ROME, Mardi 26 juin 2007 (ZENIT.org)–Benoît XVI souhaite qu’en Europe « les universités deviennent de plus en plus des communautés engagées dans la recherche inlassable de la vérité, « des laboratoires de culture » dans lesquels les professeurs et les étudiants soient unis dans l’exploration des questions d’importance particulière pour la société » : l’agence vaticane Fides insiste sur cet appel de Benoît XVI.
Benoît XVI a reçu, samedi 23 juin, dans la salle Paul VI au Vatican, les participants à la Rencontre européenne des professeurs d’université sur le thème « Un nouvel humanisme pour l’Europe. Le rôle des universités ».
Ce congrès était organisé par le Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE) et par le Bureau pour la pastorale universitaire du Vicariat de Rome, pour marquer le 50e anniversaire des Traités de Rome, qui allait fonder l’Union européenne.
Le pape a exprimé le souhait que « les universités deviennent de plus en plus des communautés engagées dans la recherche infatigable de la vérité, des « laboratoires de culture » dans lesquels les professeurs et les étudiants soient unis pour explorer les questions d’importance particulière pour la société, en utilisant des méthodes interdisciplinaires et en comptant sur la collaboration des théologiens ».
Le pape espère que les nouvelles formes de collaboration entre les différentes communautés académiques permettront aux universités catholiques, particulièrement nombreuses sur le continent européen, de rendre témoignage de la « fécondité historique de la rencontre entre foi et raison ».
« Chers amis, encourageait le pape, que vos délibérations de ces journées soient fécondes et contribuent à créer un réseau actif d’opérateurs universitaires engagés à apporter la lumière de l’Evangile à la culture contemporaine ».
Benoît XVI faisait remarquer que « bien que l’Europe vive actuellement une certaine instabilité sociale et une certaine méfiance à l’égard des valeurs traditionnelles, son histoire particulière et les solides institutions académiques peuvent beaucoup contribuer à la formation d’un avenir d’espérance ».
La « question de l’homme », qui est au centre de nos débats, soulignait le pape, est essentielle pour une compréhension correcte des évolutions culturelles actuelles. En outre, elle offre un point de départ ferme à l’effort des universités pour créer une nouvelle présence culturelle et une activité de service d’une Europe plus unie ».
Pour ce qui est du « nouvel humanisme », Benoît XVI a rappelé qu’historiquement « l’humanisme s’est développé en Europe grâce à l’interaction féconde entre les différentes cultures de ses peuples et la foi chrétienne. Aujourd’hui, l’Europe doit protéger son ancienne tradition et se la réapproprier, si elle désire rester fidèle à sa vocation de berceau de l’humanité. L’actuel changement culturel est souvent considéré comme un « défi » à la culture universitaire et au christianisme lui-même, plutôt qu’un « horizon » sur le fond duquel peuvent et doivent être trouvées des solutions créatives ».
C’est pourquoi Benoît XVI a réaffirmé la nécessité d’« une réflexion profonde sur un certain nombre de questions fondamentales ».
En premier lieu, le pape évoquait la nécessité d’une étude exhaustive de la crise de la modernité, en faisant remarquer que « l’anthropocentrisme qui caractérise la modernité ne doit jamais être hostile à une reconnaissance de la pleine vérité sur l’homme, qui inclut sa vocation transcendante ».
Une seconde question implique, selon Benoît XVI, l’élargissement de notre idée de rationalité : « Le concept de raison doit être ‘élargi’ pour être en mesure d’explorer et de comprendre ces aspects de la réalité qui vont au-delà de la simple dimension empirique. Cela permettra une approche plus féconde et complémentaire du rapport entre foi et raison ».
Une troisième question concerne la contribution du christianisme à l’humanisme de l’avenir : « La question de l’homme, et donc de la modernité, défie l’Eglise d’imaginer des modes d’annonce efficaces pour la culture contemporaine du ‘ réalisme’ de la foi dans l’œuvre salvifique du Christ. Le christianisme ne doit pas être relégué dans un monde du mythe ou de l’émotion, mais il doit être respecté pour son désir de faire la lumière sur la vérité concernant l’homme, pour être en mesure de transformer spirituellement les hommes et les femmes, et donc leur permettre de réaliser leur vocation au cours de l’histoire ».
Le pape a en outre souligné que « la société a un besoin urgent du savoir que la communauté universitaire fournit » et que « les professeurs universitaires, en particulier, sont appelés à incarner la vertu de la charité intellectuelle, redécouvrant leur vocation primordiale à former les générations futures non seulement par l’enseignement, mais aussi à travers le témoignage prophétique de leur vie ».
« L’Université, de son côté, ajoutait le pape, ne doit jamais perdre de vue son appel particulier à être une « universitas » dans laquelle les disciplines variées, chacune à sa manière, soient considérées comme une partied’un tout plus grand (…). L’effort de réconciliation de la tendance à la spécialisation et de la nécessité de protéger l’unité du savoir peut encourager la croissance de l’unité européenne et aider le continent à redécouvrir sa « vocation » culturelle spécifique dans le monde d’aujourd’hui. Seule une Europe consciente de son identité culturelle peut apporter une contribution spécifique aux autres cultures, tout en restant ouverte à la contribution d’autres peuples ».