ROME, Mercredi 20 juin 2007 (ZENIT.org) – « La politique de l’enfant unique et « la culture de l’avortement en Chine » : « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA 465) publie cette réflexion de Kent Ewing, professeur à la Hong Kong International School. Nous publions ce deuxième volet (cf. Zenit du 19 juin pour le premier volet).
Dans ce district de Bobai, la brutalité des autorités locales dans l’application de la politique de l’enfant unique a déclenché des émeutes dans près d’une trentaine de villages et localités du district. Ces actes de révolte ont commencé après que des représentants des autorités eurent saccagé les habitations des personnes qui ne pouvaient pas payer les amendes qui leur étaient demandées du fait d’avoir enfreint la politique de l’enfant unique. Cherchant à se venger de l’humiliation et des dommages causés, des villageois en colère n’ont pas hésité à investir des bâtiments publics et à les saccager. Il a été rapporté que quelques uns ont tenté d’y mettre le feu. Au total, plusieurs milliers d’habitants se sont ainsi mobilisés.
Pour étouffer la rébellion, le gouvernement de la province a dépêché plusieurs centaines de policiers armés, mais, à la fin, seulement vingt-huit personnes ont été interpellées, a rapporté l’agence Chine Nouvelle, pour « atteinte à des biens publics ». Toujours selon l’agence officielle, 4 200 cadres du Parti ont été envoyés dans les villages pour renouer le dialogue avec les habitants, entendre leurs plaintes et apaiser les tensions.
A la base de cette soudaine éruption de violence, on trouve le mode de fonctionnement de la bureaucratie chinoise. Le gouvernement provincial a décrété que, cette année, l’avancement politique – et même le simple maintien en poste – des fonctionnaires locaux dépendraient de leur capacité à tenir les objectifs fixés, dans le domaine de la politique de l’enfant unique comme dans d’autres domaines. Ayant reçu une mise en garde de leurs supérieurs du fait d’un nombre excessif de naissances dans leur district, les fonctionnaires du district de Bobai ont décidé de faire appliquer, par la brutalité si nécessaire, la politique de planning familial.
Depuis le début, la politique de l’enfant unique a été source de difficultés. Des études officielles l’indique, son application n’a été que très partielle, 35 % de la population y étant véritablement soumis. Dans les campagnes, un second enfant est toléré dès lors que le premier est une fille – et il n’est pas rare de voir des familles de trois, quatre ou cinq enfants. A Bobai, il semble que, ces dernières années, l’administration se soit montrée plutôt laxiste dans l’application du principe de l’enfant unique, jusqu’à l’année dernière. Les fonctionnaires locaux voyant leur avenir compromis, ils ont choisi d’agir, les populations locales ont réagi et, durant au moins deux jours, une trentaine de villages et bourgs ont été le théâtre de violences.
A l’approche du 17ème congrès du Parti communiste, qui se tiendra à Pékin cet automne, la haute direction chinoise n’avait pas vraiment besoin de cela, elle dont le mot d’ordre est le maintien d’« une société harmonieuse » et qui veut faire des Jeux olympiques 2008 une vitrine de la réussite du pays. Des incidents comme ceux qui se sont produits à Bobai sont la cause d’un réel embarras.
(à suivre)