CITE DU VATICAN, vendredi 25 mars 2005 (ZENIT.org) – C’est dans « la simplicité et l’humilité » que, pour la deuxième année, à l’occasion du Vendredi saint, les paroisses de Rueil Malmaison, dans les Hauts de Seine, se sont retrouvées à midi et quart pour un « Chemin de Croix des bords de Seine ».

Jeunes et doudous
La procession paisible a longé la Seine, de l’école Claude Monet, à « Rueil 2000 », jusqu’à la paroisse Sainte-Thérèse, avec des stations intermédiaires, l’une en contrebas de la « place des Impressionnistes », sur l’ancien chemin de halage, et l’autre, après un passage sous le pont de Chatou et celui du métro express régional.

Les écoliers avaient leur part dans ces méditations préparées par le P. Aubry. Pour la deuxième fois en effet, les écoles avaient répondu « présent » : l’Institut Notre Dame et de l’école Saint-Charles – des classes du CM2 à la troisième -, et, fidèles aussi, les Terminales de « Daniélou ».

Parmi les plus jeunes, Rapahël, 5 mois, porté par son papa, et Ange Emmanuel, de Côte d’Ivoire - deux mois « et une semaine » - dans sa poussette, ou Tanguy, sur ses jambes de quatre ans, et son « doudou », mais fatigué à l’arrivée à Sainte-Thérèse. Quatre anges gardiens de la police municipale à VTT veillaient à la sécurité des petits et des grands.

Avec l’aide de la mairie, des affiches et quelque dix mille tracts avaient annoncé, à la sortie du métro, ou à l’université de Nanterre, toute proche : « L’Eglise en marche avec Jésus Christ. Vendredi saint, 25 mars 2005. Chemin de Croix des bords de Seine. Organisé par les paroisses catholiques de Rueil Malmaison » (cf. http://catho92-rueil.cef.fr).

Une bonne campagne de communication qui a sa part dans le succès de cette deuxième édition : plus de mille personnes, alors que seuls six cents livrets avaient été prévus pour suivre les lectures, les méditations et les chants.

La compassion de Véronique
Le P. Benjamain Kala Ngoma, du Congo Brazzaville, arrivé en renfort cette année dans l’équipe sacerdotale, ouvrait la marche par ces paroles d’autant plus fortes qu’elles étaient prononcées par un fils de l’Afrique : « Au cœur de notre journée, nous venons de quitter nos occupations habituelles (…) pour cheminer sur les pas du Christ qui porte sa croix. Avec Lui, nous prenons aussi nos croix et celles de nos frères. Croix de toutes les souffrances qui nous plonge dans la nuit de l’épreuve. Nous allons vivre cette marche dans la simplicité et l’humilité. Dans l’espérance qu’après la tristesse et le désespoir du Vendredi saint, il y a la lumière et la joie de Pâques, le réconfort et la présence à nos côtés du Christ ressuscité. C’est un temps de recueillement et de méditation que nous allons vivre ensemble, dans le respect du silence qui favorise l’écoute intérieure de la parole de Dieu ».

Il annonçait aussi : « Après avoir longé la Seine, notre Chemin de croix s’arrêtera à l’église Sainte-Thérèse où ceux qui le souhaitent recevront le sacrement de la réconciliation ».

Au geste de compassion de Véronique, qui « a pitié », ne « supporte pas la souffrance », le Christ répond et « donne à voir aux miséricordieux qu’ils obtiendront miséricorde, aux parias, aux exclus, aux écrasés, qu’il les restaurera dans leur dignité de Fils de Dieu », alors, une jeune voix s’élève: « Seigneur, pardonne-nous, quand nous donnons une trop grande importance à l’apparence d’une personne, plutôt qu’à la personne elle-même ». La foule se remet en marche à la suite du P. Benjamin, aube blanche et étole rouge.

« Bon appétit »
Or, à midi trente, le soleil brûle, face à cette Maison Fournaise immortalisée par Renoir, et, sous les saules pleureurs, on avale un sandwich entre copains, entre collègues. Et l’on est effaré de voir cette paisible colonne de jeunes et de moins jeunes, de poussettes et de vélo, de cravates et de T-shirts, se dérouler en murmurant : « Ecoute, écoute, surtout ne fais pas de bruit… Il marche près de toi ». Un prêtre souhaite « bon appétit », intimidé et heureusement surpris, le jeune au sandwich murmure « merci », finie l’indifférence. Le Christ passe à Rueil 2000… Et sur la péniche, le chien loup s’apaise et n’aboie plus.

Une dame intriguée se penche à son balcon, un jeune japonais – ici on mange des sushis à midi – examine, scrute, et s’étonne, sans oser poser sa question, un anonyme se glisse dans la foule et chante avec elle : « N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ », tandis que Jean-Jacques Rapine veille sur les brebis du Seigneur. C’est lui qui a eu l’idée des brassards de son équipe, marqués de la croix de Saint-François d’Assise. Une autre équipe de douze, au badge bleu, accueille fraternellement tout au long du chemin, même Colette, et son « quarante » de fièvre.

Les prunus en fleurs ont jeté leur tapis de printemps sous les pas des pèlerins et la brise sème encore leurs pétales dans quelques chevelures choisies, doucement.

Dans le jardin de Sainte-Thérèse, auprès de l’olivier, l’assemblée se resserre. Le P. Hugues lit: « Puis, ayant incliné la tête, Il rendit l’esprit ». Dans un vacarme saisissant en un tel instant, le RER file à toute allure vers Chatou. Puis, dans le silence, un avion, très haut, élève les pensées vers le ciel. Moment où la douceur et l’humilité du Christ se communiquent aux cœurs.

Dieu nous attend, dans l’espérance de Pâques
Le P. Benjamin invite les jeunes : « Nous venons de cheminer avec le Christ souffrant. Avec lui, nous avons porté nos croix et celles de nos frères. Nous allons maintenant nous dépouiller de nos fardeaux : Dieu les prend en charge. C’est dans ce sens que les jeunes, qui ont porté une petite croix de leur fabrication, vont maintenant la déposer dans les paniers au pied de la croix de procession. Ces croix chargées des souffrances que nous avons portées au long du chemin vont maintenant entrer dans l’église. Elles ne sont plus sur nos épaules, elles sont dans la main de Dieu. A leur suite, nous pouvons maintenant franchir de seuil, en silence pour nous recueillir. Et, si nous le souhaitons, recevoir le sacrement de réconciliation. Dieu est là, il nous attend, dans l’espérance de Pâques ! ».

C’est, pour Agnès Chavasse- Frétaz et Colette Houdoy, dans la communion avec les prêtres des quatre paroisses que s’enracine le succès de l’initiative : « Si nos prêtres sont là, on fonce. Le curé de Sainte-Thérèse, le P. Jacques Mével, le doyen, le P. Jean-Paul Cazes, nous ont soutenus. Nous, les laïcs, on les rassure sur l’organisation matérielle ». Une organisation mise en route dès janvier.

A 14 h les fidèles continuent de prier, et les huit prêtres de confesser. L’an dernier, entraîné par la procession, un passant avait répondu à l’appel intérieur, désireux de se réconcilier, après longtemps.