ROME, Jeudi 22 septembre 2005 (ZENIT.org) – En Inde, l’unique membre chrétien de la Commission nationale des minorités presse le gouvernement de mettre fin aux attaques dont sont victimes les chrétiens à travers le pays, explique « Eglises d’Asie » (EDA n° 425, eglasie.mepasie.org).
Dans une lettre en date du 5 septembre dernier, V.V. Augustine, l’unique membre chrétien de la Commission nationale des minorités, a écrit au Premier ministre Manmohan Singh et au ministre de l’Intérieur Shivraj Patil. Dressant la liste des attaques récemment commises à l’encontre de la minorité chrétienne du pays, V.V. Augustine a expliqué que ces actions, qualifiées par lui d’« horribles », faisaient partie d’un « complot » et que les autorités gouvernementales, dans les différents Etats où ces actes ont été commis, ne prenaient pas les mesures nécessaires pour y mettre fin. Au nom de la Com-mission dont il est membre et qui, a-t-il rappelé, a pour mission de défendre les droits des minorités religieuses dans un pays à la population majoritairement hindoue, il a pressé le gouvernement fédéral de se saisir du dossier et de mettre fin aux attaques visant la communauté chrétienne.
Selon V.V. Augustine, c’est l’assassinat du vicaire général du diocèse de Tezpur, le 3 septembre dernier, qui a motivé la rédaction de cette lettre, mais cet acte vient s’ajouter à une longue liste de violences perpétrées contre la communauté chrétienne . Le responsable chrétien cite l’attaque par des militants hindouistes d’un centre protestant dans l’Etat de Bihar, où une école, un orphelinat et un centre de santé ont été saccagés. Selon V.V. Augustine, les assaillants ont installé au cœur du centre protestant une représentation de divinité hindoue. Le 4 septembre, c’était à Indore que des extrémistes hindous s’en sont pris à un lieu de prière chrétien et, après l’intervention de la police, ce sont « uniquement des chrétiens » qui ont été interpellés. Le même jour, à Allahabad, en Uttar Pradesh, une université d’agronomie de la ville, gérée par des chrétiens, a été assaillie par un groupe d’hindouistes et les responsables de l’institution ont préféré fermer l’établissement, plutôt que prendre le risque de voir de nouvelles violences se produire .
Pour le P. Babu Joseph, porte-parole de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, la lettre de V.V. Augustine est le reflet d’une situation effectivement préoccupante. L’Eglise catholique, elle aussi, « est très sérieusement inquiète face à la détérioration du respect de la loi et face aux atteintes à l’ordre public ». « Les chrétiens se sentent menacés », a-t-il ajouté. Ces douze derniers mois, a-t-il souligné, trois prêtres catholiques et plusieurs missionnaires protestants ont été tués en Inde. Ces chiffres sont « sans précédent » et témoignent d’« une détérioration drastique de la valeur de la vie humaine ». Le prêtre précise que les évêques ont, parallèlement à la lettre envoyée par V.V. Augustine, appelé le gouvernement fédéral et les gouvernements des Etats de l’Union indienne à garantir le respect de la loi et des droits des chrétiens, de manière à ce que ces derniers reprennent confiance.
Le prêtre catholique reconnaît que le changement de gouvernement, en mai 2004, a amené un changement. Durant les cinq années (1999-2004) où il a occupé le pouvoir à la tête d’une coalition, le parti nationaliste hindou, le BJP (Bharatiya Janata Party, Parti du peuple indien), 232 attaques ou actions violentes dirigées contre les chrétiens ont été recensées. Depuis quinze mois que le Parti du Congrès, lui aussi à la tête d’une coalition, a regagné le pouvoir à New Delhi, le nombre d’attaques contre les chrétiens a été de 45, dont 31 depuis le début de cette année. La fréquence des attaques est donc en baisse, souligne le P. Babu Joseph, et les extrémistes hindous ne bénéficient plus de « l’approbation tacite » qui leur était accordée du temps où le BJP était au pouvoir au niveau fédéral. Cependant, les chrétiens ne voient toujours pas que les autorités agissent avec fermeté et détermination contre les auteurs des violences anti-chrétiennes, « même si le gouvernement a pris quelques mesures, comme le vote d’une loi contre les violences intercommunautaires », a déclaré le porte-parole de l’épiscopat catholique. Selon lui, la difficulté vient des Etats où le BJP et ses alliés sont toujours au pouvoir et où les autorités font preuve d’une « certaine insensibilité ». Dans ces Etats, les responsables des Eglises chrétiennes ont saisi les gouvernements locaux pour exiger la fin des violences dirigées contre les communautés dont ils ont la responsabilité, mais « des éléments à la marge continuent d’y agir à leur guise ».