Vietnam : « Eglises d’Asie » raconte le procès du P. Ly et de ses co-accusés (1)

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« Le tribunal communiste vietnamien, une farce ignoble »

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ROME, Jeudi 5 avril 2007 (ZENIT.org) – « Le tribunal communiste vietnamien, une farce ignoble », a dénoncé le P. Nguyên Van Ly, lors de son procès et de celui de ses quatre co-accusés, qui s’est déroulé le 30 mars au Vietnam, à Huê. Il est publié aujourd’hui par « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (eglasie.mepasie.org, N° 461 – 5 avril 2007).

Voici la première partie de ce récit du procès. Il s’agit de la traduction faite par EDA d’un texte vietnamien diffusé par Free News Agency (FNA), organe d’information du « groupe 8406 » et de l’Alliance pour la démocratie et les droits de l’homme. Le texte a été écrit au lendemain du procès de Huê.

Le P. Nguyên Van Ly a été conduit dans le camp d’internement bien connu de Ba Sao, province de Nam Ha, dans la partie nord du Vietnam tandis que MM. Nguyên Phong et Nguyên Binh Thanh, respectivement condamnés à six et cinq ans de prison, sont internés à la prison Binh Dien, district de Huong Trà, province de Thua Thiên.

Récit du procès

Dans l’après-midi du 29 mars, de nombreux agents de la Sûreté ont pénétré dans la petite paroisse de Bên Cui. Un certain nombre d’entre eux se sont postés devant les maisons du village, ne laissant personne entrer ou sortir. D’autres sont allés à l’église pour y chercher le P. Nguyên Van Ly. Il était environ 14 h 30. Lorsqu’il a été amené, le prêtre portait une soutane noire et était escorté par deux agents de la Sûreté, qui le soutenaient à sa droite et de gauche. A un moment donné, le prêtre a crié pour donner l’alerte. On lui a alors fermé la bouche et entouré le corps d’une pièce d’étoffe. Il a été ensuite poussé dans une voiture à sept places, qui attendait sur le parvis de l’église et a aussitôt démarré en trombe.

Plus tard dans l’après-midi, à 18 heures, le deuxième coaccusé, M. Nguyên Phong, a également été amené par la Sûreté, les menottes aux mains. Quelques jours auparavant, un certain nombre d’agents de la Sûreté étaient venus le voir pour lui annoncer que, dans la matinée du 30 mars, ils reviendraient chez lui et l’emmèneraient prendre son petit déjeuner avant de se rendre au tribunal. Les trois autres coaccusés, M. Nguyên Binh Thanh, Melle Hoang Thi Anh Dao, Melle Lê Thi Lê Hang, ont été conduits de chez eux au tribunal, chacun escorté par quatre policiers, mais sans menottes, le 30 mars au matin à 5 h 40. Une voiture les a conduits directement au tribunal provincial, 15 A, rue Tôn Duc Thang, à Huê, où ils sont arrivés vers six heures. Là, ils ont tous attendus dans la voiture jusqu’à sept heures, heure à laquelle ils ont été directement conduits au tribunal. Auparavant, ils avaient été avertis oralement de ne pas s’habiller en blanc…

Sur le coup de six heures du matin, quelques paroissiens d’An Truyên, ancienne paroisse du P. Ly, qui étaient venus de bonne heure et se tenaient dans le jardin public faisant face au tribunal, aperçurent soudain une voiture qui s’était arrêtée devant la porte du tribunal. Lorsque la porte s’ouvrit, ils virent le P. Ly en train de résister à deux agents de la Sûreté qui le poussaient de toutes leurs forces vers le tribunal. De nombreux fidèles venant de diverses paroisses situées autour de Huê, comme Phu Cam, Me Hang Cuu Giup, Nguyêt Biêu et d’autres plus lointaines, se sont peu à peu rassemblés devant le tribunal et ont demandé à entrer. La police, après leur avoir demandé leur carte d’invitation qu’ils ne purent fournir, les refoula. Ils se replièrent alors dans le jardin public. Ils en furent chassés peu à peu par la police, qui, auparavant, avait pris soin de les photographier et de les enregistrer. D’autres fidèles avaient été bloqués dans les rues adjacentes. Selon des estimations approximatives, le nombre d’agents de la Sûreté mobilisés à l’intérieur et à l’extérieur de la salle d’audience devait approcher les 500, sans compter ceux qui se trouvaient dans le jardin devant le tribunal, dans des postes de garde à 150 m de là, dans les cafés du quartier et aux carrefours des rues. De plus, des forces de police avaient été placées dans les paroisses classées « brûlantes ».

Le procès a débuté à 7 h 30 et s’est achevée à 11 h 30. En dehors des cinq accusés, étaient présents le président du tribunal, Bui Quôc Hiêp, les assesseurs populaires et le représentant du parquet ; il y avait également quelques personnes placées là en guise de témoins, des représentants du corps diplomatique, un petit nombre de journalistes de la presse internationale et des employés des services d’information. Les plus nombreux étaient incontestablement les agents de la Sûreté. Les avocats de la défense étaient totalement absents, ainsi que les membres de la famille des accusés. Il n’y avait pas non plus de représentant de l’archevêché de Huê.

Alors que le président du tribunal se préparait à annoncer l’ouverture du procès, deux agents de la Sûreté en uniforme ont traîné le P. Nguyên Van Ly, qui refusait d’avancer jusqu’à la salle d’audience et l’ont placé sur une chaise de la première rangée. Le prêtre était vêtu d’une chemise violette, d’un pantalon et de sandales. Ces mains étaient menottées. Son visage paraissait résolu et ses yeux brillaient d’un éclat difficile à soutenir. Alors que le président du tribunal prononçait l’ouverture du procès, le prêtre, en guise de protestation, se mit à réciter à haute voix un poème intitulé : « Le tribunal communiste vietnamien » (poème qu’il avait préparé et diffusé dans les jours précédents) :

« Le tribunal communiste vietnamien,
une farce ignoble
dont on n’aura jamais fini de rire.
Les magistrats, cette bande de primates,
ces valets à la solde, qui veulent-ils juger ? »

Au quatrième vers du poème, un policier lui appliqua la main sur la bouche. Il fut entraîné hors de la salle d’audience et amené dans une salle d’isolement toute proche d’où il pouvait suivre le déroulement du procès par des haut-parleurs. Cette première apparition du P. Ly dans la salle d’audience avait duré cinq minutes.

Il revint une deuxième fois lorsque le président de séance appela les accusés à la barre pour y confirmer leur état civil. Deux policiers traînèrent le prêtre, en le soulevant, depuis la salle d’isolement jusqu’à la barre. Le prêtre se débattit alors de toutes ses forces, frappa même la barre de son pied, tout en criant : « C’est ce tribunal, ce parquet, ce service de la Sûreté, ce régime communiste qui devra répondre de ses fautes devant l’histoire et la nation vietnamienne. Il n’y aura pas d’échappatoire. Au lieu de former un peuple fier et héroïque, le communisme, en l’opprimant de mille manières, en a fait un peuple lâche et peureux. Il a considéré cela comme une victoire, une réussite. » Comme à ce moment-là, la voix du prêtre était enrouée et la salle d’audience très bruyante, seules quelques personnes l’ont entendu clairement. Il allait continuer à parler lorsqu’un agent de la Sûreté se précipita pour lui appliquer la main sur la bouche. Deux agents le soulevèrent à nouveau et le traînèrent hors de la salle d’audience. Ce second épisode avait duré à peu près 10 minutes.

(à suivre)

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ZENIT Staff

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