ROME, Mercredi 6 juin 2007 (ZENIT.org) – « Il n’y a pas de vraie justice sans charité et il n’y a pas de vraie charité sans vérité », affirme le président du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’, le cardinal Renato Martino.
Le cardinal Martino est intervenu ce lundi lors de la séance inaugurale de la 18ème Assemblée générale de la Confédération Caritas mondiale qui se tiendra jusqu’au 9 juin dans la Salle du Synode au Vatican, sous le thème: « Témoins de charité, constructeurs de paix ».
Face aux représentants des 162 organisations catholiques œuvrant en faveur de l’assistance, du développement et des services sociaux, dans plus de 200 pays à travers le monde, le Président du Conseil pontifical Justice et Paix a expliqué: « La justice n’est pas la charité. Il n’y a d’ailleurs aucun ordre civil qui puisse rendre superflu le service de l’amour ».
La justice, a-t-il poursuivi, « a besoin de la charité car, sans elle, elle ne saura se purifier du primat de l’intérêt et du pouvoir qui l’aveuglent ».
Selon le cardinal Martino, « la réalité matérielle ne peut se comprendre vraiment sans la transcendance (…) la raison a besoin, précisément pour pouvoir être entendue comme raison, d’être purifiée par la foi ; tout comme la justice par la charité. L’échec de tous les systèmes qui mettent Dieu entre parenthèses en témoignent ».
« La réalité a besoin de Dieu pour être vraiment elle-même ; les systèmes politiques ont besoin de la religion pour être pleinement eux-mêmes ; l’analyse rationnelle et critique a besoin de la perspective de foi pour rencontrer l’histoire », a-t-il souligné.
Concernant le choix préférentiel pour les pauvres et la lutte politique pour la justice, le cardinal Martino a rappelé ce qu’affirme le pape dans son livre « Jésus de Nazareth » : « La pauvreté purement matérielle ne sauve pas, même si les défavorisés de ce monde peuvent, bien entendu, compter de manière spéciale sur la bonté divine ».
« Mais le cœur des personnes qui ne possèdent rien peut s’être endurci, devenir mauvais – plein d’avidité et de désir de possession, oublieux de Dieu et n’aspirer qu’aux biens matériels », écrit encore le pape.
En effet, souligne le cardinal Martino « la vraie façon de servir les pauvres n’est pas de partir de leur pauvreté en terme sociologique mais de partir du Christ pauvre ».
« C’est pour cela qu’à Aparecida, le pape a proposé de partir du Christ, de la foi apostolique que nous a transmise l’Eglise. Il a incité les fidèles latino-américains à revitaliser leur foi en Jésus Christ, notre seul et unique Maître et Sauveur, qui nous a révélé l’expérience unique de l’Amour infini de Dieu le père pour les hommes », a-t-il ajouté.
A ce propos le président de Justice et Paix a expliqué que l’erreur de la « théologie de la libération » est de vouloir « partir du principe de libération au lieu de partir du Christ libérateur », enlevant ainsi de la force à « la doctrine chrétienne et à l’enseignement de l’Eglise, autrement dit au lieu théologique à partir duquel la pauvreté du continent latino-américain pouvait devenir chrétiennement provocatrice ».
« De cette manière – a constaté ensuite le cardinal Martino – ces courants radicaux de la théologie de la libération ont eu un effet sécularisateur qui a fini par alimenter la culture relativiste ».
« Cela arrive malheureusement souvent quand il s’agit d’engagement social et de solidarité ; quand cet engagement n’est vu que comme une œuvre de justice et non, surtout, comme une œuvre de charité ; de cette charité qui nous a été révélée par Jésus Christ et que l’Eglise continue de nous enseigner », a-t-il ajouté.
« La charité chrétienne n’est pas un amour aveugle, mais un amour intelligent – a réaffirmé le prélat –. Seuls ceux qui sont animés d’une vraie charité auront la capacité de découvrir les causes de la misère, de trouver les moyens pour la combattre et pour la vaincre définitivement ».
« L’évangélisation – a-t-il poursuivi – s’est toujours développée en même temps que la promotion humaine et la libération chrétienne authentique. Aimer Dieu et aimer son prochain vont de pair : dans le plus humble nous trouvons Jésus et en Jésus nous trouvons Dieu ».
Le président du Conseil pontifical Justice et Paix a ensuite précisé que « la Doctrine sociale de l’Eglise effectue le travail de ‘purification’ et, en tant qu’annonce du Christ, rappelle à celui qui œuvre pour la justice et la paix, les authentiques racines – christologiques et ecclésiales – de son engagement pour la charité et dans la charité ».
« Comme le dit la lettre encyclique Centesimus annus, nous devons placer la lutte pour la justice dans le cadre du témoignage rendu au Christ Sauveur » a déclaré le cardinal Martino.
En conclusion, le cardinal a affirmé que le « Christ nous montre le visage de Dieu, un visage de charité et de vérité, inséparablement unies. Ne pensons pas pouvoir témoigner de la charité sans la vérité ; annoncer la vérité demande des efforts de charité et chaque geste de charité – si ce geste est pur, désintéressé et clairvoyant – est un témoignage de la vérité ».