Mgr Auza, UN-TV capture

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ONU : l’espace extra-atmosphérique est un bien commun, par Mgr Auza

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Pour un système normatif de protection international (Traduction intégrale)

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Dénonçant « la pollution de l’espace extra-atmosphérique » qui « s’est accrue à un rythme alarmant », Mgr Auza exhorte à « une coopération entre les États pour protéger l’espace contre la contamination ». « L’espace extra-atmosphérique en tant que patrimoine commun de l’humanité est un bien commun que nous transmettons aux générations futures », a-t-il souligné.
Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies, est intervenu à la quatrième commission de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, sur le point 52 de l’ordre du jour : Coopération internationale dans le domaine des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, à New York, le 17 octobre 2017.
« De meilleures normes pour la protection de l’espace sont un impératif », a recommandé le représentant du Saint-Siège. Il a espéré que « le développement d’un système normatif international adéquat pour protéger l’espace extra-atmosphérique et notre Terre d’une dégradation ultérieure ne tardera pas à venir, pour la santé de notre planète et pour le bien de toute l’humanité ».
Voici notre traduction de la déclaration en italien de Mgr Auza.
 
Monsieur le Président,
Ce matin, ma délégation a fait une déclaration à la Première Commission sur la nécessité de prévenir une course aux armements dans l’espace. Cet après-midi, ma délégation voudrait se concentrer sur la nécessité de prendre soin de notre espace extra-atmosphérique, universellement reconnu comme patrimoine commun de l’humanité et, à ce titre, destiné au bien commun universel.
Au fur et à mesure que les activités spatiales augmentent, la pollution de l’espace extra-atmosphérique s’est accrue à un rythme alarmant, souillant l’espace extra-atmosphérique de débris, d’effluents chimiques, de contamination biologique et de contamination radioactive. Dès 1959, le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) prévoyait déjà que les activités spatiales pollueraient la Terre, soulignant ainsi la nécessité d’une coopération entre les États pour protéger l’espace contre la contamination.
En effet, l’espace extra-atmosphérique fait pleinement partie de notre environnement global et mérite donc autant de soins que notre environnement ici-bas. Le pape François a souligné à maintes reprises l’importance de la protection de notre environnement, « que, trop souvent, au lieu d’utiliser pour le bien, nous exploitons avidement, au détriment les uns des autres ». [1] Avec leur Message pour marquer la Journée mondiale de prière pour le soin de la création, le 1er septembre, le pape François et le patriarche œcuménique Bartholomée nous ont rappelé que « la terre nous a été confiée comme un don et un héritage sublimes dont nous partageons tous la responsabilité… Notre dignité humaine et notre bien-être sont profondément liés à notre souci pour toute la création ». [2] Le pape François a énoncé des principes et des actions qui devraient guider notre action pour protéger et prendre soin de l’environnement. Prendre soin de notre environnement est avant tout un impératif moral. L’environnement est un cadeau confié à notre intendance responsable. Parmi les nombreuses considérations qui découlent de ce principe fondamental, on peut citer la solidarité intergénérationnelle et l’accent non seulement sur les droits mais aussi sur les responsabilités. Le pape François a souvent affirmé que la solidarité intergénérationnelle n’est pas optionnelle, mais une question fondamentale de justice puisque le monde que nous avons reçu appartient aussi à ceux qui nous suivent. Ainsi, bien que notre environnement nous soit immédiatement bénéfique, c’est aussi un cadeau pour les générations futures. En effet, le concept du bien commun s’étend aux générations futures et l’espace extra-atmosphérique en tant que patrimoine commun de l’humanité est un bien commun que nous transmettons aux générations futures.
Dans cette vision plus large, l’environnement n’est pas considéré comme quelque chose de séparé de nous ou comme un simple cadre dans lequel nous vivons. Nous sommes en relation avec lui, inclus dans celui-ci et donc en interaction symbiotique constante avec lui. Une crise de l’environnement signifie nécessairement une crise pour l’humanité. L’environnement naturel est un bien collectif, le patrimoine de toute l’humanité et la responsabilité de chacun [3].
Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États du Saint-Siège, a souligné dans son intervention à l’Assemblée générale des Nations Unies, le 25 septembre dernier, que « cet appel à une intendance responsable revêt une urgence particulière devant la détérioration de notre foyer commun et une vision du monde souvent purement utilitariste concernant les choses qui nous environnent ». « Cette réalité dramatique », a souligné Mgr Gallagher, « doit nous amener tous à faire le point sur nos responsabilités partagées et individuelles. L’appel pressant et le défi de prendre soin de la création invitent l’ensemble de l’humanité à travailler sans hésitation vers un développement durable et intégral [4] et vers des utilisations durables et pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.
Monsieur le Président,
De meilleures normes pour la protection de l’espace sont un impératif. Comme les États exploitent de plus en plus l’espace extra-atmosphérique, il est urgent d’entreprendre un effort international pour lutter contre le problème croissant de la pollution de l’espace. Le système juridique international actuel n’a pas encore répondu de manière adéquate à ce défi. Diverses propositions sont sur la table pour remédier à cette situation, notamment la rédaction de nouveaux traités et lignes directrices et la création d’une agence appropriée. Le Saint-Siège espère que le développement d’un système normatif international adéquat pour protéger l’espace extra-atmosphérique et notre Terre d’une dégradation ultérieure ne tardera pas à venir, pour la santé de notre planète et pour le bien de toute l’humanité.
Ma délégation se félicite donc de la poursuite du travail du COPUOS et des efforts de tous ceux qui s’emploient à mettre en place un système juridique international capable de réglementer les utilisations pacifiques de l’espace et de sauvegarder pour les générations futures ce patrimoine commun de l’humanité.
Merci, Monsieur le Président.
 

  1. Pape François. Discours aux membres du corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, le 22 mars 2013.
  2. Pape François et patriarche œcuménique Bartholomée. Message commun à l’occasion de la Journée Mondiale de Prière pour la Création, Vatican et Fanar, le 1er septembre 2017. Cfr. aussi Pape François, Lettre Encyclique Laudato Si ‘n. 261; Pape François, Lettre pour l’établissement de la Journée Mondiale de Prière pour la Création, 6 août 2015.

Cfr. Pape François, Lettre encyclique Laudato Si ‘n. 159.

  1. Ibid. n. 95.
  2. Mgr Paul Richard Gallagher, Intervention lors du débat général de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, Salle de l’Assemblée générale des Nations Unies, 25 septembre 2017.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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