Le plus beau jour de la vie d´un fils de la steppe

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Vazlaw Poplawsky se souvient de la foi dans les camps de travaux forcés

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ROME, dimanche 23 septembre 2001 (ZENIT.orgAVVENIRE) – Alors que Jean-Paul II priait samedi soir devant le « Monument aux victimes du régime totalitaire », Vazlaw Poplawsky disait à voix basse: « Priez aussi pour moi et pour ma famille ».

Vazlaw Poplawsky a 62 ans. Il a passé 22 ans dans un camp de travaux forcés. Fils de déportés ukrainiens, il est né en plein coeur de la steppe, à 80 kilomètres de l´actuelle capitale du Kazakhstan, Astana.

Sa famille arriva en 1936 lorsque Staline lança le plan de collectivisation, obligeant des centaines de milliers de personnes à abandonner leurs terres pour s´installer dans la steppe et y construire des kolkhozes, les fermes collectives, aux côtés de la population locale qui dut à son tour abandonner la tradition nomade pour travailler dans les camps.

Le Kazakhstan était un pays de déportation depuis le temps des tsars. Mais à l´époque de Staline, la déportation prit des proportions énormes: 800.000 Allemands, 600.000 Ukrainiens, 100.000 Polonais, des milliers de dissidents politiques.

Vazlaw naquit trois ans après l´arrivée de ses parents. Lorsqu´il pense à son enfance, il en tremble encore. « J´ai grandi dans une cabane faite de boue et d´herbe sèche. Pour trouver du bois, il fallait faire des dizaines de kilomètres à pied. Il n´y avait rien à manger et un morceau de pain noir était quelque chose que nous les enfants cachions comme un trésor », raconte-t-il dans un entretien publié aujourd´hui par le quotidien italien « Avvenire ».

Initié à la foi par sa mère, d´origine polonaise, il se souvient que dans leur petite cabane il y avait une icône de la Vierge Noire de Czestochowa. « Il n´y avait pas de prêtres et on ne pouvait pas organiser de réunions religieuses. Seuls les enterrements, au cours desquels les gens se réunissaient pour prier le chapelet, étaient autorisés. Et puisque presque tous les jours il y avait quelqu´un qui mourrait, on peut dire qu´on priait en fait beaucoup… ».

« J´ai commencé à vivre à l´âge de 22 ans, en 1961, quand je suis parti pour la ville », poursuit Vazlaw. D´abord à Tselinograd, la nouvelle Astana, et ensuite à Karaganda, où il a fait la connaissance du père Wladislaw Bukowinski, prêtre polonais qui a décidé de rester au Kazakhstan après sa sortie des camps.

« Il travaillait dans une mine et nous l´aimions beaucoup, car il était très généreux, poursuit-il. Nous nous voyions souvent et quand il parlait de Dieu on pouvait l´écouter pendant des heures ».

Il y a six ans, Vazlaw Poplawsky a décidé de devenir prêtre. Il est actuellement curé de la paroisse de Saint Joseph, à Karaganda.

« C´est la ville de la souffrance et du souvenir, le centre spirituel des catholiques », conclut le fils de la steppe, reconnaissant que l´image du Saint Père priant pour sa famille et tous ceux qu´il a vus mourir, a fait de cette journée de samedi, le plus beau jour de sa vie.

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ZENIT Staff

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