000 victimes ; plus de 200 000 personnes seraient portées disparues. A Laputta, localité située à 120 km au sud-ouest de Rangoun, le délégué apostolique a constaté que l'aide internationale arrivait petit à petit sur place.
Selon la branche caritative de l'Ordre de Malte, un camion de l'organisation humanitaire internationale est arrivé à Laputta le 11 mai, après un voyage par voie de terre sans obstacles majeurs. Un centre de soin improvisé a été monté dans la maison d'un membre local de l'Ordre de Malte. Deux médecins et une infirmière ont commencé à y soigner des personnes atteintes de diarrhée et de maladies respiratoires. L'une des urgences consiste à fournir de l'eau potable aux populations rescapées. Selon une source catholique locale, le nombre des morts pour le seul diocèse de Rangoun pourrait être de 100 000 et il serait aussi élevé pour le diocèse de Pathein, dont le territoire recouvre en grande partie le delta de l'Irrawaddy (1).
Sur place, les témoignages des rescapés sont le plus souvent insoutenables. Dans le village de Leieintan, où seule une maison est encore debout et où les églises baptiste et catholique ont toutes deux perdu leur toit, un catholique ne trouve pas les mots pour exprimer la vision de ce qui était le grenier à riz du pays, aujourd'hui jonché de cadavres d'êtres humains ou d'animaux. Les récits sont nombreux de parents qui ont trouvé refuge dans des arbres et qui ont perdu leurs enfants, emportés par des flots montés jusqu'à une hauteur de 4 mètres.
Sur place toujours, les responsables des ONG internationales qui ont pu entrer dans le pays se plaignent de l'attitude des autorités. « Le gouvernement veut garder le contrôle complet de la situation, bien qu'il n'arrive pas à apporter suffisamment d'aide là où elle est nécessaire et en dépit du fait qu'il n'a pas l'expérience de ce type de crise. Nous devons rendre compte de tout ce que nous faisons, de chacune des décisions que nous prenons. Ils ont des yeux et des oreilles partout », témoigne l'un d'entre eux, sous le couvert de l'anonymat.
(1) La population de la Birmanie est de 50 millions d'habitants, dont 89 % sont bouddhistes. Les chrétiens sont environ 4 % (protestants aux trois quarts et catholiques pour un quart). Dans le diocèse de Rangoun, on compte 82 000 catholiques pour 15 millions d'habitants (0,5 %), et, dans celui de Pathein, 72 000 catholiques pour 5 millions d'habitants (1,4 %).