ROME, Vendredi 21 septembre 2007 (ZENIT.org) – Face aux violences qui continuent de déchirer le Liban, l’Eglise demande aux hommes politiques de ne pas détruire le pays et de rechercher le bien commun.
C’est en substance ce qu’a déclaré l’évêque maronite de Jbeil Mgr Bechara Raiï, interpellé par Radio Vatican au lendemain de l’assassinat du député chrétien Antoine Ghanem, Franco-Libanais, membre du parti chrétien Kataëb (parti des Phalanges) et de huit autres personnes à Sin el-Fil, dans un quartier chrétien de la banlieue est de Beyrouth.
L’assassinat d’Antoine Ghanem, qui porte un nouveau coup à la majorité anti-syrienne au Liban, a eu lieu à la veille des élections présidentielles qui doivent se dérouler la semaine prochaine au Liban.
« A chaque fois que nous avons l’impression d’avancer et avons un peu d’espoir de sortir de cet enfer du terrorisme, voilà que tout recommence », a relevé Mgr Raiï.
« La population est de plus en plus déprimée et ne voit plus d’issue ».
Mgr Raiï pense qu’il est encore trop tôt pour déterminer qui sont les responsables de cet attentat. Mais le gouvernement, a-t-il rappelé, a demandé au secrétaire général de l’ONU de réclamer une enquête sur ce qui s’est passé, auprès du Tribunal International.
« Nous savons, hélas, que derrière cet attentat se cachent tous ceux qui ne veulent pas de la stabilité au Liban. Dans notre pays, nous faisons les frais d’un conflit régional qui doit être affronté dans le cadre d’une stratégie internationale. Nous, nous ne faisons que payer pour les autres », a-t-il déclaré.
« Aujourd’hui on sait que les conséquences de la guerre en Irak, en particulier le conflit entre confessions sunnites et chiites, a des répercussions sur tout le Liban ».
C’est pourquoi, estime l’évêque, parler de solutions doit nécessairement vouloir dire « parler, pour ce qui est de la partie sunnite, avec l’Arabie Saoudite, l’Egypte, les Etats-Unis et leurs alliés, et pour ce qui est de la partie chiite, avec l’Iran et la Syrie ».
Le fait que cet attentat ait eu lieu à quelques jours de l’élection présidentielle, a poursuivi Mgr Bechara Raiï, montre que l’on essaie à tout prix « d’éliminer tous ceux qui, au sein de la majorité, sont opposés aux Hezbollahs ».
« Malheureusement je dois tous les accuser, chrétiens et musulmans, a-t-il déclaré, qu’il s’agisse de ceux qui cherchent un soutien de la part des sunnites ou des chiites, que ceux qui visent une aide de la part de l’occident et de l’orient : pour moi, ils sont tous responsables de la même manière de tous les crimes commis au Liban ».
« Et cela parce que chacun cherche ses propres intérêts : le peuple et le pays entier sont en train d’en payer le plus haut prix. Car ces personnes ne font certes pas le bien du Liban : ni celui du peuple ni celui de l’Etat ».
Les Libanais, a-t-il souligné, « ne veulent plus de ce système de vie, de cette manière de conduire la politique. Il y a une désagrégation sociale, une désagrégation économique, une désagrégation politique. Et il y a une hémorragie. Le peuple est désormais à terre, à tous les niveaux, et l’émigration se poursuit ».
Face à cette situation, l’Eglise du pays demande « de pacifier les cœurs, de rester unis et solidaires dans la foi ».
Mais l’appel principal « ne s’adresse pas au peuple : l’appel le plus important, les évêques du pays l’ont lancé hier, dans leur message aux responsables, aux gouvernants et aux hommes politiques, en leur demandant : cessez de détruire le pays au profit d’intérêts purement personnels, que ces intérêts soient de nature régionale ou internationale ».