Maman enceinte, Specola vaticana, 11 juin 2016 L'Osservatore Romano

Maman enceinte, Specola vaticana, 11 juin 2016 L'Osservatore Romano

Quand les femmes renoncent à leur différence, par Lucetta Scaraffia

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Le prix à payer, renoncer à changer le monde, dans L’Osservatore Romano

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Dans L’Osservatore Romano, Lucetta Scaraffia souligne que « le rêve des premières féministes, celles qui voulaient que les femmes entrent dans le monde masculin en gardant leur différence, fondée sur la maternité, ne s’est pas réalisé ». Or, renoncer à la maternité, c’est renoncer « au projet de changer le monde », estime la chroniqueuse qui signe un article intitulé « Surtout femme », dans l’édition italienne du 5 janvier 2018.
Evoquant la révolution du 20e siècle, l’historienne italienne constate qu’aujourd’hui « une jeune femme ne rêve plus d’apprendre à faire des travaux domestiques, ni ne pense qu’elle doit obéir à son père ou à son mari, mais se sent totalement libre de se réaliser elle-même dans n’importe quel domaine ». Outre les récentes dénonciations des violences faites aux femmes, elle note des « changements tangibles et mesurables » : « aujourd’hui les jeunes filles qui étudient et les jeunes diplômées… sont plus nombreuses que les jeunes garçons, le taux d’emploi des femmes est en augmentation, surtout dans les catégories professionnelles les plus hautes, où les femmes combattent pour ne pas être confinées dans des positions subalternes ».
Mais pour Lucetta Scaraffia, le changement « déterminant » est celui « du comportement sexuel féminin » et donc du rapport à la maternité : « A partir de 1963, note-t-elle, dans les pays industrialisés s’est répandue la pilule contraceptive, une nouveauté bouleversante : pour la première fois dans l’histoire, le contrôle de la fertilité était entre les mains des femmes, qui pouvaient ainsi être sûres d’éviter la grossesse, même en ayant des relations sexuelles. Cela voulait dire que les femmes aussi pouvaient, du point de vue du comportement sexuel, se comporter comme les hommes, et sur cette possibilité se fondait l’utopie de la révolution sexuelle, qui promettait le bonheur pour tous grâce à la chute des normes contraignantes en matière de sexualité. A cela s’ajoutait la libéralisation de l’avortement, qui pouvait être décidé seulement par la femme. »
« La libération sexuelle se fondait donc – et se fonde encore – sur l’acceptation des femmes à se soumettre à des bombardements hormonaux pour garantir l’absence de conséquences procréatives, avec de nombreux dégâts pour leur santé. Et par une difficulté croissante à réaliser leur désir de maternité », ajoute la chroniqueuse : « La contraception sert en effet à bloquer la fertilité dans les jeunes années — les plus adaptées à la procréation — pour permettre aux femmes de faire carrière et de bien s’insérer dans le monde du travail, où la maternité tend à être pénalisée. »
Elle conclut ainsi : « Donc, tout bien considéré, tout ce que les femmes ont obtenu sur le plan de la liberté et de l’insertion sociale a été payé en renonçant ou en retardant la maternité à un âge où concevoir un enfant est toujours plus difficile. Le rêve des premières féministes, celles qui voulaient que les femmes entrent dans le monde masculin en gardant leur différence, fondée sur la maternité, ne s’est pas réalisé. Renonçant à leur différence, les femmes se sont adaptées, en renonçant au projet de changer le monde. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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