ROME, Mercredi 16 janvier 2008 (ZENIT.org) – « Vouloir suivre Jésus Christ à deux tout au long de sa vie, fortifiés par le sacrement du mariage et témoigner que le mariage pour toujours est possible, qu’il est chargé d’une dimension spirituelle et humaine qu’il faut faire grandir » : telles sont les finalités communes vers lesquelles tendent les quelque 50.000 couples des Equipes Notre-Dame à travers le monde.
Nous publions ci-dessous la deuxième partie de cette enquête. Pour la première partie, cf. Zenit du 15 janvier.
Qu’ils soient en Europe, en Amérique du Nord, en Afrique, en Amérique latine, en Asie ou en Océanie, tous les couples des Equipes Notre-Dame reconnaissent que « vouloir suivre le Christ à deux, tout au long de sa vie, fortifiés par le sacrement du mariage, n’est pas facile ».
L’Eglise a pris conscience de ce besoin : réflexions et pastorales conjugales et familiales deviennent aujourd’hui prioritaires. Et le Mouvement des Equipes ND, indépendamment des conditions historiques, des climats psychologiques et sociologiques très divers et en constante évolution auxquels il est confronté, s’efforce de répondre à ce besoin.
Mais si le nombre des Equipes Notre Dame ne cesse d’augmenter à travers le monde, les réponses à ces efforts sont très contrastées selon les pays.
Au Canada
Ainsi au Canada, les responsables nationaux Mario Foley et Marie-Esther Blais, qui habitent le Québec, parlent d’un ‘recrutement’ difficile et d’un ‘vieillissement’ des Equipes. Egalement interrogés par ZENIT, ils donnent plusieurs raisons de cela : « une société de plus en plus laïque ; une pratique religieuse en net déclin ; moins de mariages à l’Eglise ; moins de facilité à transmettre la foi via l’école ; l’apparition des sectes ».
Cela dit, Mario Foley et Marie-Esther Blais constatent au sein des équipes, formées dans l’ouest canadien, l’apparition d’une nouvelle génération de couples immigrants de pays où la foi chrétienne est plus vivante comme les pays d’Amérique du Sud.
« Les équipiers d’aujourd’hui ont en tout premier lieu la conviction que la foi s’entretient et qu’il faut la nourrir de différentes façons », soulignent-ils. Le grand défi pour eux, ajoutent-ils, consiste à « apprécier toute la valeur du sacrement du mariage, de l’engagement qu’il demande et de la nécessité d’y inclure des valeurs comme la fidélité, la foi, l’accueil de l’autre et la capacité de partager d’égal à égal », des valeurs qui existent dans la société en général mais où, déplorent-ils, « le côté spirituel de cet engagement est très souvent absent ».
Mais pour Mario Foley et Marie-Esther Blais, « comme la foi n’est pas ‘cultivée’, le sens du mariage n’est pas bien compris et les jeunes ne voient pas l’utilité d’une telle cérémonie ».
Parmi les autres défis mis en avant par les responsables canadiens, la baisse du nombre des mariages à l’Eglise, et le fait que « ce ‘moment’ n’offre de toute façon pas plus de garanties pour la durée du mariage, considérant l’augmentation des cas de divorce (au Québec un couple sur deux divorce) ».
Ils relèvent toutefois que la majorité des couples mariés ou non, tiennent à faire baptiser leur enfant.
Une situation générale qui, au Canada, a des répercussions immédiates sur cet outil de croissance que sont les Equipes Notre Dame auxquelles ne peuvent avoir accès certains couples croyants et pratiquants à cause de situations de divorce ou de séparation.
En Afrique
En revanche, en Afrique, où le mouvement est présent dans 12 pays (300 équipes de base regroupant 1500 couples accompagnés de 172 conseillers spirituels) avec un taux de progression annuel supérieur à 10% dans plusieurs pays, la moisson est abondante.
« La proposition de cheminer vers la sainteté en couple avec l’appui d’une équipe, correspond bien à certaines cultures, par exemple au Togo et au Congo » expliquent Odile et Jean Jaujay, les responsables pour l’Afrique à ZENIT.
Le message du P. Caffarel « y résonne de manière particulièrement prophétique et les couples END se révèlent comme des acteurs dynamiques du développement du mouvement mais aussi de la pastorale familiale et de l’évangélisation des familles », soulignent-ils
22 ans au Togo, 14 ans au Gabon, 2 ans au Niger…. La présence du mouvement dans bon nombre de pays africains est récente, dans une Eglise elle-même d’implantation récente mais dynamique et dont les besoins de pastorale sont immenses.
Odile et Jean Jaujay sont admiratifs « de la foi chrétienne des équipiers qu’ils sont appelés à rencontrer sur le continent, de leur vécu de couple, de leur manière de témoigner, dans un environnement parfois violent, toujours difficile, de l’amour du Père, de celui de l’homme et de la femme et de leur responsabilité de parents ».
« L’égalité en couple et sous le regard de Dieu de l’homme et de la femme est une découverte forte dans beaucoup de cultures locales traditionnelles ou non », ont-ils confié. Si bien que « le devoir de s’asseoir » reste pour eux, le point concret d’un effort cité comme le plus difficile à vivre.
Aujourd’hui, les responsables pour le continent africain espèrent pouvoir consolider et développer le mouvement des END là où il est présent, en particulier à Kinshasa, en République démocratique du Congo, mais aussi faire émerger de nouvelles équipes en Côte d’Ivoire et au Burundi.
Au Liban
« Consolider le mouvement, insister sur la formation » entrent aussi dans le projet des Equipes Notre-Dame présentes au Liban depuis 1963 : 46 équipes qui font partie intégrante de l’Eglise locale (le mouvement est membre de la Commission épiscopale pour la famille et du Conseil des Laïcs, deux instances liées directement à l’Association des patriarches et des évêques catholiques au Liban), précisent Georges et Mahassen Khoury, responsables des END au Liban.
Interrogés par ZENIT sur la spécificité de leur mission dans cette région, le couple met en avant certaines particularités qui, au Liban et au Moyen-Orient, les exhortent à réfléchir plus profondément. En particulier, expliquent-ils « la présence d’orthodoxes dans nos équipes pourra avoir une dimension œcuménique pour le mouvement au Liban et au Moyen-Orient ».
D’autre part, « la plupart des prêtres conseillers spirituels qui accompagnent les équipes sont mariés [l’Eglise maronite admet l’ordination d’hommes mariés, ndlr], et plusieurs prêtres avec leurs femmes ont intégré les équipes comme de simples équipiers », ajoutent-ils.
Enfin, Georges et Mahassen Khoury relèvent que des couples musulmans sont intéressés à la méthode END, avec une prédilection pour la prière conjugale et le ‘devoir de s’asseoir’ ». Ils relèvent que « Marie, patronne des END, est également très vénérée par l’islam et les musulmans » et pensent donc qu’ « elle pourra être considérée comme un message de paix et de réconciliation entre les peuples et les religions ».
A noter que la Région Liban est responsable aussi de 2 équipes qui résident à Dubaï, dans le Golfe persique, et qu’elle collabore étroitement avec le foyer responsable des END en Syrie. En Syrie où ZENIT a rejoint Fares et Carole Kassabji, le couple responsable de la Région qui a assuré le lancement des équipes ND à Dubaï et fait la liaison du Golfe avec la Syrie.
En Syrie
Les 51 équipes « sont protégées par l’Eglise, donc par l’Etat mais ne sont pas reconnues comme mouvement indépendant » explique le couple qui estime « avoir la chance d’avoir à faire à un régime ouvert qui protège les minorités en général et entre autres les chrétiens, et donc de pouvoir pratiquer librement et en public ».
« Trad
itionnellement, le mariage chrétien est très bien accepté en Syrie » poursuit le couple qui remarque cependant que celui-ci enregistre actuellement une certaine crise due « aux problèmes économiques et à une certaine mise en cause des valeurs traditionnelles comme la virginité, la chasteté avant le mariage, le nombre des enfants, le divorce, la contraception ».
De plus, l’émigration constante de jeunes garçons chrétiens à l’étranger se poursuivant, le couple constate que « le nombre des jeunes filles chrétiennes augmente, les relations avec les garçons musulmans aussi, cette situation conduisant à des mariages mixtes avec tous les problèmes qui peuvent en découler ».
Dans un pays comme la Syrie à majorité musulmane, où les chrétiens sont de plus en plus minoritaires (8%), les END subissent la pression internationale vis-à-vis des pays musulmans. Fares et Carole Kassabji eux-mêmes ne cachent pas qu’ils « se sentent dans une situation embarrassante ». Ils disent percevoir aujourd’hui une « augmentation du racisme religieux » à leur égard.
Mais déterminés à répondre au dessein missionnaire des Equipes Notre-Dame, qui consiste à « montrer la richesse du mariage chrétien » à travers le monde, le couple responsable pour la région Syrie cherche, avec ses équipes, à répandre l’idée qu’ils sont « des chrétiens orientaux rattachés à ce pays ; que le christianisme est né dans ce pays et que chrétiens et musulmans peuvent vivre ensemble ».
En Syrie, « les couples intégrés au mouvement apprécient les richesses qu’ils ont reçues et ont à cœur d’inviter les jeunes foyers à les rejoindre », rapportent Fares et Carole Kassabji, qui expliquent ainsi « l’expansion du mouvement tant dans les milieux catholiques qu’orthodoxes ».
En effet, précisent-ils, « 8 équipes ‘orthodoxes’ utilisent les mêmes documents et vivent la même spiritualité sans pour autant appartenir au mouvement ».
Fares et Carole Kassabji espèrent aujourd’hui l’apparition d’une revue en langue arabe et spécialisée dans la famille chrétienne pour « insuffler l’esprit d’espérance et de charité » dans la région.
Enfin, après ce tour d’horizon sur la vie des Equipes Notre-Dame et sur leur expansion à travers le monde, il faut noter que depuis 2005 une nouvelle super-Région « transatlantique » a été formée pour coordonner et développer le mouvement dans toutes les parties anglophones en Europe, en Afrique et aux Caraïbes.
Isabelle Cousturié