Le pape François est accueilli par le Grand-Duc, Son Altesse Royale Henri de Luxembourg et la Grande-Duchesse Marie-Thérèse de Luxembourg © Vatican Media

Le pape François est accueilli par le Grand-Duc, Son Altesse Royale Henri de Luxembourg et la Grande-Duchesse Marie-Thérèse de Luxembourg © Vatican Media

« Pour servir » : Devise de la visite du pape au Luxembourg

Le saint-Père explique pourquoi servir, ce titre de noblesse, est pour chacun la tâche principale

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À son arrivée à l’aéroport international de Luxembourg-Findel, le Saint-Père a été accueilli par le Grand-Duc, Son Altesse Royale Henri de Luxembourg, par la Grande-Duchesse Marie-Thérèse de Luxembourg et par le Premier ministre, S.E. M. Luc Frieden.

Après la garde d’honneur, l’exécution des hymnes, l’honneur des drapeaux et la présentation des délégations respectives, le pape s’est rendu en voiture au Palais grand-ducal pour la visite de courtoisie au Grand-Duc de Luxembourg.

À 10 h 45, arrivé au Palais, le Saint-Père a été accueilli à l’entrée principale par le Grand-Duc et la Grande-Duchesse de Luxembourg. Ensemble, ils se sont rendus au premier étage où a eu lieu la présentation de la famille grand-ducale. Ensuite, ils se sont rendus dans la salle de bal pour la signature du livre d’honneur et les photos officielles avec les Grands-Ducs, les Grands-Ducs héréditaires et la famille. Ensuite, le pape François, le Grand-Duc et la Grande-Duchesse se sont rendus au Salon des Rois pour l’entretien privé qui a lieu après la photo officielle et l’échange de cadeaux.

Discours aux autorités, au Corps diplomatique et à la société́ civile du Luxembourg © Vatican Media

Discours aux autorités, au Corps diplomatique et à la société civile du Luxembourg © Vatican Media

Au même moment, dans le Bureau des Ministres, une brève réunion a lieu entre le Premier Ministre, avec sa délégation, et le Député, le Secrétaire pour les Relations avec les États et les Organisations Internationales, le Nonce Apostolique et le Secrétaire de la Nonciature. Après la rencontre avec la délégation du Vatican, le Premier ministre a rejoint le pape dans le Salon des Rois pour un bref entretien. Le pape François s’est ensuite rendu en voiture au Cercle Cité pour la rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique.

Après le discours introductif du Premier ministre, le pape a prononcé son allocution.

À la fin, avant de quitter la Grande Salle, le Saint-Père salue un certain nombre d’Autorités et s’arrête immédiatement à l’extérieur de la Salle Flamande pour la signature du Livre d’Honneur. Il a ensuite pris congé des Grands-Ducs de Luxembourg et du Premier ministre et s’est rendu en voiture à l’Archevêché où, à son arrivée, il a été accueilli par le personnel de la Résidence.

Nous publions ci-dessous le discours que le pape François a adressé aux personnes présentes lors de la rencontre avec les Autorités, le Corps diplomatique et la Société civile (texte intégral)

 

Altesses Royales,

Monsieur le Premier ministre,

distingués représentants de la société civile,

illustres Membres du Corps Diplomatique,

Mesdames et Messieurs !

 

Je suis heureux de faire cette visite au Grand-Duché du Luxembourg ; je remercie vivement Votre Altesse Royale, et le Premier Ministre pour les cordiales paroles de bienvenue qu’elle m’a adressées.

En raison de sa situation géographique particulière, à la frontière de différentes zones linguistiques et culturelles, le Luxembourg s’est souvent trouvé au carrefour des événements historiques européens les plus importants. À deux reprises, dans la première moitié du siècle dernier, il a dû subir l’invasion et la privation de liberté et d’indépendance.

Instruit par son histoire, votre pays s’est distingué, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, par son engagement dans la construction d’une Europe unie et solidaire dans laquelle chaque pays, grand ou petit, aurait son rôle à jouer, laissant enfin derrière elle les divisions, les querelles et les guerres provoquées par des nationalismes exacerbés et des idéologies pernicieuses.

Il faut également reconnaître que, lorsque la logique de la confrontation et de l’opposition violente prévaut, les lieux situés à la frontière entre les puissances en conflit finissent par être – malgré eux – fortement impliqués. Mais lorsque les esprits retrouvent enfin les voies de la sagesse, et que les oppositions laissent place à la coopération, ces mêmes lieux deviennent alors les plus aptes à indiquer, pas seulement symboliquement, les exigences d’une nouvelle ère de paix et les chemins à suivre.

Le Luxembourg n’échappe pas à cette règle. Membre fondateur de l’Union Européenne et des Communautés qui l’ont précédée, il abrite de nombreuses institutions européennes dont la Cour de Justice de l’Union, la Cour des Comptes et la Banque d’Investissement.

Signature du livre d'or © Vatican Media

Signature du livre d’or © Vatican Media

À son tour, la solide structure démocratique de votre pays, qui a à cœur la dignité de la personne humaine et la défense de ses libertés fondamentales, est la condition indispensable pour un rôle aussi significatif dans le contexte continental. En effet, ce ne sont pas la taille du territoire ni le nombre d’habitants à être la condition indispensable pour qu’un État joue un rôle important sur la scène internationale, ou pour qu’il devienne un centre économique et financier névralgique. C’est plutôt la construction patiente d’institutions et de lois sages qui, en réglementant la vie des citoyens selon des critères d’équité et de respect de l’état de droit, mettent la personne et le bien commun au centre, en prévenant et en contrant les dangers de la discrimination et de l’exclusion.

À cet égard, les paroles prononcées par saint Jean-Paul II lors de sa visite au Luxembourg en 1985 sont d’actualité : « Votre pays reste fidèle – disait-il – à sa vocation d’être, en ce carrefour important des civilisations, un lieu d’échanges et de coopération intenses entre un nombre croissant de pays. Je souhaite ardemment que cette volonté de solidarité unisse toujours plus largement les communautés nationales et s’étende à toutes les nations du monde, notamment les plus démunies » (Discours à la cérémonie de bienvenue, 15 mai 1985). En faisant miennes ces affirmations, je renouvelle tout particulièrement mon appel à l’établissement de relations de solidarité entre les peuples, afin que tous deviennent participants et protagonistes d’un projet ordonné de développement intégral.

La doctrine sociale de l’Église indique les caractéristiques de ce progrès et les voies pour y parvenir. Moi aussi je me suis inséré dans le sillage de ce magistère en approfondissant deux grands thèmes : la sauvegarde de la création et la fraternité. En effet, pour être authentique et intégral, le développement ne doit pas saccager ni dégrader notre maison commune, et il ne doit pas marginaliser des peuples ou des groupes sociaux. La richesse – ne l’oublions pas – est une responsabilité. Je demande donc que l’on soit toujours attentif à ne pas négliger les nations les plus défavorisées, et même qu’on les aide à se relever de leurs conditions d’appauvrissement. Il s’agit d’une voie maîtresse pour faire en sorte que diminue le nombre de ceux qui sont contraints à émigrer, souvent dans des conditions inhumaines et dangereuses. Que le Luxembourg, avec son histoire particulière, avec sa situation géographique tout aussi particulière, avec un peu moins de la moitié de ses habitants venant d’autres parties de l’Europe et du monde, soit une aide et un exemple pour montrer la voie à suivre dans l’accueil et l’intégration des migrants et des réfugiés.

Malheureusement, force est de constater la réapparition, même sur le continent européen, de fractures et d’inimitiés qui, au lieu d’être résolues sur la base de la bonne volonté mutuelle, de la négociation et du travail diplomatique, débouchent sur des hostilités ouvertes, avec leur cortège de destruction et de mort. Il semble que le cœur humain ne sache pas toujours garder la mémoire et qu’il s’égare périodiquement pour retourner sur les chemins tragiques de la guerre. Pour guérir cette dangereuse sclérose, qui rend les nations gravement malades et risque de les précipiter dans des aventures aux coûts humains immenses en renouvelant des massacres inutiles, il faut regarder vers le haut, il faut que la vie quotidienne des peuples et de leurs gouvernants soit animée par des valeurs spirituelles hautes et profondes, qui empêchent la folie de la raison et le retour irresponsable aux mêmes erreurs du passé, aggravées de surcroît par la plus grande puissance technique dont dispose aujourd’hui l’être humain.

En tant que Successeur de l’Apôtre Pierre, au nom de l’Église qui – comme l’a dit Paul VI – est experte en humanité, je suis également envoyé ici pour témoigner que cette sève vitale, cette force toujours nouvelle de renouveau personnel et social, c’est l’Évangile. L’Évangile de Jésus-Christ qui est seul en mesure de transformer profondément l’âme humaine en la rendant capable de faire le bien, même dans les situations les plus difficiles, d’éteindre les haines et de réconcilier les parties en conflit. Que tous, tout homme et toute femme, puissent connaître en pleine liberté l’Évangile de Jésus qui, en sa Personne, a réconcilié l’homme avec Dieu et qui, connaissant ce qu’il y a dans le cœur de l’homme, peut en guérir les blessures.

Le pape quitte le Cercle Cité après son discours aux autorités luxembourgeoises © Vatican Media

Le pape quitte le Cercle Cité après son discours aux autorités luxembourgeoises © Vatican Media

 

Altesses Royales, Mesdames et Messieurs,

Le Luxembourg peut montrer à tous les avantages de la paix sur les horreurs de la guerre, de l’intégration et de la promotion des migrants sur leur ségrégation, les avantages de la coopération entre les nations sur les conséquences néfastes du durcissement des positions et de la poursuite égoïste et à courte vue – voire violente – des intérêts personnels.

Il est en effet urgent que ceux qui sont investis de l’autorité s’engagent avec constance et patience dans des négociations honnêtes en vue de résoudre les désaccords, dans un esprit disposé à trouver des compromis honorables qui ne portent préjudice en rien et qui peuvent, au contraire, construire la sécurité et la paix pour tous.

“Pour servir” : c’est avec cette devise que je suis venu parmi vous. Elle se réfère directement et éminemment à la mission de l’Église que le Christ, le Seigneur qui s’est fait serviteur, a envoyée dans le monde comme le Père l’avait envoyé. Mais permettez-moi de vous rappeler que cela, servir, est aussi pour chacun de vous le titre de noblesse le plus élevé, la tâche principale, le style à assumer chaque jour. Que Dieu vous donne de servir toujours avec un esprit joyeux et généreux.

Que Marie Mutter Jesu, Consolatrix Afflictorum, Patrona Civitatis et Patriae Luxemburgensis veille sur le Luxembourg et sur le monde et qu’elle obtienne de Jésus, son Fils, la paix et tout bien.

Que Dieu bénisse le Luxembourg !

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Pape François

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