ROME, Mercredi 13 juin 2007 (ZENIT.org) – « L’histoire que Dieu réalise pour l'homme, il ne la réalise pas sans lui. S'arrêter pour contempler les ‘hauts faits’ de Dieu signifierait ne voir qu'un aspect des choses. Face à celles-ci se trouve la réponse des hommes »: Benoît XVI cite ce passage d’une réflexion du cardinal Daniélou sur l’histoire et la liberté humaine, à propos de « l’Histoire ecclésiastique » d’Eusèbe de Césarée auquel il a consacré sa catéchèse du mercredi.
« Eusèbe, évêque de Césarée en Palestine fut le représentant le plus qualifié de la culture chrétienne de son époque dans des contextes très variés, de la théologie à l'exégèse, de l'histoire à l'érudition. Eusèbe est en particulier célèbre comme le premier historien du christianisme, mais il fut également le plus grand philologue de l'Eglise antique », faisait observer le pape.
C'est à Césarée, rappelait Benoît XVI « qu'Origène s'était réfugié en arrivant d'Alexandrie, et c'est là qu'il avait fondé une école et une importante bibliothèque », une bibliothèque décisive dans la formation du jeune Eusèbe.
« En 325, en tant qu'évêque de Césarée, il joua un rôle important dans le Concile de Nicée. Il en approuva le Credo et l'affirmation de la pleine divinité du Fils de Dieu, défini pour cela ‘de la même substance’ que le Père », soulignait le pape.
« Eusèbe se propose, expliquait Benoît XVI, de réfléchir et de faire le point sur trois siècles de christianisme, trois siècles vécus sous la persécution en puisant largement aux sources chrétiennes et païennes conservées en particulier dans la grande bibliothèque de Césarée », et il expliquait ainsi que « la renommée d'Eusèbe reste surtout liée aux dix livres de son ‘Histoire ecclésiastique’ ».
Il est en effet le premier écrivain à avoir écrit « une histoire de l'Eglise, qui reste fondamentale grâce aux sources placées par Eusèbe à notre disposition pour toujours ».
« Eusèbe, précisait encore le pape, traite de divers secteurs: la succession des Apôtres comme ossature de l'Eglise, la diffusion du message, les erreurs, puis les persécutions de la part des païens et les grands témoignages qui sont la lumière de cette Histoire. Dans tout cela transparaissent pour lui la miséricorde et la bienveillance du Sauveur. Eusèbe inaugure ainsi l'historiographie ecclésiastique, poussant son récit jusqu'en 324, année où Constantin, après la défaite de Licinius, fut acclamé unique empereur de Rome ».
Benoît XVI faisait observer que l’histoire telle qu’elle est conçue par Eusèbe est « une histoire ‘christocentrique’ dans laquelle se révèle progressivement le mystère de l'amour de Dieu pour les hommes ».
Mais le pape relevait une « autre caractéristique, qui restera constante dans l'antique historiographie ecclésiastique: c'est ‘l'intention morale’ qui préside au récit ».
« L'analyse historique, précisait encore le pape, n'est jamais une fin en elle-même; elle n'est pas seulement faite pour connaître le passé; elle vise plutôt de manière décidée à la conversion, et à un authentique témoignage de vie chrétienne de la part des fidèles. Elle est un guide pour nous-mêmes ».
Et d’actualiser le message d’Eusèbe pour les chrétiens d’aujourd’hui en interrogeant : « Quelle est notre attitude à l'égard des événements de l'Eglise ? Est-ce l'attitude de celui qui s'y intéresse par simple curiosité, peut-être en recherchant à tout prix ce qui est sensationnel ou scandaleux ? Ou bien l'attitude pleine d'amour, et ouverte au mystère, de celui qui sait — par foi — pouvoir retrouver dans l'histoire de l'Eglise les signes de l'amour de Dieu et les grandes œuvres du salut qu'il a accomplies ? Si telle est notre attitude, nous ne pouvons que nous sentir encouragés à une réponse plus cohérente et généreuse, à un témoignage de vie plus chrétien pour laisser les signes de l'amour de Dieu également aux générations futures ».
Le pape concluait en citant le cardinal Daniélou : « ‘Il y a un mystère’, ne se lassait pas de répéter cet éminent expert des Pères de l'Eglise que fut le cardinal Jean Daniélou: ‘Il y a un contenu caché dans l'histoire... Le mystère est celui des œuvres de Dieu, qui constituent dans le temps la réalité authentique, cachée derrière les apparences... Mais cette histoire que Dieu réalise pour l'homme, il ne la réalise pas sans lui. S'arrêter pour contempler les ‘hauts faits’ de Dieu signifierait ne voir qu'un aspect des choses. Face à celles-ci se trouve la réponse des hommes’ ».
Eusèbe de Césarée, ajoutait le pape, « nous invite à nous étonner, à contempler dans l'histoire les hauts faits de Dieu pour le salut des hommes. Et avec tout autant d'énergie, il nous invite à la conversion de notre vie. En effet, face à un Dieu qui nous a aimés ainsi, nous ne pouvons pas rester inertes. L'instance propre à l'amour est que la vie tout entière doit être orientée vers l'imitation de l'Aimé. Faisons donc tout notre possible pour laisser dans notre vie une trace transparente de l'amour de Dieu ».
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