CITE DU VATICAN, Jeudi 18 septembre 2003 (ZENIT.org) – « Il est urgent d’éduquer à la liberté. Faisons place à Dieu! » a déclaré Jean-Paul II au deuxième jour de son voyage en Slovaquie, à Banská Bystrica, en la fête du Saint Nom de Marie.
Dans la matinée du 12 septembre 2003, Jean-Paul II a présidé une concélébration eucharistique sur la Place de la Renaissance nationale à Banská Bystrica. Au début de la cérémonie, l’Evêque de Banská Bystrica, S.Exc. Mgr Rudolf Baláz, a adressé des paroles d’hommage au Saint-Père. Au cours de la Messe, Jean-Paul II a prononcé l’homélie suivante:
1. « Mon coeur exulte dans le Seigneur » (Psaume responsorial). C’est avec une joie intime et une profonde reconnaissance envers Dieu que je me trouve aujourd’hui sur cette place avec vous, chers frères et soeurs, pour célébrer la mémoire du Saint Nom de Marie.
Le lieu où nous nous trouvons est particulièrement significatif dans l’histoire de votre ville: en effet, celui-ci rappelle le respect et la dévotion de vos pères envers le Seigneur tout-puissant et la Très Sainte Vierge, mais également la tentative de profaner ce précieux héritage, perpétrée par un régime obscur au cours d’années récentes. La statue de la Vierge Marie est le témoin silencieux de tout cela.
Je vous salue tous de grand coeur: en premier lieu votre Evêque, Mgr Rudolf Baláz, que je remercie des paroles cordiales avec lesquelles il m’a accueilli, et l’Evêque auxiliaire, Mgr Tomás Gális. Je salue également les Cardinaux, les Evêques, les prêtres, les religieux, les religieuses, les séminaristes, ainsi que les laïcs qui, dans divers domaines, représentent les forces vives de cette Eglise diocésaine, et enfin tous ceux qui sont venus des diocèses et des pays voisins.
Mon salut s’adresse également avec un cordial respect à Monsieur le Président de la République et aux Autorités civiles et militaires présentes. Je remercie chacun de l’aide précieuse qu’il a apportée à la préparation de ma visite.
2. « Je suis la servante du Seigneur! » (Lc 1, 38), dit Marie dans le passage évangélique que nous venons d’écouter. Elle s’adresse à l’Ange Gabriel, qui lui communique l’appel de Dieu à devenir la mère de son Fils. L’Incarnation du Verbe constitue le point décisif du « projet » manifesté par Dieu dès le début de l’histoire humaine, après le premier péché. Il veut transmettre aux hommes sa vie elle-même, en les appelant à devenir ses fils. Il s’agit d’un appel qui attend la réponse de chacun. Dieu n’impose pas le salut; il le propose comme initiative d’amour, à laquelle il faut répondre par un libre choix, motivé lui aussi par l’amour.
Le dialogue entre l’Ange et Marie, entre le ciel et la terre est, dans ce sens, exemplaire: nous voulons en tirer quelques indications pour nous.
3. L’Ange présente les attentes de Dieu pour l’avenir de l’humanité, Marie répond en portant de façon responsable l’attention sur sa situation présente: elle est fiancée à Joseph, promise à lui comme épouse (cf. Lc 1, 34). Marie ne soulève aucune objection en ce qui concerne l’avenir de Dieu, mais demande des explications en ce qui concerne le présent humain dans lequel elle est impliquée. A sa demande, Dieu répond en entrant en dialogue avec Elle. Il aime avoir à faire à des personnes responsables et libres.
Quelle leçon pouvons-nous tirer de tout cela? Marie nous montre le chemin vers une liberté ayant atteint sa maturité. A notre époque, il existe de nombreux chrétiens baptisés qui n’ont pas encore assumé leur foi de façon adulte et consciente. Ils se proclament chrétiens, mais ne réagissent pas avec une pleine responsabilité à la grâce reçue; ils ne savent pas encore ce qu’ils veulent et pourquoi ils le veulent.
Telle est la leçon à tirer aujourd’hui: il est urgent d’éduquer à la liberté. Il est urgent, en particulier, que dans les familles, les parents éduquent à la juste liberté leurs enfants, pour les préparer à apporter une réponse opportune à l’appel de Dieu. Les familles sont le vivier dans lequel se forment les petites plantes des nouvelles générations. C’est dans les familles que se forme l’avenir des nations.
Précisément dans cette perspective, je souhaite que le Synode diocésain, que vous vous apprêtez à célébrer, constitue une occasion privilégiée pour relancer la pastorale familiale et trouver des voies toujours nouvelles pour l’annonce de l’Evangile aux nouvelles générations de cette noble Terre slovaque.
4. « Je suis la servante du Seigneur; qu’il m’advienne selon ta parole! » (Lc 1, 38). Marie croit et pour cela, dit oui. Il s’agit d’une foi qui devient vie: elle devient engagement envers Dieu, qui la remplit de son être à travers la maternité divine, et engagement envers le prochain, qui attend son aide dans la personne de sa cousine Elisabeth (cf. Lc 1, 39-56). Marie s’abandonne librement et consciemment à l’initiative de Dieu, qui réalisera en Elle ses « merveilles »: mirabilia Dei.
Face à l’attitude de la Vierge, chacun de nous est invité à réfléchir: Dieu a un projet pour chacun; à chacun, Il adresse son « appel ». Ce qui compte est de savoir reconnaître cet appel, de savoir l’accueillir, de savoir lui être fidèle.
5. Chers frères et soeurs, faisons place à Dieu! Dans la variété et la richesse des diverses vocations, chacun est appelé, à l’exemple de Marie, à accueillir Dieu dans sa vie et à parcourir avec Lui les routes du monde, en annonçant son Evangile et en témoignant de son amour.
Que cela soit l’engagement que nous prenons tous ensemble aujourd’hui, en le déposant avec confiance entre les mains maternelles de Marie. Que son intercession nous obtienne le don d’une foi forte, qui rende limpide l’horizon de l’existence et transparents l’esprit, l’âme et le coeur.
Je confie à la Vierge Marie votre diocèse de Banská Bystrica, votre Evêque, les prêtres, les religieux et les religieuses et chacun de vous. Amen!
Au terme de la Célébration eucharistique, avant de donner la Bénédiction finale, le Saint-Père a dit en slovaque:
Je vous remercie pour le beau chant, pour la liturgie et pour la place si bien décorée. Je vous remercie de tout coeur pour cette célébration commune de l’Eucharistie. Je vous bénis tous. La Slovaquie est, et restera toujours, fidèle au Christ et à l’Eglise. Je vous remercie pour votre témoignage. Je salue les jeunes, vous êtes l’avenir de Banská Bystrica.
Puis il a conclu en polonais:
Je désire saluer cordialement le Cardinal de Cracovie et les pèlerins de Pologne. Chers frères et soeurs, vous êtes venus à Banská Bystrica avec vos frères slovaques pour célébrer et glorifier le bon Dieu avec le Pape. Que la foi, l’espérance et l’amour qui nous ont réunis ici, unissent toujours nos actions pour le bien commun. Dieu nous bénisse.
(©L’Osservatore Romano – 16 septembre 2003)