"Eduquer à la paix", message de Jean-Paul II pour le 1er janvier 2004

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Lutter contre le terrorisme en respectant le Droit international

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CITE DU VATICAN, Mardi 16 Décembre 2003 (ZENIT.org) – Un événement a attiré, mardi matin, la presse internationale au Vatican : la publication du Message de Jean-Paul II pour la 37e Journée mondiale de la Paix, qui sera célébrée le 1er janvier2004.

Il est intitulé : « Un engagement toujours actuel, éduquer à la paix ». Il est publié en français, en italien, en allemand, en anglais, en espagnol, et en portugais.

Il a été présenté à la presse par le cardinal Renato Raffaele Martino, président du conseil pontifical Justice et Paix, entouré du secrétaire du même dicastère, Mgr Giampaolo Crepaldi, de Mgr Frank J. Dewane, sous-secrétaire, et de M. Giorgio Filibeck, official.

Le pape recommande de s’attaquer aux racines du terrorisme, aux causes, en particulier la pauvreté, à promouvoir la justice. Il rappelle que la justice cependant ne suffit pas encore. Il faut la dimension du « pardon » et de l’amour ».

Le cardinal Martino a invité les destinataires de ce message à le considérer dans la perspective d’un véritable « lexique » constitué par les différents messages pour la paix publiés par Paul VI (11) et par Jean-Paul II : un lexique dont les termes sont donnés par les titres mêmes de ces discours, que reprennent les notes 2 et 3 du message, insistait le cardinal. Tous les messages peuvent être consultés sur le portail du Vatican au nom de l’un et l’autre pape (aller dans « Saint-Père », puis pour chacun dans la page « Messages ».

Le document s’adresse aux chefs d’état, pour qui la promotion de la paix est un devoir, ainsi qu’aux juristes, aux éducateurs de la jeunesse, mais aussi aux « hommes et femmes tentés de recourir aux moyens inacceptables du terrorisme, compromettant ainsi à sa racine la cause » pour laquelle ils luttent. « Le message papal s’ouvre, expliquait le président de Justice et Paix, sur un vibrant appel aux chefs d’état, aux juristes, éducateurs de la jeunesse, femmes et hommes tentés par le terrorisme, qui appelle tout le monde à considérer que la paix est possible, et même nécessaire, si possible! ».

Ce message est en date du 8 décembre 2003, en la Solennité de l’Immaculée Conception de Marie. Il se présente en 10 paragraphes et une douzaine de pages : il se lit en 20 minutes.

« Les accords signés doivent être appliqués »

Le pape y aborde la question de l’éducation à la paix à la lumière de l’actualité. Le cœur de son message est l’affirmation de l’importance du respect du droit international : « le Saint-Père a voulu traiter du droit international dans le cadre plus vaste de l’éducation à la paix », expliquait le cardinal Martino.

« Le droit sert la paix », insiste en effet Jean-Paul II. « Si tu préserves l’ordre, l’ordre te préservera », rappelle le pape en latin.

La partie centrale du document est consacrée à la « formation à la légalité, conçue comme la nécessité d’enseigner aux personnes et aux peuples le respect de l’ordre international », expliquait le cardinal Martino.

Ce Message, précisait-il, « réaffirme le principe du « Pacta Sunt Servanda, les accords signés doivent être appliqués ». « Il est bon de rappeler cette règle fondamentale, commentait l’archevêque, surtout à un moment où l’on perçoit la tentation à faire appel au droit de la force plutôt qu’à la force du droit ».

« Le Saint-Père souligne l’importance que le droit international ne soit pas vidé de ses principes éthiques et moraux », insistait le cardinal Martino. « Il doit éviter la domination de la loi du plus fort. Le but principal du droit international est de substituer à la force matérielle des armes la force morale du droit ».

« La lutte contre le terrorisme »

Le message de Jean-Paul II sur le terrorisme s’enrichit de nouveaux éléments, qui viennent compléter l’enseignement du message pour la paix 2002 qui faisait immédiatement suite aux attentats du 11 septembre 2001, insistait sur le fait que jamais le nom de Dieu ne saurait être invoqué pour justifier la violence et la haine.

Cette fois, le pape réfléchit après l’éclatement de la guerre en Irak dont les conséquences ne sont pas encore achevées, expliquait le cardinal Martino.

Pour lutter contre le terrorisme, Jean-Paul II propose d’une part de travailler à « éradiquer les causes d’injustice d’où découlent souvent les mécanismes les plus radicaux et sanglants, et d’insister ensuite sur une éducation fondée sur le respect de la vie humaine en toute circonstance ».

Jean-Paul II propose d’autre part d’élaborer « des instruments juridiques comprenant des mécanismes de prévention, de contrôle et de répression des crimes ». « Les sociétés démocratiques savent que l’usage de la force contre les terroristes ne saurait justifier de renoncer aux principes de l’état de droit », insiste le pape en répétant : « La fin ne justifie jamais les moyens ».

Le pape continue d’affirmer, soulignait le cardinal Martino, que la guerre est une « aventure sans retour », une « défaite pour l’humanité », d’où ce message qui réaffirme la nécessité d’une autorité mondiale pour désamorcer les conflits, et souhaite en même temps une « réforme » de l’ONU pour mieux répondre aux besoins du monde d’aujourd’hui.

« Les Nations Unies, et leur réforme »

Le pape considère les Nations Unies, poursuivait l’ancien Observateur du Saint-Siège à New York, « comme l’un des fruits majeurs du droit international acquis après la tragédie de la seconde Guerre mondiale ». Son but est d’interdire tout recours à la force, à deux exceptions près : « le droit naturel à la légitime défense » et « le système de sécurité collectif », garanti par le Conseil de Sécurité.

« Cette reconnaissance naturelle », s’accompagne, précisait le cardinal italien, d’une invitation à la réforme » de l’institution, pour un « meilleur fonctionnement » et la mise en œuvre de ses « finalités statutaires ».

A propos de cette réforme, et à la lumière de la crise irakienne, le carinal Martino précisait : « Le besoin d’une autorité supérieure figure déjà dans l’encyclique « Pacem in Terris ». Jean XXIII souhaitait cette réforme et Paul VI a demandé que les Nations Unies s’adaptent aux besoins du monde actuel. Dans son discours de 1995 au siège de l’organisation, Jean-Paul II a suggéré qu’elle passe d’un statut « administratif » à celui de « référence morale », dans le concert des nations. Cette idée a été exprimée également dans la lettre adressée par le cardinal secrétaire d’Etat Angelo Sodano à M. Kofi Annan en juin 2003″.

Le titre a été changé par le pape au dernier moment, pour mettre l’accent sur la tâche de l’Eglise, des familles, des Etats : « éduquer » à la paix « s’éduquer à la paix ».

Ce Message 2004 s’achève par l’affirmation de ce que « la valeur de la justice doit être complétée par la charité ». La justice ne suffit pas : « L’amour doit donc animer tous les secteurs de la vie des hommes, et s’étendre jusqu’à l’ordre international ».

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ZENIT Staff

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