Le nouvel An juif approche : découverte des « fêtes d’automne » (2)

Par le P. Michel Remaud

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ROME, Mardi 11 septembre 2007 (ZENIT.org) – Jeudi prochain, 13 septembre, les Juifs fêtent le Nouvel An (Rosh ha-shana 5768). C’est le début des « fêtes d’automne » que le Père Michel Remaud, directeur de l’Institut chrétien d’Etudes juives et de littérature rabbinique, à Jérusalem, fait découvrir aux lecteurs de Zenit. Après la fête du Nouvel An et celle de Kippour, voici la fête de Succot.

Rappelons que le dimanche 16 septembre 2007 a été choisi pour « éveiller les chrétiens à l’enracinement de notre foi dans l’Alliance conclue par Dieu avec le peuple juif et à l’importance de tisser des liens personnels de connaissance et d’estime mutuelle » (cf. (http://catholique-paris.cef.fr).

Cette initiative est organisée en France conjointement par le Service national pour les Relations avec le Judaïsme et la Commission Chrétiens et Juifs de la Fédération Protestante de France. Initialement proposée dans l’Ile de France, elle s’étend maintenant différentes régions de France.

Les fêtes juives d’automne, par le P. Remaud

Le quinze de tishri commence la fête de Succot, qui dure une semaine comme celle de la Pâque, et qui est désignée souvent dans les traductions et le vocabulaire chrétiens par l’expression de « fêtes des Tentes », à partir du grec, ou des Tabernacles, d’après le latin, ou Scénopégie dans les anciennes traductions. De tout le calendrier juif, c’est la fête la plus riche en symboles. Le nom de la fête est dû au précepte biblique d’habiter pendant une semaine sous des huttes (Lv 23, 34-36 et parallèles). Ces huttes (succot, succa au singulier) qui doivent être provisoires et non fixes (dès la fin de la fête de kippour, on doit s’activer pour commencer à les construire et les décorer) veulent rappeler les quarante ans au cours desquels Israël a vécu dans le désert sous des abris précaires. On doit y prendre au moins les repas festifs, mais certains y passent même la nuit. En même temps, le toit à claire-voie, à travers lequel on doit apercevoir les étoiles, doit rappeler qu’Israël n’a d’autre véritable protection que la nuée divine, qui est la véritable succa. À partir du prophète Zacharie, cette fête, qui est à l’origine une fête agraire marquant la rentrée des récoltes, acquiert une signification eschatologique et annonce le rassemblement des peuples à la fin des temps (Za 14,16-19).

À la synagogue, la liturgie est marquée par l’usage du lulav, faisceau de branches de saule, de myrte et de palmier, porté en procession avec l’éthrog, une variété de gros citron, selon le précepte de Lévitique 23,40. À partir du verset biblique « Vous vous réjouirez devant le Seigneur votre Dieu pendant sept jours » (Lv 23,40), on considère que la joie, en tant que telle, fait l’objet d’un précepte positif, et que l’on enfreint ce précepte en étant triste pendant cette période. Le Talmud de Jérusalem dit que la fête de Succot, à l’époque du second Temple, « était une fête dont on ne pouvait se faire aucune idée si on ne l’avait pas vue et dont rien n’approchait en fait de réunion joyeuse. » Le dernier jour de la fête, le plus solennel (cf. Jn 7,37) est désigné par l’expression de « Hoshana rabba », le grand hosanna. Ce jour-là, la « procession des rameaux » fait sept fois le tour de la synagogue. Cette journée de fête se termine par une prière pour demander la pluie, qui n’est pas tombée, en terre d’Israël, depuis le printemps (mais on ne doit pas la demander tant qu’on doit prendre les repas sous la succa !). On peut dire ici un mot rapide sur le rapport entre Succot et l’eau. À l’époque du second temple, on descendait solennellement à la piscine de Siloé pour y puiser de l’eau et le cortège accompagnant le prêtre portant la cruche remontait au son des trompettes vers le Temple, où l’eau était répandue en libation. Les commentaires de l’époque, auxquels fait écho l’évangile de Jean (7,37-39) voient dans l’eau le symbole de l’Esprit saint, qui est la cause de la joie caractéristique de Succot : l’Esprit saint, dit le Talmud, ne peut reposer que sur un cœur joyeux. En puisant l’eau à Siloé, on puisait l’Esprit saint. On interpète ainsi le verset d’Isaïe « Dans la joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut (Is 12,3).

Le septième et dernier jour de Succot est suivi d’une fête supplémentaire, « Shemini atséret » (Nb 29,35), huitième jour, en quelque sorte, d’une fête qui en compte sept. Cette fête coïncide en Israël avec la fête, d’institution beaucoup plus récente de « Simhat Tora », célébrée le lendemain en diaspora. On lit ce jour-là les derniers versets du Deutéronome et les premiers de la Génèse, pour manifester que la lecture de la Tora se fait sans interruption.

Le Nouveau Testament contient plusieurs allusions à la fête de Succot : la parole de Jésus sur l’eau et l’Esprit, déjà signalée ; les récits de la transfiguration, où Pierre propose de dresser trois tentes (Mt 17,1-9) ; l’entrée de Jésus à Jérusalem (Mt 21,8) ; le passage de l’Apocalypse où les élus se tiennent avec des palmes à la main (Ap 7,9), et probablement d’autres passages où des allusions voilées à Succot, et aux fêtes d’automne en général, doivent être déchiffrées.

© Michel Remaud

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ZENIT Staff

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