Sainte-Marthe: « Notre Dieu est proche, il nous demande d’être proches les uns des autres » (traduction complète)

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« Eveiller en nous une attitude de proximité »

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« Dieu est proche et nous demande d’être proches les uns des autres. En ce moment, nous ne pouvons être proches physiquement par peur de la contagion, mais nous pouvons éveiller en nous une attitude de proximité: avec la prière et l’aide réciproque »: ce tweet du pape François, ce mercredi 18 mars 2020 résume son homélie lors de la messe matinale, à 7h, en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe au Vatican.

Participent à la messe du pape trois prêtres, qui concélèbrent à distance, dont son secrétaire uruguayen, le p. Gonzalo Aemilius, et son secrétaire égyptien, Mgr Ioannis Lahzi Gaïd, et un prêtre italien qui lit l’Evangile.

Participent aussi à la messe les religieuses Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul chargées de la chapelle du Saint-Esprit, – une religieuse fait la première lecture – et les deux majordomes du pape François, qui servent la messe, et l’organiste.

Après la communion, le Saint-Sacrement est exposé pour quelques minutes d’adoration et le pape conclut la messe par la bénédiction du Saint-Sacrement, avant le chant de l’antienne mariale : « Ave Regina Coelorum, Ave Regina Angelorum ».

Voici notre traduction, rapide, de travail, de l’homélie transcrite par Vatican News en italien.
AB

Homélie du pape François

Le thème des deux lectures aujourd’hui est la Loi (cf. Dt 4,1.5-9; Mt 5,17-19). La Loi que Dieu donne à son peuple. La Loi que le Seigneur a voulu nous donner et que Jésus a voulu porter à la perfection maximale. Mais il y a une chose qui attire l’attention: la façon dont Dieu donne la Loi. Moïse dit: « Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? » (Dt 4,7). Le Seigneur donne la Loi à son peuple avec une attitude de proximité. Ce ne sont pas des prescriptions d’un souverain, qui peut être loin, ou d’un dictateur … Non. C’est la proximité. Et nous savons par la Révélation que c’est une proximité paternelle, de père, qui accompagne son peuple en lui donnant le don de la Loi. Le Dieu proche. « Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? »

Notre Dieu est le Dieu de la proximité, c’est un Dieu proche qui marche avec son peuple. Cette image dans le désert, dans l’Exode, la nuée et la colonne de feu pour protéger le peuple: il marche avec son peuple. Ce n’est pas un Dieu qui laisse des prescriptions écrites et qui dit: « Avance! » Il fait les prescriptions, il les écrit de ses propres mains sur la pierre, il les donne à Moïse, il les remet à Moïse, mais il ne laisse pas les prescriptions et s’en va: il marche, il est proche. « Quelle nation a un Dieu si proche? » C’est la proximité. Notre Dieu est un Dieu de proximité.

Et la première réponse de l’homme, dans les premières pages de la Bible, sont deux attitudes de non-proximité. Notre réponse est toujours de nous éloigner, nous nous éloignons de Dieu, il se fait proche et nous, nous nous éloignons. Ces deux premières pages. La première attitude d’Adam avec sa femme est de se cacher: ils se cachent de la proximité de Dieu, ils ont honte, parce qu’ils ont péché, et le péché nous conduit à nous cacher, à ne pas vouloir la proximité (cf.Gn 3: 3-10). Et si souvent, cela [conduit] à faire une théologie pensée seulement à partir d’un Dieu juge; et c’est pour cela que je me cache, j’ai peur. La seconde attitude humaine devant la proposition de cette proximité de Dieu est de tuer. Tuez le frère. « Je ne suis pas le gardien de mon frère » (cf. Gn 4, 9).

Deux attitudes qui annulent toute proximité. L’homme rejette la proximité de Dieu, il veut être maître des relations et la proximité porte toujours en elle une certaine faiblesse. Le «Dieu proche» se rend faible et plus il est proche, plus il semble faible. Quand il vient habiter parmi nous, il se fait homme, l’un des nôtres: il se rend faible et porte sa faiblesse jusqu’à la mort et à la mort la plus cruelle, la mort des assassins, la mort des plus grands pécheurs. La proximité humilie Dieu. Lui, il s’humilie pour être avec nous, pour marcher avec nous, pour nous aider.

Le « Dieu proche » nous parle d’humilité. Ce n’est pas un « Dieu grand », non. Il est proche. Il est de la maison. Et nous voyons cela en Jésus, Dieu fait homme, proche jusqu’à la mort. Avec ses disciples: il les accompagne, les enseigne, les corrige avec amour … Pensons, par exemple, à la proximité de Jésus avec les disciples d’Emmaüs angoissés: ils étaient angoissés, ils étaient défaits et il s’approche lentement, pour leur faire comprendre le message de la vie, de la résurrection (cf. Lc 24, 13-32).

Notre Dieu est proche et nous demande d’être proches les uns des autres, de ne pas nous éloigner les uns des autres. Et en ce moment de crise du fait de la pandémie que nous sommes en train de vivre, cette proximité, il nous demande de la manifester davantage, de la faire voir davantage. Nous ne pouvons peut-être pas nous rapprocher physiquement de peur de la contagion, mais nous pouvons éveiller en nous une attitude de proximité entre nous: par la prière, par l’entr’aide, de nombreuses façons d’être proches. Et pourquoi devons-nous être proches les uns des autres? Parce que notre Dieu est proche, il a voulu nous accompagner dans la vie. Il est le Dieu de la proximité. Pour cette raison, nous ne sommes pas des personnes isolées: nous sommes proches, parce que l’héritage que nous avons reçu du Seigneur c’est la proximité, c’est-à-dire le geste de proximité.

Nous demandons au Seigneur la grâce d’être proches les uns des autres; de ne pas nous cacher les uns des autres; de ne pas se laver les mains, comme l’a fait Caïn, du problème des autres, non. Proches. Proximité. Proximité. « Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? »

Copyright – Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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