C’est ce que souligne le congrès organisé à l’Augustinianum de Rome, du 17 au 22 novembre, par le conseil pontifical pour la pastorale des Migrants et des personnes en déplacement, qui a été présenté ce matin par le cardinal Stephen Fumio Hamao, président de ce dicastère, par Mgr Agostino Marchetto, secrétaire, et par le P. Michael Blume, sous-secrétaire.
Ce monde « bouge vite », souvent sous la pression de l’insécurité sociale, ou d’un conflit qui les contraint à abandonner leur maison et leur terre natale pour reconstruire leur avenir ailleurs et en repartant à zéro : un flux ininterrompu de personnes qui se déplacent, fuient, tend la main. Pour le cardinal Hamao c’est un défi social, culturel, économique mais aussi pastoral, que le congrès se propose d’examiner à la lumière des récents enseignements de Jean-Paul II, en particulier dans « Novo millennio ineunte ».
Pour indiquer des lignes pastorales efficaces auprès des peuples itinérants, disait-il, l’Eglise a compris depuis longtemps, et le prochain congrès le rendra encore plus évident, qu’il faut « l’unique programme de l’Evangile » dans « chaque réalité ecclésiale ».
L’Eglise encourage donc « l’intégration » et les « gestes de fraternité » dans la rencontre avec qui demande de l’aide. Mais intégration ne signifie par « assimilation », précisait Mgr Agostino Marchetto. Il précisait les chiffres : il s’agit de 2,9% de la population mondiale, dont 48% de femmes.
Selon les organisations internationales, les pays à plus forte présence d’immigrés sont : les Etats Unis (35 millions) et la Fédération de Russie (13,3 millions), l’Allemagne (7,3 millions), l’Ukraine (6,9), la France (6,3), l’Inde (6,3), le Canada (5,8), l’Arabie Saoudite (5,3), l’Australie (4,7), le Pakistan (4,2), le Royaume uni (4), le Kazakhstan (3), la Côte d’Ivoire (2,3), l’Iran (2,3), Israël (2,3), etc.
L’Afrique compte 16,2 millions d’immigrés, soit 2,1% de la population. La présence étrangère en Amérique Latine et dans les Caraïbes atteint le 5,9 millions, soit 1,1% des habitants.
L’Océanie, avec 6 millions de migrants constitue la région du monde ayant le plus grand nombre de migrants, par rapport à la population totale (19,1%), suivie par l’Amérique du Nord (41 millions, 13%), et par l’Europe (56 millions, 7,7%) et l’Asie avec 49,7 millions de personnes.
Mgr Marchetto souligne les défis pastoraux soulevés par les problèmes liés à l’immigration. Ainsi, si chaque continent peut compter sur un quota annuel plus ou moins ample d’immigrés, ceux-ci sont tenus au devoir de « respecter de l’identité nationale » du pays qui les accueille, de même que les nations d’accueil doivent respecter les connotations culturelles de l’immigré. Les épiscopats locaux également doivent s’organiser, recommande le conseil pontifical, de façon à répondre de façon appropriée aux sollicitations des immigrés et des réfugiés, selon la réalité sociale et culturelle du pays d’appartenance. En rappelant et en rappelant aussi aux gouvernements des Etat, qu’au-delà des peurs inéluctables devant les masses migratoires, ce peuple en mouvement renferme en lui de grandes potentialités.
Mgr Marchetto précisait : « Je dirais que nous devons voir non seulement ce qui peut mettre en crise notre société, par ces mouvements de peuples, mais aussi l’occasion qui est offerte de « faire famille universelle », d’être capables de dialoguer, de se respecter, de se voir, de cohabiter en paix dans la collaboration légitime, dans le respect réciproque, en respectant aussi l’identité nationale. C’est une chance qui nous est offerte de faire un monde, une unité d’une unique famille humaine ».
Mgr Marchetto se félicite de la « cristallisation » d’une « pensée commune » peu à peu sur l’accueil des immigrés grâce à l’échange d’expériences pastorales, et en particulier la sensibilisation pastorale des futurs prêtres.
Le P. Blume évoquait pour sa part des situations dramatiques comme celle des camps de réfugiés dans le monde. Il concluait : « Nous souhaitons que le congrès mondial puisse donner un nouvel élan à de telles activités pastorales dans le monde entier, et que ce soit un encouragement à une stratégie pastorale fondée sur des réflexions bien fondées pour les énormes tâches qui sont devant nous. Cela aidera à s’identifier plus étroitement avec les demandeurs d’asile, les réfugiés, les déplacés, dans lesquels nous devons toujours reconnaître le visage du Christ ».