Message de Benoît XVI pour la Journée mondiale des Missions

Texte intégral

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ROME, Vendredi 1er juin 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le Message du pape Benoît XVI pour la Journée mondiale des Missions qui sera célébrée le 21 octobre 2007 sur le thème : « Toutes les Eglises pour le monde entier »

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Chers frères et sœurs,

A l’occasion de la prochaine Journée mondiale des Missions, je voudrais inviter le Peuple de Dieu tout entier — pasteurs, prêtres, religieux, religieuses et laïcs — à une réflexion commune sur l’urgence et sur l’importance que revêt, à notre époque également, l’action missionnaire de l’Eglise. Les paroles à travers lesquelles Jésus Christ, crucifié et ressuscité, confia aux Apôtres le mandat missionnaire, avant de monter au Ciel, ne cessent en effet de résonner, comme un rappel universel et un appel ardent : «Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit ». Et il ajouta : « Et voici que je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 19-20). Dans l’œuvre exigeante d’évangélisation, nous accompagne et nous soutient la certitude que le Christ, le maître de la moisson, est avec nous et guide sans cesse son peuple. Le Christ est la source inépuisable de la mission de l’Eglise. Cette année, en outre, un motif supplémentaire nous pousse à un engagement missionnaire renouvelé : nous célébrons en effet le 50e anniversaire de l’Encyclique du Serviteur de Dieu Pie XII Fidei donum, par laquelle fut promue et encouragée la coopération entre les Eglises pour la mission ad gentes.

« Toutes les Eglises pour le monde entier » : tel est le thème choisi pour la prochaine Journée mondiale des Missions. Celui-ci invite les Eglises locales de tous les continents à une conscience partagée de la nécessité urgente de relancer l’action missionnaire face aux multiples et graves défis de notre temps. Les conditions dans lesquelles vit l’humanité ont certainement changé, au cours des dernières décennies. Un grand effort a été accompli pour la diffusion de l’Evangile, en particulier à partir du Concile Vatican II. Il reste toutefois encore beaucoup à faire pour répondre à l’appel missionnaire que le Seigneur ne se lasse pas d’adresser à tous les baptisés. Il continue d’appeler en premier lieu les Eglises dites d’antique tradition, qui, par le passé, ont fourni aux missions, au-delà des moyens matériels, également un nombre important de prêtres, de religieux, de religieuses et de laïcs, donnant lieu à une coopération efficace entre communautés chrétiennes. De cette coopération ont jailli d’abondants fruits apostoliques tant pour les jeunes Eglises en terre de mission, que pour les réalités ecclésiales dont provenaient les missionnaires. Face à l’avancée de la culture sécularisée, qui semble parfois pénétrer toujours plus les sociétés occidentales, et en considérant en outre la crise de la famille, la diminution des vocations et le vieillissement progressif du clergé, ces Eglises courent le risque de se refermer sur elles-mêmes, de regarder l’avenir avec moins d’espérance, et de ralentir leurs efforts missionnaires. Mais le moment est précisément venu de s’ouvrir avec confiance à la Providence de Dieu, qui n’abandonne jamais son Peuple et qui, avec la puissance de l’Esprit Saint, le guide vers l’accomplissement de son dessein éternel de salut.

Le Bon Pasteur invite également les Eglises de récente évangélisation à se consacrer généreusement à la mission ad gentes. Bien qu’elles rencontrent de nombreuses difficultés et obstacles dans leur développement, ces communautés sont en croissance constante. Heureusement, certaines d’entre elles bénéficient d’une abondance de prêtres et de personnes consacrées, dont un grand nombre, en dépit des nombreuses nécessités in loco, sont toutefois envoyés pour accomplir leur service apostolique ailleurs et également dans les terres d’ancienne évangélisation. On assiste de cette façon à un « échange de dons » providentiel, qui bénéficie à l’ensemble du Corps mystique du Christ. Je souhaite vivement que la coopération missionnaire s’intensifie, en valorisant les potentialités et les charismes de chacun. Je souhaite, en outre, que la Journée mondiale des Missions contribue à rendre toutes les communautés chrétiennes et chaque baptisé toujours plus conscients de l’universalité de l’appel du Christ à diffuser son Royaume jusqu’aux extrémités de la planète. « L’Eglise est missionnaire par nature — écrit Jean-Paul II dans l’Encyclique Redemptoris missio — car le précepte du Christ n’est pas quelque chose de contingent ni d’extérieur, mais il est au cœur même de l’Eglise. Il en résulte que toute l’Eglise, que chaque Eglise, est envoyée aux païens. Les jeunes Eglises elles-mêmes, précisément “pour que ce zèle missionnaire fleurisse chez les membres de leur patrie”, doivent “dès que possible, participer effectivement à la mission universelle de l’Eglise en envoyant elles aussi des missionnaires pour annoncer l’Evangile par toute la terre, même si elles souffrent d’une pénurie du clergé » (n. 62).

Cinquante ans après l’appel historique de mon prédécesseur Pie XII avec l’Encyclique Fidei donum, en vue d’une coopération entre les Eglises au service de la mission, je voudrais répéter que l’annonce de l’Evangile continue de revêtir un caractère actuel et urgent. Dans l’Encyclique citée Redemptoris missio, le pape Jean-Paul II, pour sa part, reconnaissait que « la mission de l’Eglise est plus large que la “communion entre les Eglises”: elle doit non seulement assurer l’aide pour la réévangélisation, mais aussi et surtout être orientée dans le sens de l’activité spécifiquement missionnaire » (n. 64). L’engagement missionnaire reste donc, comme je l’ai répété à plusieurs reprises, le premier service que l’Eglise doit à l’humanité d’aujourd’hui, pour orienter et évangéliser les transformations culturelles, sociales et éthiques ; pour offrir le salut du Christ à l’homme de notre temps, dans de nombreuses régions du monde humilié et opprimé à cause des formes de pauvreté endémiques, de la violence, de la négation systématique des droits humains.

L’Eglise ne peut se soustraire à cette mission universelle ; celle-ci revêt pour elle une forme d’obligation. Le Christ ayant confié en premier lieu à Pierre et aux Apôtres le mandat missionnaire, celui-ci revient aujourd’hui avant tout au successeur de Pierre, que la Providence divine a choisi comme fondement visible de l’unité de l’Eglise, et aux évêques directement responsables de l’évangélisation, tant comme membres du Collège épiscopal que comme pasteurs des Eglises particulières (cf. Redemptoris missio, n. 63). Je m’adresse donc aux pasteurs de toutes les Eglises, placés par le Seigneur à la tête de son unique troupeau, afin qu’ils partagent la préoccupation de l’annonce et de la diffusion de l’Evangile. Ce fut précisément cette préoccupation qui poussa, il y a cinquante ans, le Serviteur de Dieu Pie XII à rendre la coopération missionnaire plus conforme aux exigences des temps. En particulier face aux perspectives de l’évangélisation, il demanda aux communautés d’ancienne évangélisation d’envoyer les prêtres pour soutenir les Eglises de fondation récente. Il donna ainsi vie à un nouveau « sujet missionnaire » qui, dès les premières paroles de l’Encyclique, a précisément pris le nom de « Fidei donum ». Il écrivit à ce propos : « Aussi bien, considérant la foule innombrable de nos fils qui spécialement dans les pays d’ancienne chrétienté, bénéficient des richesses surnaturelles de la foi et, par ailleurs, la foule plus innombrable encore de ceux qui attendent toujours le message du salut, Nous voulons vous exhorter instamment, Vénérables Frères, à soutenir par votre zèle la cause sacrée de l’expansion de l’Eglise da
ns le monde». Et il ajouta: Dieu veuille qu’à notre appel l’esprit missionnaire pénètre plus profondément au cœur de tous les prêtres et, par leur ministère, enflamme tous les fidèles!» (AAS XLIX 1957, 226).

Rendons grâce au Seigneur pour les fruits abondants obtenus par cette coopération missionnaire en Afrique et dans d’autres régions de la terre. D’innombrables prêtres, après avoir quitté leurs communautés d’origine, ont placé leurs énergies apostoliques au service de communautés parfois à peine nées, dans des régions pauvres et en voie de développement. Parmi eux figurent de nombreux martyrs qui, au témoignage de la parole et au dévouement apostolique, ont uni le sacrifice de la vie. Nous ne pouvons pas non plus oublier les nombreux religieux, religieuses, et laïcs volontaires qui, avec les prêtres, se sont prodigués pour diffuser l’Evangile jusqu’aux extrémités du monde. Que la Journée mondiale des Missions soit une occasion de rappeler dans la prière nos frères et sœurs dans la foi, ainsi que tous ceux qui continuent de se prodiguer dans le vaste domaine missionnaire. Nous demandons à Dieu que leur exemple suscite partout de nouvelles vocations et une conscience missionnaire renouvelée chez le peuple chrétien. En effet, chaque communauté chrétienne naît missionnaire, et c’est précisément sur la base du courage d’évangéliser que se mesure l’amour des croyants pour leur Seigneur. Nous pourrions ainsi dire que, pour les croyants, il ne s’agit plus simplement de collaborer à l’activité d’évangélisation, mais de se sentir eux-mêmes acteurs et coresponsables de la mission de l’Eglise. Cette coresponsabilité exige que croisse la communion entre les communautés et que s’intensifie l’aide réciproque en ce qui concerne tant le personnel (prêtres, religieux, religieuses et laïcs volontaires) que l’utilisation des moyens aujourd’hui nécessaires pour évangéliser.

Chers frères et sœurs, le mandat missionnaire confié par le Christ aux Apôtres nous concerne véritablement tous. Que la Journée mondiale des Missions soit donc une occasion propice pour en prendre plus profondément conscience et pour préparer ensemble des itinéraires spirituels et de formation appropriés qui favorisent la coopération entre les Eglises et la préparation de nouveaux missionnaires pour la diffusion de l’Evangile à notre époque. N’oublions pas, toutefois, que la contribution première et prioritaire que nous sommes appelés à offrir à l’action missionnaire de l’Eglise, est la prière. « La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux — dit le Seigneur —. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Lc 10, 2). « Tout d’abord, écrivait le pape Pie XII de vénérée mémoire, il y a cinquante ans, priez donc, vénérables Frères et chers fils ; priez davantage. Souvenez-vous des immenses besoins spirituels de tant de peuples encore si éloignés de la vraie foi ou si démunis de secours pour y persévérer » (AAS, cit. p. 240; cf. Osservatore Romano en langue française n. 18 du 3 mai 1957). Et il exhortait à multiplier les Messes célébrées pour les Missions, observant que « ces intentions sont celles mêmes du Seigneur, qui aime son Eglise et la voudrait répandue et florissante en tous lieux de la terre » (ibid., p. 239).

Chers frères et sœurs, je renouvelle moi aussi cette invitation plus que jamais actuelle. Que dans toutes les communautés s’étende l’invitation commune au « Notre Père qui est aux Cieux » afin que vienne son Royaume sur terre. Je fais appel en particulier aux enfants et aux jeunes, toujours prêts à de généreux élans missionnaires. Je m’adresse aux malades et aux personnes souffrantes, en rappelant la valeur de leur collaboration mystérieuse et indispensable à l’œuvre du salut. Je demande aux personnes consacrées et en particulier aux monastères de clôture d’intensifier leurs prières pour les missions. Que grâce à l’engagement de chaque croyant s’étende dans toute l’Eglise le réseau spirituel de la prière au service de l’évangélisation. Que la Vierge Marie, qui a accompagné avec une sollicitude maternelle le chemin de l’Eglise naissante, guide nos pas également à notre époque et nous obtienne une nouvelle Pentecôte d’amour. Qu’en particulier, elle nous rende tous conscients d’être missionnaires, c’est-à-dire envoyés par le Seigneur pour être des témoins à tout moment de notre existence. J’assure les prêtres « Fidei donum », les religieux, les religieuses, les laïcs volontaires engagés sur les frontières de l’évangélisation, ainsi que tous ceux qui se consacrent à l’annonce de l’Evangile, de mon souvenir quotidien dans la prière, tandis que je donne avec affection à tous la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 27 mai 2007,
solennité de Pentecôte.

© Copyright du texte original en italien : Librairie Editrice Vaticane
Traduction réalisée par Zenit

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ZENIT Staff

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