ROME, Jeudi 1er mars 2007 (ZENIT.org) – Une vingtaine de catholiques du diocèse de Liège en Belgique, aidé par Mgr Athénagoras de Sinope, se sont rendus en pèlerinage à Constantinople du 21 au 26 février dernier : ils ont notamment pu rencontrer le patriarche Bartholomée.
Le compte rendu de ce voyage a été fait par le vicaire général du diocèse de Liège, le père Alphonse Borras (cf. http://www.orthodoxie.com).
« C’est ce lundi 26 février que s’est terminé le pèlerinage du diocèse de Liège auprès du Patriarcat œcuménique de Constantinople. Sous la houlette de Mgr Athénagoras Peckstadt, évêque auxiliaire de l’archevêque métropolite orthodoxe de Belgique, une délégation d’une vingtaine de personnes s’est rendue à Istanbul du 21 au 26 février : quinze liégeois et avec eux deux prêtres et une religieuse de Bruxelles étaient de l’aventure. Car il s’agit bien d’une aventure… spirituelle à la rencontre de nos frères et sœurs orthodoxes en ce lieu hautement significatif de l’orthodoxie.
Une aventure spirituelle
Au-delà d’un séjour touristique et plus qu’un voyage d’étude, ces cinq jours ont en effet été un véritable pèlerinage. Or, on ne revient jamais indemne d’un pèlerinage : le déplacement physique est accompagné d’un itinéraire spirituel au cours duquel chacun bouge, évolue, se transforme au fur et à mesure des découvertes et des rencontres. L’initiative d’un tel pèlerinage revenait cependant au diocèse de Liège. La délégation était en effet composée du Vicaire général et de trois autres vicaires épiscopaux, membres du Conseil épiscopal de Mgr Jousten. C’est dire l’importance que l’évêque de Liège et ses proches collaborateurs donnaient à un tel séjour dont la date a été fonction de la « fête de l’orthodoxie », à savoir la commémoration liturgique de la fin de la controverse relative à la vénération des icônes au 9e siècle. Le choix de cette date permettait d’associer les pèlerins aux Vêpres solennelles de cette fête, le samedi 24 février, et à la Sainte Liturgie du lendemain, le dimanche 25 en l’église patriarcale Saint-Georges, dans le quartier du Phanar – Fener en turc – à Istanbul, siège du Patriarcat œcuménique.
Une rencontre émouvante avec le patriarche Bartholomée 1er
Ces deux évènements liturgiques ont constitué l’apogée du pèlerinage, d’autant plus qu’ils ont permis aux participants de rencontrer personnellement le Patriarche Bartholomée 1er pour s’entretenir simplement quelques instants avec lui et lui délivrer un message fraternel de l’évêque de Liège. Mgr Jousten avait en effet tenu à faire remettre un message par l’entremise de son vicaire général. Il souhaitait notamment rappeler combien le témoignage de l’orthodoxie en matière liturgique peut interpeller et à la fois nourrir un sens plus profond des mystères que nous célébrons. L’évêque de Liège voulait aussi inscrire la démarche des pèlerins dans la foulée de la récente visite du Pape Benoît XVI au Phanar en novembre dernier. C’est d’ailleurs à cette visite que faisaient d’emblée allusion les premiers mots du patriarche à l’adresse des liégeois. Avant même que le vicaire général lui adresse le message de l’évêque de Liège, le patriarche Bartholomée a lui-même qualifié d’ « immense joie » le fait de recevoir des pèlerins catholiques « en ce lieu » (à Constantinople) où ils ont été précédés par le pape Benoît XVI que le patriarche a, en des termes émouvants, appelé « mon frère, mon aîné et bien-aimé ». Les propos du patriarche se sont alors portés sur le témoignage de l’Évangile qu’il nous revient de rendre ensemble aujourd’hui et sur l’importance de se parler et de se rencontrer entre catholiques et orthodoxes. C’est dans cet esprit que, dès le premier jour de leur pèlerinage dans le monastère de la Mère de Dieu « Source de Vie » à Balouki dans la périphérie d’Istanbul, les pèlerins liégeois ont vécu moment de prière et de recueillement auprès des tombes des patriarches œcuméniques du 20e siècle, notamment celle du patriarche Athénagoras. Ce moment intense a été suivi d’un bref entretien avec sœur Magdalena, la supérieure de la petite communauté de moniales.
La présence chrétienne dans une réalité complexe
Ce pèlerinage a également été l’occasion de rendre une visite à Mgr Apostolos, métropolite en charge de l’Institut de théologie de Halki, sur l’île de Heybeliada, dont les cours sont suspendus depuis 1971 par mesure administrative des autorités turques. Après une visite des bâtiments et une prière en l’église de cet institut, les pèlerins liégeois ont été reçus pour le déjeuner donné en leur honneur par le maître des lieux. Cela leur a permis d’apprécier la complexité d’un dossier délicat et de l’inscrire dans les circonstances présentes de la vie politique turque et des évolutions attendues, sinon souhaitées en matière de respect de la liberté religieuse. Le séjour a été l’occasion d’une rencontre avec le père Claudio Monge op qui nous a partagé son approche de la réalité istambouliote et turque. Il a souligné d’emblée la complexité de cette réalité où il importe de ne pas venir trop vite avec des préjugés : l’ouverture de la Turquie à l’Union Européenne – et vice et versa ! – peut être une chance pour tous, entre autres pour les minorités religieuses. La présence chrétienne en Turquie est et sera inéluctablement une présence minoritaire, mais en même temps elle représente une possibilité de redécouvrir le sens de la mission, simple, pauvre, sans arrière-pensée de conquête ou tout simplement de prestige culturel ou social. Le témoignage joyeux et stimulant de ce dominicain a fortement marqué les pèlerins qui ont, chacun pour leur part, mieux pris la mesure de la complexité des questions œcuméniques certes, mais surtout inter-religieuses dans le cadre des relations des Églises avec les pouvoirs publics et de leur place dans « l’espace public » dès lors que le témoignage de l’Évangile ne peut se résigner à n’être qu’une simple question « privée ».
Un temps fort à renouveler
Le pèlerinage a – faut-il le dire – été l’occasion de visiter avec un guide local très compétent les monuments les plus importants de la « reine des cités », à savoir Sainte Sophie, la Mosquée bleue et le palais de Topkapi. Incontestablement, le pèlerinage du diocèse de Liège auprès du Patriarcat œcuménique de Constantinople a été un temps fort spirituel. Nul doute qu’il sera reproposé dans l’avenir afin d’offrir la possibilité à d’autres catholiques d’aller en ce lieu hautement significatif de l’orthodoxie. La prochaine fois, on peut espérer le vivre avec des orthodoxes de chez nous. La démarche de pèlerinage en serait ainsi encore plus riche.»