Le cardinal Bertone a adressé ce télégramme à l’archevêque de Mossoul des Chaldéens, Mgr Paulos Faraj Rahho, au nom de Benoît XVI.
Des hommes armés ont assassiné le curé de la paroisse du Saint-Esprit de Mossoul, le P. Ragheed Aziz Ganni, et trois sous-diacres, Basman Youssef Daoud, Ghasan Bidawid et Wadid Hanna, devant l’église, hier, dimanche 3 juin, à Mossoul.
Les corps des victimes sont restés là pendant plusieurs heures, selon des sources de Zenit jointes au téléphone dimanche, personne, pas même la police n’osant s’approcher « de peur de subir le même sort ».
« Le Saint-Père est particulièrement attristé par la nouvelle de l’assassinat insensé du P. Ragheed Aziz Ganni et des sous-diacres Basman Yousef Daoud, Ghasan Bidawid et Wadid Hanna, et vous demande de transmettre à leurs familles ses sincères condoléances », dit ce télégramme, en anglais.
« Il se joint à la communauté chrétienne de Mossoul pour recommander leur âme à l’infinie bonté de Dieu, notre Père aimant, et il les remercie pour leur généreux témoignage de l’Evangile », ajoute le cardinal Bertone.
Le message souligne que le pape « prie également pour que leur coûteux sacrifice inspire au cœur des hommes et des femmes de bonne volonté, une nouvelle résolution de rejeter les chemins de la haine et de la violence, de vaincre le mal par le bien (Rm 12, 21) et de coopérer pour hâter l’aube de la réconciliation, de la justice et de la paix en Irak ».
« En signe de consolation et de réconfort dans le Seigneur, Benoît XVI accorde sa bénédiction apostolique à toutes les familles et à tous ceux qui pleurent leurs morts, dans la foi et dans l’espérance qui tire sa certitude de la Résurrection », conclut le télégramme.
L’assassinat a également été condamné par l’Eglise locale, rapporte aujourd’hui l’agence missionnaire italienne Misna. « Un crime abominable, un acte honteux que toute conscience ne peut que refuser »: c’est ainsi que le Patriarche de l’Église chaldéenne, Emmanuel Delly III, a qualifié cet assassinat.
« Ceux qui ont commis ce crime », lit-on dans une note signée par tous les évêques chaldéens irakiens et publiée aujourd’hui sur le site en arabe Ankawa.com, portail de la communauté chaldéenne dans le monde, « ont commis un acte horrible contre Dieu et contre l’humanité, contre leurs frères qui étaient des citoyens fidèles et pacifiques, en plus d’être des hommes de religion ».
Les évêques, qui sont actuellement réunis en synode au complexe d’Almeltemen, à Al Qosh, à 25 kilomètres de Mossoul (cf. Zenit du 1er juin), « s’en remettent au Seigneur afin que la paix, la sécurité et la stabilité soient rétablies en Irak ».
Invitant les fidèles à la cohésion, le Patriarche et les évêques de l’Église chaldéenne irakienne soulignent que cet homicide « évoque ce que nous avons dénoncé lors de précédents communiqués sur la persécution des chrétiens en Irak (…) en ce difficile moment, nous demandons aux autorités irakiennes et internationales de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à ces actes criminels et éviter qu’ils ne se reproduisent ».
Selon une reconstitution des faits fournie par des témoins et publiée par Ankawa, le P. Ragheed Ganni et les trois diacres (Basman Youssef Daud, Gassan Isam Bidawid et Wahid Hanna Isho) venaient de quitter l’église du Saint Esprit après la messe du dimanche quand l’automobile à bord de laquelle ils se trouvaient, en compagnie de l’épouse d’un des diacres, a été arrêtée par des hommes armés qui ont fait éloigner la femme, avant de tirer sur la voiture.
Les corps sans vie des quatre victimes sont restés pendant des heures sur la route car les agresseurs avaient disposé autour des explosifs, censés sauter à l’arrivée des secours. Ce n’est que pendant la nuit que ces bombes ont pu être désamorcées et les corps récupérés.
Les funérailles des victimes ont eu lieu aujourd’hui à 15 h (heure locale), sous la présidence de l’évêque chaldéen de Mossoul, Mgr Paulos Faraj Rahho.
Nous publions en « documents » le message que le Patriarche Emmanuel III Delli et les évêques du Concile patriarcal chaldéen ont écrit à l’occasion de cet assassinat ainsi que la lettre d’un ami musulman du P. Ragheed.