Entretien avec Mgr Grab, au terme de la visite ad limina des évêques de Suisse

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CITE DU VATICAN, lundi 14 février 2005 (ZENIT.org) – Au terme de la visite quinquennale ad limina des évêques de Suisse à Rome, Mgr Amédée Grab, évêque de Coire, et président de la conférence des évêques a bien voulu faire un bilan pour les lecteurs de Zenit.

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Zenit : Mgr Grab, vous êtes président de la conférence des évêques catholiques de Suisse qui viennent d’effectuer leur « visite ad limina » quinquennale à Rome: qu’est-ce qu’une visite ad limina ?

Mgr Grab : C’est un voyage que les évêques font tous les cinq ans à Rome pour rencontrer le Pape et ses collaborateurs pour les informer de la situation de leurs diocèses et échanger avec eux. C’est aussi un pèlerinage aux tombeaux des Apôtres. Les deux aspects se complètent, manifestant l’origine de la communion dont l’évêque de Rome est le fondement et le garant visible.

Zenit : Comment se prépare en amont une « ad limina »? Sur combien de semaines ?

Mgr Grab : Cela dépend du moment où la visite est annoncée et le questionnaire remis. Les évêques répondent au questionnaire quelques mois avant la visite de Rome.

Zenit : Comment se déroule une ad limina? Qu’est-ce que les évêques font à Rome? Dans quelle atmosphère?

Mgr Grab : Elle comprend normalement, outre la rencontre de tout le groupe avec le Saint-Père et les audiences qu’il accorde à chacun des évêques et la liturgie célébrée dans les basiliques, des échanges avec les dicastères de la Curie (Congrégations, Conseils, Commission) auxquels tous les évêques participent ou quelques-uns sont présents. La visite dure cinq à six jours et il y a une trentaine de dicastères.

Zenit : Votre visite a été « perturbée » dans son cours habituel par la grippe et l’hospitalisation de Jean-Paul II: comment avez-vous vécu cette circonstance spéciale? Quel crédit attribuer à une rumeur de démission du Saint-Père ?

Mgr Grab : Le soir de notre arrivée, Jean-Paul II a été conduit à l’hôpital. Nous n’avons pas pu le rencontrer, nous avons suivi comme les fidèles et l’information du monde entier l’évolution de son état de santé. Les rumeurs de démission du Saint-Père n’ont rien de nouveau.

Zenit : Votre visite est la première depuis la mémorable visite de Jean-Paul II en Suisse: en voyez-vous les fruits ?

Mgr Grab : La visite de Jean-Paul II aux jeunes et à toute la population catholique de Suisse a été, à Rome comme en Suisse, jugée très positive. Cela nous a été confirmé par les collaborateurs du pape. Les évêques entendent renforcer la coordination nationale de la pastorale des jeunes et sont parfois interpellés : A quand la prochaine ?

Zenit : Avez-vous été frappé par telle ou telle visite dans un dicastère?

Mgr Grab : Par beaucoup. Selon les tâches au sein de la Conférence, chaque évêque a des attentes ou impressions personnelles. La visite à la Congrégation pour la Doctrine de la foi restera un excellent souvenir pour tous, en parfaite opposition à l’idée encore répandue d’une survivance de l’Inquisition.

Zenit : L’actualité a été marquée à Rome par la publication du compendium de l’enseignement social de l’Eglise, dont on attend la publication dans différentes langues. L’Eglise de Suisse a des attentes spécifiques dans ce domaine ?

Mgr Grab : Les documents du Saint-Siège sont souvent accueillis en Suisse avec un enthousiasme modéré. Le « compendium » mérite la plus large diffusion. Il n’est encore sorti qu’en italien et en anglais. Quand seront disponibles les versions française et allemande, les évêques en feront connaître largement l’éminente utilité.

Zenit : Vous avez rencontré les Suisses de Rome, dont le cardinal Cottier, Théologien du pape, et la prestigieuse Garde Suisse pontificale: cela crée des liens spéciaux entre vous et Rome… Que dire de ces deux rencontres, pour ne citer qu’elles ?

Mgr Grab : Elles ne répondent pas aux mêmes exigences, tout liés d’amitié et de respects que sont le Cardinal et la Garde. Le Cardinal n’est pas seulement celui à qui sont soumis tous les textes importants du Saint-Siège. Il reçoit beaucoup de visites, a des contacts avec des personnalités religieuses nombreuses et diverses, des gens de toute culture et compétence. Il en parle avec une grande simplicité. Notre visite à la Garde suisse nous a permis de redire, à travers le Commandant et les officiers, notre merci aux Suisses, jeunes pour la plupart, qui accomplissent fidèlement leur mission, prêts aussi à donner leur vie pour protéger celle du pape comme leurs devanciers en 1517.

Zenit : Vous avez aussi tenu votre assemblée à Rome, c’est une spécificité de votre conférence épiscopale: cela doit teinter d’une couleur spécifique votre réunion habituelle? Une décision importante ?

Mgr Grab : L’assemblée ordinaire était prévue pour début mars. Pour éviter de multiplier les réunions, et selon une habitude qui consiste à travailler ensemble aux heures où les bureaux de la Curie sont fermés, nous avons traité quelques points d’intérêt commun en marge de la visite ad limina. Ajoutant à notre fatigue, mais aussi à la richesse de notre entente fraternelle. Je pensais : Jean-Paul II est plus que jamais parmi nous.

Zenit : Vous êtes également président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE): l’élargissement de l’Europe, le 1er mai dernier, le traité constitutionnel, et l’avenir du continent ont-ils été évoqué lors de cette visite ?

Mgr Grab : Pas directement. Mais certains domaines, p.ex. politique d’asile, libre circulation des personnes etc., que la Suisse traite par accords bilatéraux avec l’UE, ont été évoqués dans les dicastères compétents (Conseil pour la pastorale des Migrants). De même les échanges sur le présent et l’avenir de l’œcuménisme, le dialogue avec les musulmans, ou sur des questions d’éthique comme l’euthanasie, ont eu une dimension européenne.

Zenit : Vous venez de fêter vos 75 ans, et Jean-Paul II souhaite que vous prolongiez votre mandat pastoral: vous attendiez-vous à cette prolongation? Avez-vous un projet qui vous tient plus particulièrement à cœur ?

Mgr Grab : J’ai remis mon mandat sans aucune attente particulière. La réponse ne m’a pas surpris, car j’y avais été préparé depuis quelque temps. Au plan diocésain, quelques projets me tiennent à cœur, comme la restauration de la cathédrale et les travaux entrepris au Séminaire. Les deux chantiers seront achevés en 2007 ; je serais heureux d’être présent, en charge ou émérite, aux célébrations qui marqueront la fin des travaux. Je tiens encore plus à donner toutes mes forces au renforcement de l’unité d’un diocèse que j’ai trouvé passablement déchiré. Avec l’Esprit de Dieu, beaucoup de prêtres, de religieuses et de fidèles y travaillent. Je voudrais aussi mieux coordonner la préparation de la Confirmation et encourager les familles. Cette année de l’eucharistie est aussi, dans nos diocèses, celle des vocations sacerdotales. Et la Vierge Marie dans sa glorieuse assomption est la patronne de la cathédrale.

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ZENIT Staff

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