Le pape Prix Nobel de la Paix ? Suspense

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CITE DU VATICAN, Jeudi 9 octobre 2003 (ZENIT.org) – Le pape et le prix Nobel de la paix : les media italiens reviennent ces jours-ci sur le sujet, avançant des pronostics.

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On sait que la décision a été prise le 29 septembre mais ne sera publiée que ce vendredi 10 octobre à 11 heures.

Le « Corriere della Sera » en parle pour la seconde fois cette semaine avec des titres significatifs : « Il a lutté pour la paix, c’est le vrai candidat pour le Nobel ». Avec en sous titre cette explication : « C’est l’année de la guerre en Irak et lui seul a empêché qu’elle devienne une croisade » (le 8 octobre).

Aujourd’hui, le « Corriere » titre : « Le Nobel de la paix et le pape. C’est Oslo qui décide, la ville la plus « laïque ». » Un jury luthérien et rationaliste qui a rarement récompensé des religieux.

Le quotidien cite en particulier les propos de M. Stein Tonnesson, directeur du Centre international de recherche sur la paix d’Oslo et professeur d’histoire politique : « Nous n’avons pas de contact direct avec le comité du Nobel, ces analyses sont mes analyses personnelles suggérées par les circonstances ».

Et d’expliquer : « L’année 2003 est l’année de la guerre en Irak. La personnalité de plus grande envergure mondiale qui se soit immédiatement prononcée contre la guerre, sans condition, a été le pontife. Son « non » a empêché la guerre de se transformer en nouvelle croisade du christianisme contre l’Islam. Le message venu du successeur de ces papes qui les ont voulues, les croisades ! »

Le prof. Tonnesson ajoute à propos de Jean-Paul II: « Depuis toujours, il se bat pour la paix et pour la liberté. Aucun pape n’a reçu le Prix. Vu la mauvaise santé de Jean-Paul II, c’est la dernière possibilité. Qui sait quand et si un autre pape pourra se vanter d’un tel engagement en faveur de la paix ».

Mentionnant aussi les oppositions à la candidature Wojtyla, le prof. Tonnesson conclut : « Une reconnaissance accordée à Jean-Paul II serait une grande démonstration de courage intellectuel et cela maintiendrait indubitablement le Prix au niveau international ».

Et si ce n’était pas Jean-Paul II ? « Un choix possible serait l’ancien président de la République tchèque, M. Vaclav Havel. Il circule aussi le nom du président brésilien Lula da Silva, mais cela semble prématuré : les vrais résultats sont encore loin. Je n’exclue pas non plus Mohammed El Baradei, chef de l’Agence pour l’énergie atomique (IAEA). Il a tenté d’éviter la guerre en Irak et maintenant, un travail complexe l’attend en Iran ».

En tout, 165 candidatures ont été examinées, dont celle de la communauté Sant’Egidio. Pour Mme Janne Haaland-Matlary, professeur de Politiques internationales à Oslo, ancienne secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, mais aussi membre des conseils pontificaux Justice et Paix et pour la Famille, « il n’y a pas de « fuites » mais personne plus que Jean-Paul II ne s’est opposé à la guerre en Irak. S’il obtient le Nobel, je serai enthousiaste. Mais beaucoup de préjugés anti-papistes peuvent avoir joué un rôle ».

Le « Corriere » fait la liste des indices qu’il interprète en faveur du pape. Le secrétaire du comité, M. Geir Lundestad a déclaré à l’issue de la réunion : « Nous sommes arrivés à une décision » et « parmi les candidats favoris, il y a Jean-Paul II ».

Il n’a fallu qu’une demi-heure pour mettre le comité Nobel d’accord sur un nom : d’habitude il ne faut pas moins de deux ou trois heures.

L’agence nationale de presse norvégienne et les plus grands quotidiens se sont rangés autour de ce pronostic, souligne le quotidien italien.

Un autre argument avancé par la presse « vaticaniste » : c’est le 40e anniversaire de « Pacem in Terris » que Jean-Paul II ne cesse de re-proposer aux catholiques et au monde.

Avant même la crise irakienne de 2003, Jean-Paul II a contribué de manière décisive à mettre fin à la guerre froide; il a joué un rôle de médiateur entre différents pays pour parvenir à la paix.

Mais il y avait jusqu’ici à l’intérieur du comité d’Oslo un opposant ferme à la candidature du pape Wojtyla: l’évêque luthérien d’Oslo, Gunnar Staalseth, pour les positions du pape en matière de morale sexuelle et familiale.

Or l’évêque luthérien ne fait plus partie, depuis fin 2002, des cinq membres de droit désignés par le parlement norvégien.

En effet le Nobel de la paix est le seul qui soit conféré à Oslo, selon les volontés du Suédois Alfred Nobel – le philanthrope suédois, inventeur de la nitroglycérine (+1896) – car la Suède et la Norvège avaient autrefois le même souverain et Oslo faisait figure de seconde capitale.

Pour sa part, le nonce apostolique en Norvège, Mgr Piero Biggio observe : « Jean-Paul II travaille pour la paix depuis 25 ans. I l est certainement celui qui le mérite le plus ». « Le pontife, explique-t-il, a fait un énorme travail pour la paix au cours de son pontificat. Si le prix lui était attribué, ce serait une marque de gratitude avec de grands motifs. Et ce serait une joie pour toute l’Eglise catholique ».

Le pape, qui a récemment dérogé à la règle en acceptant le doctorat honoris causa en droit de l’université romaine de la Sapienza, accepterait le prix, estiment des observateurs à Rome.

Le porte-parole de la communauté Sant’Egidio, Mario Marazziti, précise pour sa part que le pape mérite amplement ce Prix et que bien qu’il n’ait pas été écouté le pape n’a pas cessé ensuite de « travailler pour réduire le risque d’un conflit de civilisation, entre l’Occident et l’Islam ».

Rappelons que par le passé, huit personnalités ecclésiales ont reçu le Nobel de la Paix : en 1930, l’archevêque suédois Lars Olof Jonathan Söderblom, leader du mouvement oecuménique ; en 1947, les Quakers de Londres et Washington, descendants des « Pères pèlerins » ; en 1958, Dominique Georges Henri Pire, Dominicain belge, engagé dans l’aide aux réfugiés ; en 1964, le pasteur Martin Luther King, défenseur des droits civils des Afro-américains ; en 1979, Mère Teresa de Calcutta ; en 1984, l’évêque anglican de Johannesbourg, en Afrique du Sud, Desmond Tutu ; en 1989, le XIVe Dalai Lama ; en 1996, l’évêque catholique du Timor oriental, Carlos Felipe Ximenes Belo.

Autre indice : au moment où nous bouclons, les paris vont bon train ! Mais que disent les bookmakers ? Le pape grand favori (2 contre 1), suivi de Havel (8 contre 1), Lula, Chirac, Hans Brix, El Badardei…

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ZENIT Staff

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