Message de Benoît XVI aux évêques de Rép. Centrafricaine

Une espérance pour l’Afrique

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ROME, Mardi 5 juin 2007 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI demande « une espérance pour l’Afrique » : voici le texte intégral du Message, en français, de Benoît XVI aux évêques de République Centrafricaine qui ont achevé, le 2 juin, leur visite ad limina.

Message de Benoît XVI

Chers Frères dans l’Épiscopat,

C’est avec joie que je vous accueille alors que vous accomplissez votre Visite ad limina. Ce pèlerinage aux tombeaux des Apôtres Pierre et Paul est une occasion privilégiée pour confirmer les liens de vos Églises locales avec le Successeur de Pierre et avec l’Église universelle. Vos rencontres avec mes collaborateurs vous permettent aussi de partager vos préoccupations de pasteurs de l’Église en République Centrafricaine et de recevoir un encouragement fraternel pour votre ministère épiscopal. Je remercie le Président de votre Conférence épiscopale, Mgr François-Xavier Yombandje, pour sa présentation de la vie de l’Église dans votre pays. Soyez sûrs que le pape est proche de vos communautés et du peuple centrafricain tout entier. À tous, et particulièrement aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux fidèles laïques de vos diocèses, faites part de son affection et de ses encouragements pour édifier une société de paix et de fraternité fondée sur le respect mutuel et sur une authentique solidarité.

C’est dans un contexte difficile que vous devez accomplir votre mission au service du peuple que le Seigneur vous a confié. Aussi, pour répondre aux défis auxquels l’Église dans votre pays est confrontée, une collaboration effective est-elle une garantie d’efficacité plus grande; mais elle est surtout une nécessité fondée sur une vive conscience de la dimension collégiale de votre ministère, vous permettant de réaliser «les multiples expressions de la fraternité sacramentelle, qui vont de l’accueil et de l’estime réciproques aux diverses attentions de charité et de collaboration concrète» (Pastores gregis, n. 59). En plaçant votre espérance et votre humble confiance uniquement dans le Seigneur, vous trouverez le courage apostolique, si nécessaire dans l’exercice de vos responsabilités. Par une vie de communion toujours plus forte, par une existence quotidienne exemplaire, vous êtes des témoins au milieu de votre peuple. Sur ce chemin parfois ardu, l’exhortation apostolique Ecclesia in Africa demeure un guide indispensable qu’il convient de mettre en œuvre de manière résolue. Dans votre mission, soyez assurés que le Seigneur demeure proche de vous et qu’il vous accompagne de sa présence et de sa grâce.

Parmi les défis les plus urgents auxquels l’Église dans votre pays doit répondre, se trouvent la paix et la concorde nationale. Les plus pauvres sont particulièrement victimes de situations dramatiques qui conduisent inévitablement à de profondes divisions dans la société, ainsi qu’au découragement. La deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, qui est en cours de préparation, sera un temps fort de réflexion sur l’annonce de l’Évangile dans un contexte marqué par de nombreux signes d’espérance, mais aussi par des situations préoccupantes. Je souhaite vivement que l’Afrique ne soit plus oubliée dans ce monde en mutation profonde, et qu’une authentique espérance se lève pour les peuples de ce continent.

Il est du devoir de l’Église de défendre les faibles et de se faire la voix des sans-voix. Je voudrais donc encourager les personnes qui travaillent à susciter l’espérance par un engagement résolu pour la défense de la dignité de la personne humaine et de ses droits inaliénables. Parmi ceux-là se trouve le bien fondamental de la paix et d’une vie dans la sécurité. La promotion de la paix, de la justice et de la réconciliation est une expression de la foi chrétienne dans l’amour que Dieu nourrit pour chaque être humain. Que l’Église continue résolument à annoncer la paix du Christ en œuvrant, avec toutes les personnes de bonne volonté, à la justice et à la réconciliation. J’invite aussi tous les fidèles à implorer du Seigneur ce don si précieux, car la prière ouvre les cœurs et inspire les artisans de paix. Par ses œuvres sociales, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation des jeunes, l’Église contribue aussi, à sa manière, à l’édification de la société fraternelle et solidaire à laquelle aspire votre peuple. J’invite notamment les communautés religieuses et les laïcs, qui participent avec compétence à cet engagement essentiel pour l’avenir du pays, à poursuivre leurs efforts, en ne perdant jamais courage, pour être des signes de la confiance que le Seigneur met en toute personne humaine.

Par ailleurs, pour que la société puisse accéder à un développement humain et spirituel authentique, un changement des mentalités est à opérer. Cette œuvre de longue haleine concerne spécialement la famille et le mariage. En s’engageant résolument à vivre dans la fidélité conjugale et dans l’unité de leur couple, les chrétiens montrent à tous la grandeur et la vérité du mariage. C’est par un «oui» librement consenti, pour toujours, que l’homme et la femme expriment leur humanité authentique et leur ouverture à donner une vie nouvelle. Aussi, la préparation sérieuse des jeunes au mariage doit-elle les aider à surmonter les réticences à fonder une famille stable, ouverte sur l’avenir. Je vous invite également à développer le soutien aux familles, notamment en favorisant leur éducation chrétienne. Alors, elles pourront rendre raison de la foi qui les anime avec plus de vigueur, aussi bien devant leurs enfants que devant la société. Quant à vos prêtres, dont je salue la générosité et le zèle, ils exercent, avec votre soutien attentionné à leur vie personnelle et pastorale, une responsabilité essentielle dans la mission de vos diocèses. En collaboration fraternelle avec tous les agents pastoraux, en premier lieu avec les missionnaires et les catéchistes, dont je connais l’engagement inlassable au service de l’Évangile, je les invite avec force à être des hommes passionnés par l’annonce de l’Évangile. Pour y parvenir, ils trouveront l’unité de leur personne et la source de leur dynamisme apostolique dans l’amitié personnelle avec le Christ et dans la contemplation, en lui, du visage du Père. Une vie sacerdotale exemplaire, fondée sur une recherche constante de la conformité au Christ, est une exigence de chaque jour. Dans la prière, enracinée sur la méditation de la Parole de Dieu, et dans l’Eucharistie, source et sommet de leur ministère, ils trouveront force et courage pour servir le peuple de Dieu et le conduire sur les chemins de la foi.

Pour donner à l’Église les prêtres dont elle a besoin, la formation des candidats prend une importance qu’on ne peut sous-estimer. Plus que jamais, il est nécessaire d’être exigeant pour leur formation humaine et spirituelle. En effet, puisque les prêtres sont appelés à porter de lourdes responsabilités dans l’exercice de leur ministère, un ensemble de qualités humaines doit être requis des candidats, afin qu’ils soient capables d’acquérir une véritable discipline de vie sacerdotale. On sera particulièrement vigilant à vérifier l’équilibre affectif des séminaristes et à former leur sensibilité, pour s’assurer de leur aptitude à vivre les exigences du célibat sacerdotal. Cette formation humaine doit trouver tout son sens dans une solide formation spirituelle, car il est indispensable que la vie et l’activité du prêtre soient enracinées dans une foi vive en Jésus Christ. Un nombre suffisant de formateurs et de directeurs spirituels compétents pour guider les candidats au sacerdoce est donc, pour les Pasteurs, une priorité pastorale, afin qu’un authentique discernement puisse être réalisé.
Je voudrais aussi dire aux jeunes qu’il y a beaucoup de joie à répondre généreusement à l’appel du Seigneur à le suivre pour annoncer l’Évangile.

Enfin, après avoir vécu une année qui a aidé les catholiques à raviver un nouvel élan et une nouvelle ferveur eucharistiques, une participation active et fructueuse des fidèles au «Sacrement de l’Amour» demeure essentielle. Dans cette perspective, la poursuite de certains aménagements appropriés aux divers contextes et aux diverses cultures doit s’appuyer sur une conception authentique de l’inculturation, afin que l’Eucharistie devienne vraiment « critère de valorisation de tout ce que le christianisme rencontre dans les différentes expressions culturelles» (Sacramentum Caritatis n. 78). Par des célébrations chaleureuses, vos communautés veulent donner une expression joyeuse de la gloire de Dieu; que ce soit toujours dans un juste équilibre avec une contemplation silencieuse du mystère qui est célébré. En effet, le silence permet de se mettre à l’écoute du Sauveur, qui se donne à la communauté qui célèbre. Ainsi, une préparation intérieure avant de recevoir le Corps du Christ permet à chacun d’accueillir dans la foi de l’Église le mystère du salut.

À la fin de cette rencontre, chers Frères dans l’Épiscopat, je voudrais redire ma proximité spirituelle avec vous et avec vos diocèses. Poursuivez avec courage l’enracinement de la foi dans votre peuple! Que tous soient d’infatigables artisans de paix et de réconciliation! Je confie chacun de vos diocèses à la Vierge Marie, Reine de l’Afrique, afin qu’elle soit votre protectrice et l’étoile qui vous guide vers Jésus son Fils. À chacun de vous, aux prêtres, aux religieux, aux religieuses, aux séminaristes, aux catéchistes et à tous vos diocésains, j’adresse une affectueuse Bénédiction apostolique.

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ZENIT Staff

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