Université pontificale grégorienne @ Wkimedia commons / Gobbler

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Veritatis gaudium : pour le renouveau des études ecclésiastiques

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Les critères pour affronter le monde actuel

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En vue du renouveau des études ecclésiastiques, le pape François promulgue « Veritatis gaudium », « la joie de la vérité », une nouvelle Constitution apostolique pour les Universités et les Facultés ecclésiastiques, publiée ce 29 janvier 2018. Le document encourage entre autres à étudier avec « un esprit ouvert et à genoux », à améliorer la recherche scientifique, à promouvoir la rencontre et le dialogue, sans oublier de poser une « option pour les plus pauvres ».
Veritatis gaudium donne de nouvelles normes pour ces Instituts qui étaient jusqu’à présent régulés par la Constitution apostolique « Sapientia christiana » promulguée par saint Jean-Paul II, le 15 avril 1979. « A presque quarante ans de distance, explique en effet le pape argentin, … une mise à jour de cette Constitution Apostolique est aujourd’hui nécessaire et urgente. En effet, tout en restant pleinement valide dans sa vision prophétique et dans son contenu lucide, elle demande à être intégrée aux dispositions normatives qui sont sorties entretemps, en tenant compte du développement des études universitaires qui a eu lieu ces dernières décennies, comme du changement de contexte socio-culturel au niveau planétaire ».
Le pape précise dans son préambule : « L’exigence prioritaire aujourd’hui à l’ordre du jour est, en effet, que tout le Peuple de Dieu se prépare à entreprendre ‘avec esprit’ une nouvelle étape de l’évangélisation. »
En ce sens, la nouvelle Constitution « s’appliquera le premier jour de l’année académique 2018/2019 ou de l’année académique 2019, selon le calendrier scolaire des différentes régions ». Chaque Université ou Faculté doit présenter ses statuts et son programme d’études, révisés selon cette Constitution, à la Congrégation pour l’Éducation Catholique, avant le 8 décembre 2019.
« La joie de la vérité (Veritatis gaudium), explique encore le pape, exprime le désir poignant qui rend le cœur de tout homme inquiet tant qu’il ne trouve, n’habite et ne partage avec tous la Lumière de Dieu… La vérité, en effet, n’est pas une idée abstraite, mais c’est Jésus. »
Quatre critères de fond
« La philosophie et la théologie permettent d’acquérir les convictions qui structurent et fortifient l’intelligence et éclairent la volonté, peut-on lire dans le texte… mais tout ceci n’est fécond que si on le fait dans un esprit ouvert et à genoux ». Le pape François donne « quatre critères de fond pour un renouvellement et une relance de la contribution des études ecclésiastiques à une Église en sortie missionnaire ».
Le critère « prioritaire et permanent » est « la contemplation et l’introduction spirituelle, intellectuelle et existentielle au cœur du kérygme, c’est-à-dire de la nouvelle et fascinante joyeuse annonce de l’Évangile de Jésus ». Cette annonce se manifeste notamment par « l’option pour les derniers, pour ceux que la société rejette et met de côté » qui doit « imprégner la présentation et l’approfondissement de la vérité chrétienne ».
Le deuxième critère « est celui du dialogue dans tous les domaines : non pas comme une simple attitude tactique, mais comme une exigence intrinsèque », pour une « culture de la rencontre entre toutes les cultures authentiques et vivantes, grâce à l’échange réciproque des dons respectifs de chacun dans l’espace de lumière entrouvert par l’amour de Dieu pour toutes ses créatures ».
Le troisième critère, poursuit la constitution, est « l’inter- et la transdisciplinarité exercée avec sagesse et créativité à la lumière de la Révélation » : « Il s’agit d’offrir, à travers les divers parcours proposés par les études ecclésiastiques, une pluralité de savoirs correspondant à la richesse multiforme du réel à la lumière entrouverte par l’événement de la Révélation, qui soit en même temps harmoniquement et dynamiquement recueillie dans l’unité de sa source transcendante. »
Enfin, le quatrième critère concerne « la nécessité urgente de ‘faire réseau’ entre les diverses institutions qui, partout dans le monde, cultivent et promeuvent les études ecclésiastiques ». Il s’agit notamment « d’imprimer une nouvelle impulsion à la recherche scientifique », de « se doter de centres spécialisés qui approfondissent le dialogue avec les différents milieux scientifiques ».
Structure de Veritatis gaudium
Dans la première partie qui concerne les « normes communes », le pape donne la nature et les finalités des Universités et Facultés ecclésiastiques : « on entend sous le nom d’Universités et de Facultés ecclésiastiques les Institutions d’enseignement supérieur qui, canoniquement érigées ou approuvées par le Siège Apostolique, étudient et enseignent la doctrine sacrée et les sciences qui ont un lien avec elle, et qui ont le droit de conférer les grades académiques par l’autorité du Saint-Siège… Elles peuvent être soit une Université ou une Faculté ecclésiastique sui iuris, soit une Faculté ecclésiastique au sein d’une Université catholique, soit une Faculté ecclésiastique au sein d’une autre. »
Le document régule aussi la communauté académique et son gouvernement, ainsi que le choix des enseignants qui « doivent toujours se distinguer par leur honnêteté de vie, par leur intégrité doctrinale, par leur attachement au devoir ». Il donne les normes d’accès pour les étudiants, précise le rôle des officiers, du personnel administratif et de service.
Le programme d’études, souligne Veritatis gaudium, doit tenir compte « des acquis éprouvés qui résultent du progrès scientifique et qui contribuent notamment à résoudre les questions aujourd’hui en discussion ». La constitution plaide pour « une juste liberté de recherche et d’enseignement » mais rappelle aussi que la vraie liberté d’enseignement et la vraie liberté de recherche « est nécessairement contenue dans les limites de la Parole de Dieu, telle qu’elle est constamment enseignée par le Magistère vivant de l’Église ».
Les Instituts ecclésiastiques sont aussi appelés, ajoute le pape, à « concilier soigneusement les exigences scientifiques avec les nécessités pastorales du peuple de Dieu ». Le texte traite également des grades académiques – le baccalauréat, la licence, le doctorat – des instruments didactiques – la bibliothèque, l’équipement informatique, technique, audio-visuel, etc – de l’administration économique, de la planification des Facultés et leur collaboration.
Dans la deuxième partie sur les « normes spéciales », Veritatis gaudium traite des spécificités de la Faculté de Théologie, de la Faculté de Droit canonique et de la Faculté de Philosophie.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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