Jorge Mario Bergoglio jeune jésuite, photo: Compañía de Jesús

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La vocation du pape François, à 16 ans

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«Je ne sais pas ce qui s’est passé»

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« Je ne sais pas ce qui s’est passé »: le jeune Mario Bergoglio avait 16 ans à la Saint-Matthieu, en 1953, lorsqu’il fit une expérience si décisive que le cours de sa vie en a été changé. Aujourd’hui le pape François transmet aux jeunes l’expérience de sa jeunesse avec discrétion et pudeur.
En cette veille de la fête de l’apôtre et évangéliste, saint Matthieu, le pape a salué les jeunes comme à l’accoutumée au terme de l’audience générale du 20 septembre 2017.
« Que sa conversion vous soit un exemple, chers jeunes, pour vivre votre vie avec les critères de la foi », a-t-il exhorté.
Le pape n’a jamais oublié cette confession qui a changé sa vie, le jour de la Saint-Matthieu, en 1953, à Buenos Aires : né en 1936, il allait avoir 17 ans le 17 décembre suivant. Le p. Carlos B. Duarte Ibarra était là, à Flores: « Je n’ai pas eu de doutes que je devais être prêtre », a-t-il raconté lui-même.
Austen Ivereigh le raconte dans sa biographie du Pape François (« François, le réformateur, de Buenos Aires à Rome », éd. Emmanuel, 2017) : « Dieu lui « passe devant » le 21 septembre 1953 (…). Descendant à pied l’Avenida Rivadavia, il passe devant la basilique Saint-Joseph qu’il connaît si bien. Il sent alors un étrange besoin d’y entrer. « Je suis entré, je sentais qu’il fallait que j’entre – ces choses que tu sens en toi sans savoir ce que ‘est », expliquera-t-il au père Isasmendi. »
Et l’auteur cite tout ce passage (p.54) : « J’ai regardé, il faisait noir, c’était un matin de septembre, peut-être 9 heures, et j’ai vu un prêtre qui marchait, je ne le connaissais pas, il ne faisait pas partie des prêtres de la paroisse. Et il s’assoit dans l’un des confessionnaux, le dernier sur la gauche quand on regarde l’autel. Je ne sais même pas ce qui s’est passé ensuite. J’avais l’impression que quelqu’un m’avait poussé à entrer dans le confessionnal. Evidemment, je lui ai raconté des choses, je me suis confessé… mais je ne sais pas ce qui s’est passé.
Quand j’ai eu fini de me confesser, j’ai demandé au prêtre d’où il venait, parce que je ne le connaissais pas, et il m’a dit : « Je viens de Corrientes et je vis ici tout près, au foyer. Je viens célébrer la messe ici de temps en temps ». Il avait un cancer – la leucémie – et il est mort l’année suivante.
Là, j’ai su que je devenais prêtre. J’en étais sûr et certain. Au lei de sortir avec les autres, je suis revenu à la maison parce que j’étais submergé. Après, j’ai poursuivi mes études et tout le reste, mais je savais maintenant où j’allais. »
« Dans une lettre de 1990, pour décrire cette expérience, il explique que c’est comme s’il avait été désarçonné de son cheval », continue Ivereigh (p. 55).
Mais chez lui, Jorge Mario n’en dit mot à personne pendant plus d’un an. Il a les idées claires. Il confiera à Oscar Crespo, du laboratoire de chimie où il travaille : « Je vais finir le lycée professionnel avec vous, les gars. Mais je ne serai pas chimiste. Je serai prêtre. Mais pas prêtre dans une basilique. Je serai Jésuite parce que je veux sortir dans les quartiers, dans les villas, pour être avec les gens. »
Les mots fondamentaux de la mission de Bergoglio y sont déjà: « sortir », « avec les gens ».
Il a raconté avoir fait « l’expérience de la miséricorde divine », et s’être senti « appelé », à l’instar de saint Matthieu et de saint Ignace de Loyola.
L’Evangile de la fête de saint Matthieu évoque l’appel de Jésus et son regard: « Jésus sortit de Capharnaüm et vit, en passant, un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de collecteur d’impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit. » Le pape est fasciné par le regard du Christ qui se pose sur Lévi, sur lui-même, sur chacun. Il invite souvent à se laisser regarder par le Christ, à agir sous le regard du Christ.
Sa devise épiscopale et papale s’explique ainsi: « Eligendo atque miserando », l’élection, l’appel du Christ qui fait miséricorde, pour que son disciple fasse de même.
Et lorsqu’il venait à Rome et logeait dans la Maison du clergé de la Via della Scrofa, près de Saint-Louis-des-Français, il aimait à venir contempler la toile du Caravage (1571-1610), « La Vocation de saint Matthieu », réalisée entre 1599 et 1600 pour la chapelle Contarelli de l’église Saint-Louis-des-Français où elle est conservée jusqu’à aujourd’hui.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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