VIIIe Forum : Message de Jean-Paul II aux étudiants des universités

« Nous devons démontrer que foi et raison ne sont pas inconciliables »

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CITE DU VATICAN, Jeudi 1er avril 2004 (ZENIT.org) – « Nous devons démontrer que foi et raison ne sont pas inconciliables » , demande Jean-Paul II aux étudiants des universités.

Voici le texte intégral en français du message de Jean-Paul II aux jeunes participants au VIIIe Forum international organisé par le conseil pontifical pour les Laïcs sur le thème de l’université. Il a été lu par Mgr Stanislas Rylko.

Message de Jean-Paul II

1. Je désire avant tout vous souhaiter chaleureusement la bienvenue à tous, chers étudiants qui êtes réunis ces jours-ci à Rocca di Papa pour participer au VIIIème «Forum International des Jeunes» sur le thème : «Les jeunes et l’université: témoigner du Christ dans le milieu universitaire». Votre présence est pour moi un motif de grande joie, car elle représente un témoignage étincelant du visage universel et toujours jeune de l’Eglise. Vous venez des cinq continents et vous représentez plus de 80 pays et 30 Mouvements, Associations et Communautés internationales.
Je voudrais saluer les recteurs et professeurs d’université présents à ce Forum, ainsi que les évêques, les prêtres et les laïcs engagés dans la pastorale universitaire, qui, ces jours-ci, accompagneront les jeunes dans leur réflexion.
Je désire exprimer ma plus vive satisfaction à Mgr Stanislaw Rylko, Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs, et à tous ses collaborateurs, pour la réalisation de cette heureuse initiative. Le souvenir des précédentes éditions du Forum, organisées en concomitance avec les célébrations internationales des Journées Mondiales de la Jeunesse, demeure bien vivant dans ma mémoire. Cette année, il a été décidé d’en rénover la formule, en lui conférant un espace plus défini et en mettant l’accent sur la dimension de la formation, avec le choix d’un thème spécifique visant à approfondir un aspect concret de la vie des jeunes. Le thème de cette rencontre est, à coup sûr, d’une grande actualité et répond à un réel besoin. Je suis heureux que tant de jeunes, provenant de cultures si riches et si diverses, soient réunis à Rocca di Papa pour réfléchir ensemble, pour mettre en commun leurs expériences, pour s’insuffler mutuellement le courage de témoigner du Christ dans le milieu universitaire.

2. A notre époque, il est important de redécouvrir le lien qui unit l’Eglise et l’Université. De fait, non seulement l’Eglise a joué un rôle décisif dans l’institution des premières universités, mais elle a été au long des siècles un creuset de culture et, aujourd’hui encore, elle œuvre en ce sens à travers les universités catholiques et les diverses formes de présence dans le vaste monde universitaire. L’Eglise apprécie l’université comme un de ces «bancs de travail, auprès desquels la vocation de l’homme à la connaissance, ainsi que le lien constitutif de l’humanité avec la vérité comme but de la connaissance, deviennent une réalité quotidienne» pour tant de professeurs, de jeunes chercheurs et de foules d’étudiants (Discours à l’UNESCO, n 19 : in Insegnamenti, III/1 1980, pp. 1650 s.).

Chers étudiants, au sein de l’université vous n’êtes pas seulement des destinataires de services, mais vous êtes de véritables artisans des activités qui s’y déroulent. Ce n’est pas un hasard si la période des études universitaires constitue une phase fondamentale de votre existence, durant laquelle vous vous préparez à assumer la responsabilité de choix décisifs qui orienteront tout votre avenir. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire que vous affrontiez le parcours universitaire dans une attitude de recherche des justes réponses aux questions essentielles sur le sens de la vie, sur le bonheur et sur la pleine réalisation de l’homme, ou encore sur la beauté comme splendeur de la vérité.

Heureusement, l’influence des idéologies et des utopies fomentées par l’athéisme messianique qui a tant imprégné bon nombre de milieux universitaires par le passé s’est aujourd’hui affaiblie. Mais il ne manque pas de nouveaux courants de pensée qui réduisent la raison à l’horizon de la seule science expérimentale et donc des connaissances techniques et instrumentales, pour l’enfermer parfois dans une vision sceptique et nihiliste. Sans compter qu’elles sont inutiles, ces tentatives d’échapper à la question du sens profond de l’existence peuvent aussi devenir dangereuses.

3. Grâce au don de la foi, nous avons rencontré Celui qui se présente par ces mots surprenants: «Je suis la vérité» (Jn 14, 6). Jésus est la vérité du cosmos et de l’histoire, le sens et le destin de l’existence humaine, le fondement de toute réalité! Il vous revient, à vous qui avez accueilli cette vérité comme vocation et certitude de votre vie, d’en démontrer le bien fondé jusque dans le milieu et dans le travail universitaires. Une question s’impose alors : dans quelle mesure la vérité du Christ a-t-elle une incidence sur vos études, sur votre recherche, sur la connaissance de la réalité, sur la formation intégrale de la personne? Il peut arriver, même parmi ceux qui se déclarent chrétiens, que certains dans les universités se comportent de fait comme si Dieu n’existait pas. Le christianisme n’est pas une simple préférence religieuse subjective, totalement irrationnelle, reléguée dans la sphère du privé. En tant que chrétiens, nous avons le devoir de témoigner ce qu’affirme le Concile Vatican II dans Gaudium et spes : «La foi, en effet, éclaire toutes choses d’une lumière nouvelle et nous fait connaître la volonté divine sur la vocation intégrale de l’homme, orientant ainsi l’esprit vers des solutions pleinement humaines» (n 11). Nous devons démontrer que foi et raison ne sont pas inconciliables, mais qu’au contraire «la foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité» (cf. Fides et ratio, Intr.).

4. Jeunes amis! Vous êtes les disciples et les témoins du Christ dans l’université. Que la période universitaire soit donc pour vous tous un temps de grande maturation spirituelle et intellectuelle, qui vous conduise à approfondir votre rapport personnel avec le Christ. Mais si votre foi est simplement liée à des fragments de tradition, de bons sentiments ou de généreuse idéologie religieuse, vous ne serez certes pas en mesure de supporter le choc avec le monde environnant. Cherchez donc à rester ancrés dans votre identité chrétienne et enracinés dans la communion ecclésiale. Nourrissez-vous pour cela d’une prière assidue. Choisissez, quand c’est possible, de bons maîtres universitaires. Ne demeurez pas isolés dans des milieux qui sont souvent difficiles, mais participez activement à la vie des associations, des mouvements et des communautés ecclésiales qui œuvrent dans le domaine universitaire. Approchez-vous des paroisses universitaires et laissez-vous aider par les aumôneries. Il vous faut être des bâtisseurs de l’Eglise dans l’université, c’est-à-dire une communauté visible qui croit, qui prie, qui rend raison de l’espérance et qui accueille dans la charité toute trace de bien, de vérité et de beauté dans la vie universitaire. Tout ceci, non seulement à l’intérieur du campus universitaire, mais partout où vivent et se retrouvent les étudiants. Je suis sûr que les Pasteurs ne manqueront pas d’accorder une attention spéciale aux milieux universitaires et destineront à cette mission des prêtres saints et compétents.

5. Chers participants au VIIIème Forum International des Jeunes, je suis heureux de savoir que vous serez présents Place Saint-Pierre, jeudi prochain, lors de la rencontre avec les jeunes du diocèse de Rome, et dimanche à la messe des Rameaux, quand nous célébrerons ensemble la XIXème Journée Mondiale de la
Jeunesse, sur le thème : «Nous voulons voir Jésus» (Jn 12, 21). Ce sera la dernière étape de préparation spirituelle au grand rendez-vous de Cologne, en 2005. Il ne suffit pas de «parler» de Jésus aux jeunes étudiants: il faut aussi le leur faire «voir» par le témoignage éloquent de la vie (cf. Novo millennio ineunte, 16). Je souhaite que cette rencontre à Rome contribue à fortifier votre amour pour l’Eglise universelle et votre engagement au service du monde universitaire. Je compte sur chacun et sur chacune d’entre vous pour transmettre à vos Eglises locales et à vos groupes ecclésiaux la richesse des dons que vous allez recevoir au cours de ces journées intenses.
En invoquant la protection de la Vierge Marie, Siège de la Sagesse, sur votre cheminement, j’accorde de tout cœur une Bénédiction apostolique spéciale sur vous et sur tous ceux qui, avec vous – étudiants, recteurs, professeurs, aumôniers et personnel administratif -, composent la grande «communauté universitaire «.

Du Vatican, le 25 mars 2004
Joannes Paulus II

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ZENIT Staff

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