CITE DU VATICAN, Jeudi 27 septembre 2001 (ZENIT.org) – La légitimité des greffes d´organes d´animaux chez l´homme doit exclure des souffrances inutiles de ces animaux, impliquer une grande prudence en matière de modifications génétiques incontrôlées, et ne pas altérer la biodiversité et l´équilibre des espèces animales, recommande entre autres le Vatican.
A la demande des autorités européennes, l´Académie pontificale pour la Vie propose en effet des repères éthiques préalables aux éventuelles expériences en vue de greffes d´organes d´animaux chez l´homme. Mgr Elio Sgreccia, vice-président de l´Académie pontificale pour la Vie (academiavita.org)
a présenté hier, au Vatican, un nouveau document de cette académie sur les « greffes animales » intitulé: « La perspective des greffes animales: aspects scientifiques et considérations éthiques ». Sont également intervenus au cours de la conférence de presse les professeurs Emanuele Cozzi (Cambridge), Maurizio Faggiori (Alfonsianum, Rome), et Marialuisa Lavitrano (La Sapienza, Rome).
La seconde partie du document est « éthique » explique Mgr Sgreccia à Radio Vatican, et elle tente de répondre à la question: « Est-il licite d´utiliser l´animal de cette façon? Quel est le pouvoir de l´homme sur l´animal, de prendre ses organes pour les transplanter dans l´homme? » « Cela doit être discuté, explique Mgr Sgreccia, à la lumière de la philosophie, de l´anthropologie et de la théologie ».
A propos de cet « aspect éthique de l´utilisation des animaux en vue d´améliorer la survie et le bien-être de l´homme », le Prof. Faggioni a rappelé, au cours de la conférence de presse, que si « l´homme dispose du pouvoir sur la création », comme le dit le récit de la Genèse, ce pouvoir ne doit pas pour autant « déboucher sur une réduction en esclavage et un avilissement destructif des autres créatures ».
« La légitimité de l´utilisation des animaux implique, disait-il, le respect de certaines conditions, comme l´exclusion des souffrances inutiles de ces animaux et une grande prudence en matière de modifications génétiques incontrôlées, risquant de provoquer d´inutiles souffrances ou un état de stress ». Le document préconise aussi d´éviter le risque « d´altérer gravement la biodiversité et l´équilibre des espèces animales ».
D´autres questions se posent également, ajoute Mgr Sgreccia: « Que se passe-t-il pour l´identité de la personne qui reçoit cette transplantation? La biologie animale influence-t-elle la biologie de l´homme? Par exemple, certains organes seraient exclus: on ne peut pas imaginer la transplantation d´un cerveau, parce que c´est tout l´organisme humain qui serait influencé. Mais certains organes à dynamique limitée et exclusive comme le rein, le cœur, le foie (on pense aujourd´hui surtout au foie de malade) pourraient être transplantés ».
« La perspective, affirme Mgr Sgreccia, est positive du point de vue théologique et philosophique. Naturellement, toutes les autres conditions devraient être réunies – dont l´absence de risques d´infection, qui est une question éthique aussi, et pas seulement scientifique – « .
Mgr Sgreccia explique que ce document, assez ample, « est le fruit d´une recherche de plusieurs mois en collaboration avec des experts scientifiques dans différents domaines de la médecine et de la chirurgie mais aussi des anthropologues, des philosophes, des « bioéthiciens », soit une vingtaine de spécialistes, qui se sont réunis à plusieurs reprises pour ce dialogue « interdisciplinaire ». »
« Le document, précise Mgr Sgreccia, a été demandé par la Commission européenne et par le Conseil de l´Europe de façon à connaître le point de vue de l´Eglise catholique. Nous avons reçu le mandat de la Secrétairerie d´Etat pour exposer le point de vue de l´Eglise catholique sur les greffes animales. Le problème est important, parce qu´il s´agit de transplanter un organe animal dans un organisme humain, et nous sommes encore dans une phase d´attente. Il y a eu des expériences préparatoires, d´animal à animal, et des expériences de contact entre des cellules animales avec l´organisme humain. Cette possibilité doit donc encore être étudiée du point de vue scientifique ».
La partie scientifique du document traite, indique Mgr Sgreccia, des questions de rejet, de génétique appliquée à l´animal, de façon à ce que l´organe animal puisse être transplanté dans l´homme, des questions touchant les virus que l´animal pourrait éventuellement communiquer à l´homme. En effet, des rétrovirus qui ne provoquent aucune pathologie chez l´animal, mais sont dominés par la biologie animale, comme cela a probablement été le cas du virus du sida, explique Mgr Sgreccia. « Il faut prévenir ce risque très grave, dit-il. C´est le problème le plus discuté pour les cas de greffes animales. Et la partie scientifique du document présente cet examen scrupuleux fait par les experts ».
« Le document s´achève sur les conditions de passage de la phase pré-clinique à l´expérimentation clinique, continue Mgr Sgreccia. On ne doit pas s´attendre à ce que l´on commence à faire ces choses. Il faudra auparavant une expérimentation pilotée, guidée, sous des contrôles et avec des précautions. Nous nous trouvons dans un domaine de biologie très avancée impliquant l´homme lui-même. Le document a donc voulu donner des indications pour le passage de la phase pré-clinique à l´expérimentation clinique. Ce n´est qu´après le passage par cette phase expérimentale que l´on pourra affronter l´examen de la transplantation proprement dite ».
Enfin, Mgr Sgreccia souligne l´importance de ces perspectives pour sauver des vies. Les organes humains disponibles sont, rappelle-t-il, insuffisants, en dépit des appels au don d´organes, et les malades restent nombreux en liste d´attente ou même meurent alors que les progrès accomplis dans ce domaine permettraient de grands succès.