ROME, lundi 17 septembre 2001 (ZENIT.org) – Quatre jours avant les terribles attentats de New York et Washington, un prêtre français, vivant à Assise, en Italie, et engagé dans l´aide humanitaire en Iraq, avait prévenu un juge italien, un ancien parlementaire européen et des hommes politiques italiens, des risques d´attentats.
Le 7 septembre dernier, alors qu´il célébrait le mariage de deux amis, à Todi, en Italie, le père Jean-Marie Benjamin, 55 ans, né en France, a déclaré, de manière informelle à un juge, et à des hommes politiques, qu´il avait appris qu´un commando terroriste était en train de préparer des attentats avec des avions de passagers séquestrés, dans des centres habités des Etats-Unis et en Angleterre.
Le père Benjamin est l´un des meilleurs experts du monde musulman, en Occident. Il a travaillé à l´ONU de 1983 à 1988 et a ensuite décidé de se consacrer à Dieu. Il a été ordonné en 1991. Depuis 1997 il est engagé dans l´aide humanitaire en Iraq où la population souffre toujours de l´embargo américain.
Le 11 septembre, un quart d´heure après la première attaque contre le World Trade Center, l´ancien parlementaire européen – le p. Benjamin n´a pas souhaité révéler son identité – l´a appelé, tout affolé, après avoir constaté que ce que le prêtre français craignait était bel et bien arrivé.
Peu de temps après, le Ministre des Affaires Etrangères italien a contacté le p. Benjamin, lui demandant de lui fournir toutes les informations dont il disposait. Le 13 septembre, le prêtre français a rencontré le ministre italien Renato Ruggiero. La rencontre a duré une heure dix.
Le prêtre a expliqué qu´il ne savait pas où devaient avoir lieu les attentats exactement. Les personnes qu´il avait rencontrées (il n´a pu révélé ni leur nom ni leur nationalité à la presse) n´avaient fait que mentionner les Etats-Unis, l´Angleterre et la méthode des avions kamikaze.
L´attentat prévu en Grande Bretagne aurait échoué au dernier moment.
Le p. Benjamin explique que la prudence, mais aussi le Ministère des Affaires Etrangères italien, lui interdisent de révéler ses sources. Dans des déclarations à la presse, il a précisé cependant que ces derniers mois, des changements avaient eu lieu dans l´organisation des groupes terroristes islamiques.
« Dans le passé, a-t-il expliqué, ces organisations avaient une activité autonome, indépendante, mais les choses ont beaucoup changé ». « Bin Laden est relié à 70 organisations qui lui appartiennent, dispersées dans une trentaine de pays. Ces groupes sont à leur tour en contact avec 900 organisations islamiques présentes dans tous les continents avec des milliers de militants, certains originaires de l´Occident. Ils n´ont pas tous un nom arabe et il y en a qui ne croient même pas à l´islam ».
Le p. Benjamin a également expliqué que Bin Laden n´est pas le seul point de référence de ces organisations. Si celui-ci était assassiné ou arrêté, l´organisation, qui compte des milliers de volontaires et activistes dans trente pays, continuerait à fonctionner.
Cette situation fait que la réaction aux attentats est extrêmement difficile à organiser, a constaté le p. Benjamin. « Ils m´ont dit: ´Nous n´avons pas besoin de bombes atomiques ou de missiles guidés au laser. Nous avons suffisamment de volontaires et une organisation suffisante pour réagir et en finir avec l´Occident en trois jours´ ».
Le prêtre français a reconnu que ces déclarations étaient exagérées, dictées par un souci de propagande.
« Même si je suis ami de beaucoup de musulmans, a-t-il ajouté, je me suis demandé pourquoi c´est à moi qu´on avait dit tout cela. J´ai senti que c´était mon devoir d´en informer le gouvernement italien ».
Le père Bejamin fut le premier à « violer » l´embargo imposé à l´Irak, en avril 2000, pour acheminer des médicaments à Bagdad.
