ROME, Lundi 31 octobre 2005 (ZENIT.org) – A la fin du Synode des évêques sur l’Eucharistie, qui s’est achevé dimanche 23 octobre, les pères synodaux ont rédigé une liste de 50 propositions (dont le texte officiel est en latin) destinées au pape Benoît XVI. Celui-ci a autorisé la publication d’une version non officielle en italien de ces propositions. Nous proposons ci-dessous la traduction des propositions 11 à 15.
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Proposition 11 Pénurie de prêtres
La caractère central de l’Eucharistie pour la vie de l’Eglise fait ressentir avec une souffrance aiguë le grave problème du manque de prêtres dans certaines parties du monde. De nombreux fidèles sont ainsi privés du Pain de vie. Pour répondre à la faim eucharistique du peuple de Dieu qui, souvent doit se passer de la célébration eucharistique pendant une longue période, il est nécessaire de recourir à des initiatives pastorales efficaces. Dans ce contexte les Pères synodaux ont affirmé l’importance du don inestimable du célibat eucharistique dans la pratique de l’Eglise latine. En faisant référence au Magistère, en particulier au Concile Vatican II et au magistère des derniers souverains pontifes, les Pères ont demandé que soient expliquées de façon adéquate aux fidèles les raisons de la relation entre le célibat et l’ordination sacerdotale, dans le respect total de la tradition des Eglises orientales. Certains ont évoqué les « viri probati », mais cette hypothèse a été jugée comme voie à ne pas emprunter.
Il faut par ailleurs tenir compte du fait que pour offrir le don eucharistique à tous les fidèles, la qualité chrétienne de la communauté et sa force d’attraction ont un poids décisif. Il s’agit en particulier :
- d’encourager les pasteurs à promouvoir les vocations sacerdotales ; à les découvrir et à en devenir les « annonciateurs », en commençant déjà avec les enfants, et en prenant soin des « servants de messe » ;
- de ne pas avoir peur de proposer aux jeunes la radicalité de l’engagement à la suite du Christ ;
- de sensibiliser les familles qui dans certains cas sont indifférentes, voire même contraires ;
- d’entretenir la prière pour les vocations dans toutes les communautés et dans tous les domaines de l’Eglise ;
- de veiller – cela à l’attention des évêques – en associant également les familles religieuses et en respectant leur charisme propre, à une distribution plus équitable des prêtres et de demander au clergé lui-même une grande disponibilité pour servir l’Eglise là où le besoin existe, même au prix de quelque sacrifice.
Proposition 12 Pastorale des vocations
Comme réponse au devoir urgent de l’Eglise d’offrir le don de l’Eucharistie de façon habituelle à tous les fidèles, et étant donnée la pénurie de prêtres en différents lieux, notre regard se tourne vers le Seigneur et nous lui demandons avec insistance d’envoyer des ouvriers à Sa moisson.
De notre côté nous proposons de renforcer la pastorale des vocations et la dimension vocationnelle de toute la pastorale, spécialement de la pastorale de la jeunesse et de la famille. Nous demandons pour cela :
- de constituer des groupes de servants de messe et de leur fournir l’accompagnement spirituel ;
- de diffuser l’adoration eucharistique pour les vocations, dans les paroisses, dans les collèges et dans les mouvements ecclésiaux ;
- d’encourager les curés et tous les prêtres à l’accompagnement spirituel et à la formation des jeunes, en les invitant à suivre le Christ dans le sacerdoce, par leur témoignage ;
- d’organiser, selon les possibilités, un centre des vocations ou un petit séminaire dans les Eglises particulières.
Nous, évêques et prêtres, voulons nous engager personnellement dans ce type de pastorale, en donnant un exemple d’enthousiasme et de piété.
Catéchèses et mystagogie
Proposition 13 La séquence des sacrements de l’initiation chrétienne
Le lien étroit existant entre le baptême, la confirmation et l’eucharistie n’est pas suffisamment perçu. Il est par conséquent opportun d’expliquer que nous sommes baptisés et confirmés en relation à l’Eucharistie. Il convient donc de favoriser une meilleure intégration du lien entre les trois sacrements de l’initiation chrétienne dans la célébration de chacun de ces sacrements, quel que soit l’ordre chronologique ou l’âge de la confirmation et de la première communion. Un approfondissement théologique et pastoral de la confirmation pourrait en ce sens être de grande valeur. Tout cela aurait par ailleurs une valeur positive dans le dialogue œcuménique.
L’âge approprié pour la confirmation pourrait être repensé. Il faudrait également voir si dans l’Eglise latine la séquence baptême, confirmation, première communion doit être observée uniquement pour les adultes ou également pour les enfants. La tradition latine, qui se différencie de la tradition orientale en ce qui concerne la séparation de la célébration de la confirmation et de celle du baptême, possède son droit propre et sa charge propre. Par ailleurs, les différences entre les deux traditions ne sont pas de nature dogmatique. Les deux traditions donnent en réalité une réponse pratique différente à la situation identique du grand nombre de baptêmes d’enfants.
Proposition 14 Eucharistie, catéchèses et formation
L’Eucharistie, mysterium fidei, inscrit dans l’alliance de Dieu avec Son peuple, est la source d’inspiration de toute proposition de formation pastorale. Celle-ci doit manifester l’Eucharistie dans sa relation intime avec tous les autres sacrements, en conduisant les hommes et les femmes de notre temps vers une vie nouvelle dans le Christ.
A cet effet il faudra développer des itinéraires catéchuménaux bien inculturés, dans lesquels la présentation du contenu doctrinal, l’introduction à la vie spirituelle et morale et l’engagement social trouveront leur place.
Tout le peuple de Dieu – les évêques et les curés selon leur responsabilité spécifique – doit s’engager dans cette formation permanente promue dans chaque Eglise particulière, spécialement les fidèles engagés dans les paroisses et les communautés, comme les catéchistes et les évangélisateurs.
Une formation solide sera donnée en particulier aux séminaristes sur les fondements théologiques, liturgiques, pastoraux d’une authentique spiritualité eucharistique. Ceux-ci doivent comprendre au mieux le sens de toute règle liturgique.
Les paroisses et les petites communautés qui en font partie doivent être des écoles de mystagogie eucharistique. Dans ce contexte on cherchera la coopération des communautés de vie consacrée, des mouvements et des groupes qui revalorisent, selon leurs propres charismes, la formation chrétienne.
Dans le cadre de la nouvelle évangélisation nous reconnaissons le besoin de développer des nouvelles formes de catéchèses adaptées aux diverses situations et cultures. Dans ce contexte, le Catéchisme de l’Eglise catholique et les récents enseignements du magistère devront être des références privilégiées.
Proposition 15 Famille et initiation aux sacrements
Il convient d’associer la famille chrétienne à l’initiation sacramentelle des enfants. Il ne faut pas limiter sans raison l’accès des enfants à la table eucharistique. La première communion, notamment, est un pas très important pour une vie engagée sur les voies de la sainteté, emplie de charité, de joie et de paix. Toute famille, soutenue par la paroisse, les prêtres, les personnes consacrées, des collaborateurs laïcs et, de façon spéciale, par l’école catholique, doit favoriser un processus d’éducation à l’Eucharistie.
L’Eglise, famille de Dieu, grandit et se nourr
it à la table de la Parole de Dieu et du corps et du sang du Christ. La célébration de l’Eucharistie doit promouvoir toujours davantage à tous les niveaux la prise de conscience et la réalisation d’une « Eglise famille » à travers la solidarité, les relations familiales et la communion entre tous les membres de la communauté.
[Texte original italien – Traduction réalisée par Zenit]
Une petite communauté chrétienne
Grand écho à l’appel du pape Benoît XVI